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Burkina/Pratique du sport : « Si nous restons scotchés aux jeux modernes nous allons disparaître sur le plan culturel », prévient Bakary Sidibé

Publié le mercredi 11 octobre 2023 à 22h15min

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Burkina/Pratique du sport : « Si nous restons scotchés aux jeux modernes nous allons disparaître sur le plan culturel », prévient Bakary Sidibé

Bakary Sidibé est un professeur certifié d’EPS, consultant spécialiste et expert en ingénierie sports et loisirs. Il est aussi écrivain. Il a mis sur le marché un livre avec un titre atypique : « Et si on abandonnait le sport, pour pratiquer le sport ». Le livre n’a pas encore été dédicacé. Mais sur 300 exemplaires tirés, plus de 250 sont déjà vendus. Cette œuvre met à nu les tares du sport burkinabè et africain. Dans cette interview que l’actuel directeur technique en charge de la promotion des activités de loisirs au Fonds national pour la promotion des sports et des loisirs (FNPSL) a bien voulu nous accorder, il revient sur les motivations qui l’ont conduit à sortir cette œuvre. Il y propose également des solutions concrètes pour que la pratique du sport puisse participer au développement socio-économique de nos nations. Lisez plutôt !

Lefaso.net : Présentez-vous s’il vous plait

Bakary Sidibé : Je suis Bakary Sidibé, professeur certifié d’Education physique et sportive (EPS), écrivain, je suis enseignant, consultant spécialiste et expert en ingénierie sports et loisirs sous l’agrément numéro 00159C2022/CAEN, président de la commission technique des normes au Burkina Faso, ABNORM. Actuellement, je suis le directeur technique chargé d’appuyer la promotion des activités de loisirs au Fonds national pour la promotion des sports et des loisirs (FNPSL).

« Et si on abandonnait le sport, pour pratiquer le sport ! ». Pourquoi cette antithèse comme titre de votre œuvre ?

Il faut dire que nos actions orientées dans la gestion et le développement des pratiques sportives modernes et révélées à nous autres Africains, contrastent dans la majeure partie des cas avec les exigences des disciplines concernées et de l’administration sportive.

Ce titre qui tend à opposer le sport au sport est en réalité le constat et le comportement réel des interventions des acteurs de l’administration sportive et fédérale à l’intérieur des structures sportives. Il convient de noter avec moi que dans le développement du sport et des loisirs le constat en général dans nos chères nations est que nous sommes en même temps dans notre système actuel : acteurs et décideurs ; vendeurs et acheteurs ; médecins et patients ; entraîneurs et joueurs.

Ces comportements ne peuvent pas faire prospérer le jeu, il faut tout simplement avoir le courage de faire un choix et d’en assumer la gestion. L’autre volet qui est celui de la compréhension des jeux et du financement des jeux authentiques pose énormément un problème à nous autres Africains. Je veux dire qu’il n’est pas normal que des gens développent leurs jeux (cultures) traditionnels et vouloir les imposer aux autres nations à travers des organisations internationales dont eux seuls ont le contrôle. L’Afrique n’existe pas dans le jeu et n’est pas présent dans le jeu, nous faisons que financer à coût de milliards et accompagner les cultures traditionnelles (jeux modernes) des nations dites développées chez nous.

Nous ne devons pas mobiliser des milliards de francs CFA pour développer et enrichir arbitrairement ses nations sans songer à nous imposer à travers la codification de nos propres jeux traditionnels au sein de ces organisations internationales. Il faut un partenariat gagnant à ce niveau. S’ils veulent que nous contribuons à développer leur jeu traditionnel qu’ils appellent modernes ou encore olympiques, qu’ils puissent accepter que nous déposions sur la table une autre façon d’intervenir à ce niveau. C’est un impératif et ceci n’est pas négociable. Ces comportements connus de tous plombent l’avenir de l’administration et du développement des sports et des loisirs endogènes dans nos nations. Voici la substance des actions qu’il faudra revoir ou réadapter à nos besoins.

