Burkina/Sport : La réhabilitation du stade du 4-Août, un chantier sans fin…
En mars 2021, le stade du 4-Août, principal stade du pays a été suspendu par la CAF car ne répondant plus aux normes internationales. Et depuis plus de deux ans, le Burkina Faso joue toujours ses matchs à domicile à l’extérieur. Chaque sortie des Etalons coûte plus de 300 millions de FCFA, selon les informations de nos confrères de Sidwaya.
Le marché de la rénovation du stade du 4-Août qui devrait couter plus de 15 milliards de francs CFA a été attribué via la procédure d’entente directe au groupe d’entreprises TRUVA INSAAT-SIFA et ALMOUNIA SARL pour les travaux de réhabilitation et au bureau d’études GRETECH et CACI-C pour le suivi contrôle des travaux. Plus de deux ans après, tout reste à refaire selon une inspection de la CAF effectuée en fin août 2023.
Depuis mars 2021, le Burkina Faso ne dispose plus de stade homologué pour abriter ses matchs internationaux. Pour cause, le stade du 4-Août, principal stade du pays a été suspendu par la CAF car ne répondant plus aux normes internationales. Plus de deux ans après, toujours pas de stade homologué malgré le lancement des travaux de rénovation. Et le pays est obligé de jouer tous ses matchs à domicile, toutes catégories confondues, à l’extérieur dans un stade homologué.
Le ministre des sports et des loisirs de l’époque, Dominique Nana, avait donné les raisons qui ont prévalu à la suspension du stade du 4-Août par la CAF. Il y a, entre autres, la qualité du terrain. Pour les matchs qui se disputent en soirée, l’éclairage du terrain doit être uniforme avec un éclairement horizontale minimum de 1200 lux. Il y a aussi la propreté et la disposition des vestiaires, les zones réservées aux spectateurs, les installations sanitaires pour les spectateurs, les installations média, les travaux de rénovation générale du stade, l’exigence d’installer les trois tableaux d’affichages, l’identification des téléspectateurs à partir de leurs chaises, l’exigence d’installer 6 mâts, la qualité de la pelouse, etc.
A en croire Dominique Nana qui animait une conférence de presse le 9 mars 2021, la question de la réhabilitation du stade requiert une certaine réadaptation qui exige du temps. Selon lui, on doit éviter d’agir dans la précipitation pour ne pas compromettre la qualité des travaux qui seront effectués. « Nous ne serons pas prisonniers du temps. Nous nous donnerons le temps de faire un travail qui respecte les normes de la FIFA. Il faut réhabiliter le stade du 4-Août et même envisager la construction d’un nouveau stade dans la perspective des jeux africains. Nous allons faire en sorte que les normes et la procédure de passation de marché public soient respectées », avait-t-il assuré.
Face donc à cette situation, le gouvernement de l’époque avait pris des dispositions pour la réhabilitation de la principale infrastructure sportive du pays. Le marché a été finalement attribué à un groupement d’entreprises via la procédure d’entente directe. En effet, au titre du ministère des Sports et des loisirs, le conseil des ministres du 22 septembre 2021 a adopté un rapport relatif à la conclusion d’un marché par la procédure d’entente directe pour les travaux de réhabilitation et de mise aux normes du stade du 4 août de Ouagadougou.
Le conseil a marqué son accord pour la conclusion du marché avec le groupement d’entreprises TRUVA INSAAT-SIFA et ALMOUNIA SARL, pour un montant de 14 792 665 661 de FCFA TTC, avec un délai d’exécution de onze mois.
Selon le compte rendu de ce même conseil des ministres, le suivi contrôle des travaux est attribué au Bureau d’études GRETECH et CACI-C pour un montant de 564 122 945 de F CFA TTC, avec un délai d’exécution de douze mois.
Le coût total des travaux et du suivi contrôle de la rénovation du stade du 4-Août s’élève à 15 356 788 606 de F CFA TTC. Le financement est assuré par le budget de l’Etat, exercices 2021, 2022 et 2023.
Plus de deux ans après et après plusieurs ministres à la tête du département des sports, le bout de tunnel n’est pas pour bientôt. En fin août 2023, à la demande des autorités sportives burkinabè, une mission d’inspection préliminaire des stades de compétitions a visité le stade Naaba Baongo de Tanghin, le stade municipal Issoufou Joseph Conombo, le stade régional de Ziniaré et le stade du 4-Août. Selon l’inspecteur de la CAF Muhammad Sidat, en ce qui concerne le stade du 4-Août, beaucoup de choses restent à faire avant l’approbation finale. Les vestiaires, la tribune de presse et certaines installations ne sont pas conformes aux exigences de la CAF. Les autorités doivent également fournir des garanties sur la qualification du personnel qui travaille sur la rénovation du stade, selon l’inspecteur.
