Burkina : Des OSC formées sur la budgétisation sensible au genre
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Ce jeudi 21 septembre 2023 s’est ouvert à Ouagadougou, un atelier de formation des OSC sur la budgétisation sensible au genre. Cet atelier se tient dans le cadre du projet, Fostering Gender-Just Recoveries, en français " Favoriser un relèvement économique équitable du point de vue du genre", mis en œuvre par l’ONG Christian Aid.
L’ONG Christian Aid a lancé en mai 2023, le projet Fostering Gender-Just Recoveries, en français « Favoriser un relèvement économique équitable du point de vue du genre ». A travers ce projet, il s’agit de contribuer à faire progresser l’élaboration de politiques macroéconomiques justes du point de vue du genre dans la période post covid19 en Afrique, notamment au Burkina Faso, au Burundi, au Nigéria, en Sierra Leone, au Zimbabwe, au Kenya, en Malawi et en Ethiopie.
Lors du lancement du projet au Burkina Faso, les participants (OSC et services techniques de l’Etat en charge de questions de genre) ont mis sur pied une plateforme de concertation et de plaidoyer dans le but de travailler à faire progresser l’élaboration de politiques macroéconomiques justes du point de vue du genre. Et à l’issue du lancement du projet, ils ont émis l’idée d’être formés sur la budgétisation sensible au genre. Un choix qui s’explique par le fait que depuis 2017, le pays a entrepris un processus d’implémentation de la budgétisation sensible au genre. Le Burkina Faso a opté pour une entrée progressive dans la budgétisation sensible au genre par ministères suivant une approche de gestion axée sur les résultats. Ainsi, de six ministères en 2019, en 2022 ce sont tous les ministères qui sont pris en compte dans la budgétisation sensible au genre et en 2023, tous les ministères et institutions. Des réflexions sont en cours pour une phase pilote au sein des collectivités territoriales.
C’est donc pour permettre aux organisations de la société civile, membres de la plateforme de concertation et de plaidoyer de mieux cerner le processus de budgétisation sensible au genre qu’est organisé cet atelier de formation. Elle permettra selon Léon Sanou, chargé de plaidoyer à Christian Aid, de renforcer les capacités des OSC à comprendre la budgétisation sensible au genre ainsi que les opportunités offertes tout au long du processus budgétaire pour sa prise en compte, de renforcer leurs capacités à repérer et comprendre les principaux indicateurs de la budgétisation sensible au genre. La formation est aussi l’occasion pour les participants de s’approprier la cartographie des acteurs en matière de budgétisation sensible au genre au niveau des collectivités territoriales, des ministères et des institutions et de prendre connaissance des instruments et textes fondamentaux nationaux et internationaux qui fondent, justifient et soutiennent la budgétisation sensible au genre.
« Cette formation rentre dans une logique de plaider davantage pour améliorer cette question de la budgétisation sensible au genre que nous saluons, parce que le Burkina est l’un des rares à s’engager dans ce processus. Et nous pensons que c’est une réussite(...) Cette formation est l’occasion donnée aux leaders d’OSC de s’exprimer sur la question, sur les insuffisances de cette budgétisation pour ouvrir des plages de plaidoyer et travailler à parfaire la question », a laissé entendre M. Sanou.
Sakré Moussa Sawadogo, directeur de la promotion du genre au ministère en charge du genre et de la famille a salué la tenue de cette formation qui permet aux OSC de se familiariser avec les questions de budgétisation sensible au genre. « Cette initiative est la bienvenue parce qu’actuellement la planification ne peut pas se faire sans tenir compte des besoins pratiques et des intérêts stratégiques des femmes et des hommes (...) La budgétisation sensible au genre est un outil de développement pour notre pays et dans les années à venir, ce sera incontournable dans tout ce que nous aurons à faire comme projets, programmes, politiques de développement », a indiqué M. Sawadogo. Il rappelle que la budgétisation sensible au genre, ce n’est pas avoir un budget à part pour les femmes et un autre à part pour les hommes. « La budgétisation sensible au genre est une approche qui permet au planificateur de tenir compte des besoins pratiques et des intérêts stratégiques des femmes dans tous les projets et programmes de développement. Il ne suffit pas de programmer des activités sensibles genre, mais de travailler à mettre des ressources pour pouvoir les réaliser au profit des hommes et des femmes », a-t-il expliqué.
Mamounata Congo/Tiendrébéogo, coordonnatrice des associations féminines de l’arrondissement 12, prenant la parole au nom des participants, a remercié Christian Aid pour l’initiative. Elle assure que ce sera l’occasion pour les participants de mieux comprendre la question de budgétisation sensible au genre et mieux préparer le plaidoyer pour des politiques économiques plus justes et favorables au genre. « Nous avons besoin de comprendre la budgétisation sensible au genre pour pouvoir nous défendre. C’est vrai qu’on doit prendre en compte les besoins des femmes et des hommes afin de les satisfaire. La formation va renforcer nos capacités et on parlera de ce qu’on maîtrise. Si l’Etat a pris soin d’intégrer cet aspect, c’est que c’est important. Nous avons besoin de sentir cela sur le terrain », a-t-elle indiqué.
A l’issue de la formation, les participants devraient élaborer un avant-projet de plaidoyer sur la budgétisation sensible au genre.
Justine Bonkoungou
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