Qu’est-ce qui vous a inspiré à sortir cette œuvre ?

Vous savez, nous n’avons pas encore fait la dédicace du livre mais sur plus de 300 livres tirés et sortis plus de 250 ont déjà été vendus, c’est dire que nous avons espoir à travers cet acte d’apporter une autre façon de voir, de gérer et de développer le sport moderne et notre sport traditionnel.

Nous espérons aussi voir les choses changer et pratiquer différemment. Nous voudrions aussi que chaque acteur puisse intégrer le développement durable dans ses actions sportives et de loisirs. Aussi nous souhaitons à travers cet écrit amener les acteurs à innover dans leurs interventions et dans tout le système de développement et de gestion du sport à travers la modernisation de nos outils et actions de développement. Nous voudrions que chacun puisse accepter de se remettre en cause et reconnaître ses limites dans le vaste champ de l’entreprenariat sportif et aussi que chacun joue son rôle et se définisse un champ d’action et d’intervention. Nous espérons que les acteurs comprennent notre démarche à travers ce livre qui se propose de résoudre une partie des questions dissimulées dans le tissu de la mise en œuvre des actions sportives. Notre démarche se veut aussi, de contribuer au développement des pratiques sportives et espérer orienter chacun pour un développement participatif, sain et meilleur de nos sports.

L’œuvre évoque entre autres, les tares du sport burkinabè et africain. Quels sont ces tares d’après vous ?

Effectivement. Ce sont les pesanteurs sociales qui s’imposent avec aisance au sein de nos administrations sportives. Il importe de prendre en compte le contexte de la pratique sportive en référence à la sociologie de la déviance, qui est mis en évidence en Afrique et au Burkina Faso, l’importance des opportunités et du contrôle social dans la genèse des comportements déviants des parents à l’égard du sport moderne.

De ce point de vue, la pratique sportive augmente mécaniquement les chances qu’a un adolescent d’expérimenter des produits psychoactifs, puisqu’elle suppose qu’il se soustraie momentanément à l’autorité parentale, pour investir l’espace public et y rencontrer d’autres jeunes de son âge dans un domaine nouveau et opposé à leur vision. Aussi, pour les jeunes et hommes, surtout en milieu rural, les pesanteurs culturelles, voire les lois coutumières, sont discriminatoires dans le développement des jeux importés, notamment la confusion du rôle de la hiérarchie sportive, administrative et du rôle du pouvoir traditionnel.

A cela s’ajoute les causes psychosociologiques qui font que dans nos sociétés, l’information circule de bouche à oreille et les individus ont tendance à estimer que les informations qui passent par eux leur appartiennent plus qu’ à l’entreprise sportive et lorsqu’ils ne sont plus de service ils gardent par devers eux ces informations capitales pour le fonctionnement de l’entreprise sportive ; les causes techniques essentiellement liées à la dispersion géographique des cadres de gestion de l’administration sportive, il faut que les gens se réunissent pour qu’on puisse partager une information capitale ; les causes économiques qui sont la non vulgarisation de certaines informations par peur de vexer une tierce personne ou tout simplement d’être écarté de toutes formes de sollicitations ou d’avantages liés à leur corps et à leur poste.

Autres causes, non des moindres, est l’abandon des projets de son prédécesseur (si ce n’est pas moi, on ne le fera pas ; perpétuels recommencements) ; l’imposition du responsable de structures sportives au groupe. Voici entre autres quelques tares qui gangrènent le paysage sportif, le vivre-ensemble, etc.