Mais pourquoi la réhabilitation du stade du 4-Août traîne tant ? Selon Boubakar Savadogo, actuel ministre des sports au cours de l’émission ‘’Sport box’’ du 30 août 2023 sur la RTB après cette visite, la moitié du budget pour cette réhabilitation est presque épuisée. Il a indiqué que des auditions ont été menées par la gendarmerie en lien avec l’affaire du stade du 4-Août. Toujours selon le premier responsable du département en charge des sports, le stade ne sera pas prêt en 2023 et les Etalons continueront donc à disputer leurs matchs à l’extérieur.
De son côté, Lazare Banssé, président de la Fédération burkinabè de football, a regretté le manque de concertation au début de la rénovation du stade du 4-Août. Une situation qui a entraîné le tâtonnement constaté dans cette rénovation depuis bientôt trois ans. « Nous avons souhaité faire venir l’expert de la CAF pour nous aider à avancer rapidement, dans les meilleurs délais. L’erreur qui a été faite dès le départ dans la rénovation du stade du 4-Août, c’est le manque concertation. Il aurait fallu dès le départ dans les plans architecturaux travailler en étroite collaboration avec la fédération, la CAF et la FIFA. Ce qui n’a pas été fait. Il y a des non-conformités déjà constatées dans le travail qui a été fait. Mais cela dit, avec le rapport qui sera fait, on va certainement rectifier le tir », souligne-t-il.
Mais jouer les matchs à l’extérieur coûte extrêmement cher comme nous rappelle le quotidien d’Etat ‘’Sidwaya’’ dans son édition du 10 juin 2022. Chaque sortie à l’extérieur des Etalons coûterait autour de 300 millions de FCFA, contre 50 millions pour un match à domicile. Le ministre en charge des sports Boubakar Savadogo a même indiqué lors de cette visite d’inspection de la CAF que le Burkina Faso prend en charge une partie des dépenses de l’équipe adverse pour les matchs domiciles des équipes burkinabè disputés à l’extérieur.
« Le Burkina joue ses matches à domicile, hors de ses bases, notamment au Maroc. La faute à l’indisponibilité d’un stade homologué par la CAF et la FIFA. D’ailleurs, l’on a déniché récemment de gros rats sur le chantier de rénovation du stade du 4-Août qui grignoteraient des deniers publics. Cher cousin, tu m’as souvent demandé combien coûte un match organisé par le Burkina à l’extérieur. Selon des informations que j’ai pu glaner, toutes charges comprises, ça tourne autour de 300 millions de nos francs. Autant dire un pognon de dingue, pour paraphraser Emmanuel Macron », peut-on lire dans les colonnes du journal.
« Dans cette enveloppe, il y a l’achat des billets d’avion de ralliement des joueurs, l’affrètement d’un vol spécial s’il y en a, la location d’un stade avec le payement de tout le personnel qui va avec (stadiers, sécurité…). Sais-tu aussi combien on casquerait si les Etalons jouaient vraiment à domicile ? Autour de 50 millions de FCFA », précisent nos confrères de Sidwaya.
Alors qu’est-ce qui bloque réellement dans la réhabilitation du stade du 4-Août ? Des pays qui sont venus après le Burkina Faso ont réhabilité leurs stades et jouent à domicile. Faute de stade, le Burkina Faso a raté de justesse la qualification pour la coupe du monde 2022. Le pays s’est qualifié pour la CAN 2023 après avoir disputé tous ses matchs à l’extérieur et jouera probablement les matchs de qualification de la coupe du monde 2026 également à l’extérieur. Un pays qui figure régulièrement dans le top 10 africain lors du classement FIFA, vice-champion d’Afrique 2013, 3e place en 2017, 4e place en 2022 et toujours pas de stade homologué pour accueillir ses matchs à domicile.
Les responsabilités devraient donc être situées afin que le pays retrouve un stade homologué, répondant aux normes internationales pour le bonheur, non seulement des sportifs mais aussi du public sportif, obligé de suivre son équipe nationale devant le petit écran.
ZM
Lefaso.net