L’atelier de renforcement des capacités sur les enjeux de la conjoncture économique dans l’UEMOA a alterné cours magistraux et exercices pratiques et a porté, entre autres, sur les outils mathématiques, circuits et grands équilibres macroéconomiques ; présentation commentée des sites de bases de données en économie ; comptabilité nationale ; épargne et investissement ; inflation et chômage. Des communications animées par Pr Seydi Ababacar Dieng, Maître de conférences, agrégé de l’université Cheikh Anta Diop. Les échanges ont surtout porté sur la régulation de l’activité économique, la politique économique, les politiques sectorielles de l’UEMOA, et la ZLECAF.

Sur ce dernier point, l’on retient que la ZLECAf est un accord de libre-échange plus ambitieux qui va au-delà des seules considérations de suppression des droits de douane et des quotas sur le commerce des marchandises. Elle offre ainsi l’opportunité de relancer le commerce intra-africain, la diversification et la transformation structurelle des économies africaines ; la réduction substantielle, voire l’éradication de la pauvreté ; l’économie d’échelle. Un dernier principal enjeu, c’est l’intensification de la concurrence.

Pr Seydi Ababacar Dieng, Maître de conférences agrégé de l’université Cheikh Anta Diop, lors de sa communication

Cependant, elle est confrontée à des défis. Au nombre des défis à relever, le conférencier a cité l’harmonisation des régimes fiscaux notamment les domaines minier et pétrolier, et la mise en place d’un dispositif d’encadrement des politiques pétrolières et minières, en particulier. « Ce qui fait que l’UEMOA a du mal à épuiser toutes les potentialités, c’est la concurrence entre les Etats. L’idéal dans une zone, c’est d’avoir le même dispositif africain d’encadrement des politiques sectorielles minières en particulier », a-t-il recommandé. A ces défis s’ajoute la mobilisation des ressources comme mécanisme privilégié pour le financement de la ZLECAF, mais aussi la suppression des obstacles à la mobilité dans l’espace ZLECAF. De ce qui précède, la commission travaille de concert avec la chambre consulaire régionale dans le cadre d’une stratégie régionale de renforcement de la compétitivité du secteur privé et des économies des Etats membres dudit espace. « Il y a une étude qui a été lancée en 2022 pour définir les contours de cette stratégie qui va être déroulée dans les six prochaines années. Un plan d’action a été adopté. L’atelier de validation de cette étude s’est tenu en juillet 2023. Il y a beaucoup de réflexions qui sont en cours », informe le directeur de la prévision des études économiques (DPEE) au sein de l’UEMOA, Kalidou Thiaw.

La représentante résidente de la Commission de l’UEMOA au Sénégal, Aïssa Kabo (en vert) en compagnie des membres du bureau de la plateforme

Des échanges de qualité

Les participants ont débattu de la question du franc CFA à l’issue de la présentation de Pr Dieng sur le thème « Monnaie et financement de l’économie, analyse de la balance des paiements ». La question centrale était de savoir si le franc CFA assure une certaine stabilité monétaire au sein de l’UEMOA. La valeur de la monnaie est constante au sein de l’UEMOA. C’est le message tenu par le directeur de la prévision des études économiques (DPEE), affirmant par la même occasion que les économies de l’union ont été à un moment donné très résilientes par rapport à d’autres pays de la zone CEDEAO. Il a pris l’exemple du Ghana et du Nigeria qui se sont retrouvés avec des taux d’inflation respectivement de 50% et 60%, au moment où au sein de l’espace, le taux se situait autour de 10%. « Ce taux a un effet sur le pouvoir d’achat des consommateurs de l’espace. Mais le franc CFA, nous a aussi protégé. En plus, au cours des trois dernières années, les Etats ont fait des efforts sur le plan budgétaire pour atténuer l’inflation des pouvoirs d’achat des populations et des entreprises », a-t-il indiqué. Pour lui, le choix d’un Etat d’adhérer ou non à une monnaie est un acte politique.