Quelles sont les pistes de solution proposées dans votre œuvre pour que la pratique du sport puisse participer au développement socio-économique de nos nations ?
C’est tout simple. Pour les sports importés, il faut redéfinir le partenariat entre les comités nationaux olympiques et le comité international olympique en matière de développement et de gestions des sports importés en Afrique ; redéfinir le partenariat dans la promotion des disciplines sportives entre les pays africains (fédérations nationales) et les pays initiateurs et propriétaires des disciplines olympiques ; mettre en place un cadre juridique qui facilitera l’investissement public privé, c’est-à-dire, disposer d’un code du sport et d’un code du sportif. Il faut aussi redéfinir une politique nationale d’investissement en faveur du développement des pratiques sportives et de loisirs ; accepter innover pour être compétitif ; soutenir et encourager la relève sportive à tous les niveaux à travers une vision intégrante et participative en donnant plus de paroles et une grande responsabilité interne aux fédérations sportives et de loisirs ; créer un fonds de soutien aux projets d’initiatives des sportifs retraités du domaine, ce fonds sera alimenté par une taxe spécifique issue des victoires de nos engagés aux compétitions internationales et nationales et une école en management de la communication sportive affilié à l’institut.

Il s’agit à mon sens, de créer un centre de récupération et d’insertion socio professionnel des sportifs de haut niveau ; revoir le système de gestion du sport scolaire et universitaire. Pour ce qui concerne les sports et jeux traditionnels locaux/nationaux, il serait judicieux de créer un centre national de développement et de promotion des jeux traditionnels des terroirs (pour sa codification, son enseignement, formation des acteurs, etc.) ; de créer des structures de gestions nationales et internationales de ses jeux ; de créer et d’entretenir une ligne budgétaire nationale et africaine de développement des jeux africains traditionnels ; de reconnaître et de valoriser les jeux ancestraux africains par la CONFEJS, la CEDEAO, CEMAC, UA et autres. Il faut créer un centre africain de développement des jeux africains ancestraux et semi modernes. Si nous restons scotchés unilatéralement et souvent aveuglement aux jeux modernes et olympiques nous allons disparaître sur le plan culturel et de jeux.

Est-ce que vous pouvez revenir sur le potentiel sur lequel se repose le sport burkinabè ?

Il faut reconnaître à sa juste valeur le travail abattu par l’ensemble des acteurs qui interviennent dans l’administration et le développement du sport burkinabè, malgré un contexte économique restrictif et sécuritaire très difficile. Ces efforts développés et aujourd’hui reconnus sont dus à l’action du mouvement sportif et de loisirs du Burkina Faso qui compte de nos jours plus de 35 fédérations de gestions des sports et des loisirs, plus de 2483 entraîneurs et 1365 officiels techniques toutes disciplines confondues. Ce mouvement sportif compte également plus de 1300 clubs de sports, 1566 structures de formations, 29 146 athlètes et plus de 1 213 835 personnes qui déclarent se dépenser par séances d’aérobics. Je me fonde sur les données de l’annuaire statistique du ministère en charge des sports et des loisirs de 2020.

A regarder de près, on voit bien que nous avons un vivier important avec des cadres pétris de talent et des structures dirigeantes en nombre suffisant qui aujourd’hui contribuent à faire rayonner notre sport sur le plan international et régional. Ces acteurs sont soutenus énormément par le MSJE à travers l’action salvatrice et soulageant du Fonds national des sports et des loisirs. Il faut rappeler que nous avons également un ministère qui essaie tant bien que mal de donner un espoir d’existence à nos structures sportives malgré le contexte difficile du pays. Cette volonté incarnée au sommet de l’Etat est toujours présente et n’a jamais dérogé à ses devoirs quand il s’agit d’apporter un soutien à une structure sportive et de loisirs. Cependant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Beaucoup d’effort reste à faire à certains niveaux et là aussi nous sommes conscients mais les choses vont bientôt rentrer dans l’ordre. Au regard de tous ses moyens nous pouvons affirmer que nous dévons garder l’espoir et le meilleur reste à venir.

Dans votre œuvre vous soutenez également que la stratégie sportive doit être réadaptée. Que proposez-sous ?

En effet, il faut reconnaître que le système actuel n’est pas trop opérationnel. Par moment, il facilite l’action d’un camp et subordonne l’autre camp dans la mise en œuvre de la vision et du développement sportif et de loisirs. Nous avons un système un peu ambigu dans sa mise en œuvre à savoir qu’il n’est ni étatique, ni semi étatique et ni privé engendrant une situation douteuse, confuse et semant par moment une zizanie quant à la mise en œuvre et l’accompagnement des structures sportives. Il faut urgemment faire un choix et définir le mode de gestion et d’accompagnements des structures sportives afin d’éviter des interprétations à long termes de la population. On peut opter par exemple pour la gestion étatique du sport. À ce niveau, l’Etat peut faire un appel à candidature pour la gestion des clubs d’élites financés par ses soins. Ces clubs d’élites reconnus seront sous le couvercle de l’Etat et auront un conseil d’administration de gestion et d’orientation avec des objectifs bien définis, etc.

Aussi, au niveau de la gestion des cadres aux sein des structures fédérales, nous dévons agir sur l’action des acteurs au lieu d’agir sur les personnes dans le système de développement que nous dévons mettre en place. Il faut donc éviter de remplacer ou muter un employé à un autre poste avant qu’il n’y ait un temps suffisant en double commande avec son successeur, avant un départ à la retraite faire rédiger le testament professionnel plusieurs mois avant le départ de l’ancien dans lequel il exprime son point de vue d’une manière détaillée sur le poste, le fonctionnement et sur les éléments constitutifs. Je propose également de ne jamais recruter sans avoir au préalable consulté le testament du nouveau faisant état de sa carrière sportive, son attitude, mais surtout lui fixer un objectif sportif qu’il se doit d’atteindre à travers le respect des clauses du contrat. Parce qu’il faut permettre aux retraités d’agir et de critiquer car ils ne sont pas sujets à sanctions. Autre chose à prendre en compte, c’est d’arrêter de recruter des experts étrangers.

Tout miser sur un seul individu revient à prendre un risque élevé de ne pas réussir et de ne pas non plus rentabiliser. Pour cela, nous devons nous rassurer qu’avant de procéder à une embauche, d’avoir besoin de cet accès pendant longtemps pour ne pas sans cesse remettre la sélection en cause. C’est pour cela que je demande qu’on puisse se baser sur les experts locaux qui ont eu à faire leur preuve et sont bien connu de l’entreprise. Par conséquent, je propose que si un expert qui a eu la chance de faire qualifier les cadets d’une discipline à une phase africaine puisse continuer avec son équipe au niveau des juniors et au niveau des seniors par la suite tout en lui laissant la possibilité de faire des réaménagements à travers l’action des joueurs externes à son équipe d’origine à sa guise.

Pour un sportif professionnel, à quel moment doit-il penser à sa reconversion ? Et quels sont les activités dans lesquelles il peut s’investir ?

Le premier jour de son recrutement comme professionnel. C’est d’ailleurs la seule manière et la seule façon de réussir sa carrière professionnelle. Quand on est dès le début de sa carrière conscient que nous avons un avenir à réaliser et à défendre, nous nous donnons les moyens d’y arriver à travers la mise en place des projets futurs. Attendre vers la fin de sa carrière c’est se donner les moyens d’être un cas social. Il faut dire qu’un sportif peut embrasser tous les domaines de la vie économique et sociale, peu importe le domaine. Les cas sont connus et c’est à lui d’être l’acteur de sa vie, c’est à lui de se définir un emploi selon sa vocation et pas forcément dans le domaine des sports et des loisirs.

Il y a aussi la problématique de la relève sportive qui se pose avec acuité au Burkina Faso. Pourquoi le Burkina Faso en souffre depuis des décennies ?