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Au terme des travaux, la représentante résidente de la Commission de l’UEMOA au Sénégal, Aïssa Kabo, a salué l’assiduité et la pertinence des interventions qui ont prévalu tout au long des travaux. « Vous êtes désormais mieux outillés pour chercher et trouver la bonne information sur la grande famille UEMOA et sur les différents chantiers communautaires mis en œuvre depuis 1994, afin d’informer et de sensibiliser les populations de notre Union, sur la bonne marche du processus d’intégration régionale », se réjouit-elle. La présente cérémonie de clôture intervient au moment où le Président de la Commission de l’UEMOA, Abdoulaye Diop, participe, à Abidjan, à la session ordinaire du conseil des ministres de l’Union. Mme Kabo a, de ce fait, livré son message. Dans ce message, M. Diop a félicité et encouragé les membres de la plateforme, puis il a rappelé l’objectif commun qu’ils poursuivent et pour lequel il sera toujours attentif à leurs images, sons, et plumes : donner la bonne information sur les enjeux du processus d’intégration au sein de l’UEMOA et sur la conjoncture économique d’une manière générale.

Le directeur de la prévision des études économiques (DPEE) au sein de l’UEMOA, Kalidou Thiaw (en noir)

Témoignages de satisfaction

Dans la même cadence, la représentante résidente de la Commission de l’UEMOA au Sénégal a encouragé les hommes et femmes de médias à garder toujours allumée la flamme de leur réseau et à transmettre aux responsables de leurs différents organes, les sincères remerciements de la Commission de l’UEMOA. Elle a largement félicité la directrice de communication et son équipe pour l’organisation de l’atelier, et pour y avoir associé un expert incontournable des questions de politique économique et de fiscalité dont les interventions ont contribué à approfondir les fondamentaux dans le domaine de prédilection des journalistes. Le formateur, quant à lui, s’est dit émerveillé par la qualité des échanges ayant rythmé la session. « Je remercie les participants pour l’esprit. L’ambiance était très bonne », a-t-il souligné. De son côté, le coordonnateur de la « Plateforme médias UEMOA », Leonard Dossou, a félicité la commission pour l’organisation de ce cadre d’échanges et salué Pr Seydi Ababacar Dieng, Maître de conférences agrégé de l’université Cheikh Anta Diop pour l’engagement à partager ses connaissances. Il a, par ailleurs, exhorté les participants à cet atelier de Saly Portudal à un meilleur réinvestissement des connaissances acquises.

Le coordonnateur de la « Plateforme médias UEMOA », Leonard Dossou, a traduit sa reconnaissance à l’UEMOA

Pour les participants, cette session a été un gain d’expériences. « Au début, j’appréhendais assez difficilement cette formation parce que je n’avais pas une notion des enjeux de la conjoncture économique dans l’UEMOA. Mais en suivant les différentes communications, j’ai beaucoup appris », a confié Fanta Badji, journaliste à la radiotélévision sénégalaise. Komi Gadah directeur du journal Économie et développement du Togo a embouché la même trompette : « A l’issue de cette formation, je suis en mesure de faire une analyse sur le budget de mon pays. Également, je comprends mieux maintenant les décisions qui ont été prises par le gouvernement togolais pour lutter contre l’inflation. Ce qui m’a encore touché, c’est la politique monétaire. Le problème du franc CFA se pose encore. Il faut aller à cette école pour comprendre quelle est la pertinence de cette monnaie. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus réfléchir comme un citoyen lambda parce que nous disposons des informations nécessaires pour pouvoir expliquer en quoi consiste la politique monétaire, la politique budgétaire, l’inflation et le chômage ».

Komi Gadah du Togo a positivement apprécié la formation

A la lumière des échanges, cet atelier a révélé la nécessité de pérenniser une telle initiative. Preuve en est que l’une des recommandations formulées par les participants à l’endroit de la Commission de l’UEMOA incite à l’organisation d’autres rencontres sur d’autres thématiques.

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Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net