Je pense qu’à ce niveau il y’a beaucoup de choses qui sont faites. Maintenant on peut se tabler sur la non mutualisation et la coordination des actions des différents camps. À ce niveau, la relève a été et est une action majeure dans la gouvernance actuelle du ministère. Ici tout est presque mis en place afin de réussir cette relève au niveau du Burkina Faso. C’est pour cela nous avons la ST-relève (Ndlr : Secrétariat technique) qui agit conséquemment dans ce domaine et aussi le FNPSL qui intervient énormément à ce niveau à travers les appels à projets et autres actions de développements. Ici, le problème se trouve dans la mise en commun des intelligences, c’est-à-dire, l’action gouvernementale doit s’inscrire dans l’action fédérale et associative du mouvement sportif et de loisirs et non le contraire. Il faut soulager et réorienter l’action du mouvement sportif et l’appuyer dans ce sens. Nous avons aujourd’hui des acteurs pétris de talents dans toutes les structures sportives et de loisirs, la seule chose qui bloque est généralement les considérations personnelles et autres…mais l’espoir est permis car les résultats sont là.

Quelles sont les perspectives pour que cette relève soit réussie ?

C’est très simple, il faut responsabiliser davantage les acteurs en leur donnant plus d’actions, d’existence et de d’expressions à travers le soutien du département des Sports. Comme perspectives, je propose également qu’on concrétise la création des centres de spécialisation et de développement des pratiques et surtout opérationnaliser ces centres. Il faut aussi fixer des objectifs à court et à long terme à toutes les fédérations sportives en matière de relèves sportive tout en continuant les appels à projet en faveurs de la relève sportive. Il faut aussi encourager et primer les meilleurs acteurs de développement de la relève sportive.

Quel est l’état des lieux des infrastructures sportives au Burkina Faso ?

L’état des lieux au jour d’aujourd’hui des infrastructures sportives au BF n’est pas reluisant. Nous ne sommes pas satisfaits et il faut le reconnaître.

La gestion des infrastructures existantes est pointée du doigt. Comment on peut propulser une meilleure gestion de celles-ci ?

Pour nous il serait intéressant et souhaitable de redéfinir le mode de réalisation et de gestions de certaines infrastructures sportives au Burkina Faso. Par exemple au niveau de la gestion, Il faut faire des options : soit opter pour une gestion privée de nos stades sous plusieurs formes. Ce choix peut épouser la direction que veut prendre, notre Etat et parmi tant d’autres. Donc, je propose ce qui suit :

- gestion communautaire à travers l’action des collectivités, à ce niveau les deux parties établissent un règlement intérieur et signent un contrat de gestion à travers la mise en place d’un comité de gestion au lieu de transférer simplement la gestion comme on le constate de nos jours ;

- soit nous optons pour une gestion directe, dans ce cas de figure, une régie directe est mise en place c’est à dire il y’aura l’intervention de la collectivité qui gère au compte du public ici c’est le cas actuel de nos stades transférés, la commune est seule responsable de la gestion et en assume l’entière responsabilité, en, conclusion les conséquences sont aussi connues à ce niveau ;

- soit on opte pour la gestion déléguée, à l’inverse des collectivités locales, on peut décider de déléguer la gestion à des personnes morales aux statuts juridiques variés. Ici nous aurons une convention qui aura pour objet et pour effet de déléguer à un tiers une part plus ou moins grande d’une activité de service public ;

- soit on décide d’opter pour le partenariat privé public, à ce niveau le mode de gestion est mixte, c’est à dire le service public s’appuie sur le concours extérieur d’un professionnel privé, chargé de faire fonctionner le service public. Il est rémunéré d’une rétribution qui comprend une redevance fixe et un pourcentage sur les résultats de l’exploitation.

Au regard des difficultés constatées, nous pouvons opter pour un changement de gestion tout en restant maître de l’ouvrage, c’est-à-dire, l’Etat doit se comporter en client exigent, passer de gestionnaire à client afin de permettre de coordonner les actions et prendre les décisions de sanction en tant que gestionnaire délégué à cet effet ; donc le PPP est souhaitable à ce niveau. Ceci concerne certaines infrastructures de dimensions internationales comme les infrastructures honorifiques.

Il y a aussi la problématique au niveau de la conception et de la maîtrise des risques reliés aux projets d’infrastructures sportives ?

L’un des risques est la maîtrise des montants qui doivent contribuer/servir à la réalisation des infrastructures sportives de dernière génération. Oui, il faut le dire, le système actuel du marché public étatique avec l’affaire des moins disant ne va jamais faciliter la réalisation d’infrastructures sportives de qualité. L’espace est très restreint pour égrainer les insuffisances mais bientôt un livre que nous avons fini d’élaborer sur les risques de gestions des infrastructures sportives et de loisirs sortira. Il sera intitulé : « Nouvelles méthodes de gestions et de réalisation sera bientôt disponible ». Il faut dire que nous avons pu dénombrer plus de 96 risques à ce niveau avec le concours de certaines mairies, directeurs régionaux de sports et loisirs, certains ingénieurs et acteurs de marchés financiers, qui ont bien voulu répondre aux questionnaires et guides d’entretiens que nous avons leur avons soumis.

Comment avez-vous appris la fermeture du stade du 4-Août ?

Je n’étais pas surpris, car les normes et homologations évoluent très vite et nous dévons nous adapter et être aux diapasons des changements en cours au niveau d’ISO, ABNORM et des homologations fédérales. En rappel les établissements qui accueilles/reçoivent le public (ERP) ont un cycle de vies et de gestion très rigoureuses au même titre qu’un véhicule avec des périodes de vidanges, de visites techniques, d’assurances etc...Pour une infrastructure comme le stade du 4-Août, si nous l’avons utilisé pendant l’année N, au début de l’année N+1, c’est-à-dire, au plus tard le 5 janvier de l’année en cours, on doit arrêter toutes les activités, peu importe la provenance, et faire le diagnostic de l’ouvrage afin de vérifier la qualité de l’ouvrage, regarder si l’ouvrage respecte les normes et les homologations en cours. Sinon, si tel n’est pas le cas, on doit corriger toutes les erreurs et remettre l’ouvrage en état d’homologation et de normes avant de l’ouvrir au public et aux activités. Maintenant si cela a été respecté, après chaque utilisation journalière une maintenance de réparation et de correction est faite pour donner un espoir d’existence à l’infrastructure en question.

En tant que spécialiste, nous pouvons dire que c’était une évidence que cela se produise, et ceci n’est pas la panacée des infrastructures sportives seulement mais concernent tous les établissements qui n’ont pas une fiche de bord d’entretien des ouvrages. Mais il nous faut réaliser beaucoup d’efforts afin que la législation financière puisse nous permettre de lancer des marchés et les attribuer à des entrepreneurs dignes et honnêtes et ayant une technologie et technicité avérée dans le domaine. Sinon nos actions seront un coup d’épée dans l’eau.

Avez-vous espoir qu’à la fin des travaux, nous aurons un stade qui répondra aux normes définitivement ?

Bien sûr, si la rénovation n’a pas respecté l’homologation quality pro FIFA et les différentes catégorisations de réalisation telles que prônées par la FIFA, il n’y aura pas de réception car c’est une priorité pour notre gouvernement surtout pour le ministre en charge des sports et des loisirs. Je vous rappelle que nous avons déjà des normes de réalisation qui existent au sein du ministère grâce à l’action du FNPSL et de l’ABNORM, et bientôt ces normes feront l’objet d’une application obligatoire. Merci pour l’espace, j’invite chacun à s’approprier le contenu de mon premier livre afin de mieux comprendre notre sport et surtout à chercher à comprendre les actions entreprises par le MSJE afin de mieux comprendre les différentes directions et orientations qui sont prises pour mieux doter notre pays d’infrastructures de qualité.

Interview réalisée par Obissa Juste Mien
Lefaso.net

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