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Électricité au Burkina : « Les nouvelles tarifications ne concernent pas les ménages », Souleymane Ouédraogo, DG de la SONABEL

Publié le mercredi 13 septembre 2023 à 22h38min

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Électricité au Burkina : « Les nouvelles tarifications ne concernent pas les ménages », Souleymane Ouédraogo, DG de la SONABEL

Pour expliquer le réaménagement tarifaire décidé en conseil des ministres le mercredi 6 septembre 2023, le ministre en charge de l’énergie a tenu une conférence de presse le mardi 12 septembre 2023 à Ouagadougou. Nonobstant cette sortie, plusieurs zones d’ombres subsistent encore dans l’esprit du Burkinabè lambda, qui se demande si ces nouvelles mesures s’appliqueront à lui. Une clarification que le directeur général de la Société nationale burkinabè d’électricité (SONABEL) a bien voulu apporter dans la soirée du mercredi 13 septembre 2023 en ces termes : « Les nouvelles tarifications ne concernent pas les ménages ».

Pour optimiser la consommation des ressources en électricité, l’Etat burkinabè a entrepris de rationaliser la consommation, à travers des mesures prises en conseil des ministres. Si jusqu’à présent beaucoup s’inquiètent quant à la cible de ce réaménagement, le directeur général de la SONABEL rassure : « les nouvelles tarifications ne concernent pas les ménages ».

La première mesure touche une catégorie spécifique de consommateurs que sont les banques, les ambassades, les compagnies d’assurances, les institutions internationales, les compagnies de télécommunications et les industries de tabac. En effet, depuis 2004, une étude tarifaire précisait qu’il fallait procéder à une augmentation pour permettre à la SONABEL de garder son équilibre financier. En lieu et place de cette augmentation qui devait se faire en 2004, 2007 et 2008, l’Etat a décidé de prendre sur lui cette charge, en supportant ce manque à gagner. « C’était en 2006. Et depuis lors, chaque année, l’Etat apporte des subventions à la SONABEL. Ainsi, de 2006 à 2022, l’Etat a déboursé 440 milliards de FCFA au titre des subventions. Pour les trois dernières années, 112 milliards. Et en 2022, 62 milliards de FCFA. Ce qu’il faut relever c’est que la structure tarifaire de la SONABEL est faite de sorte qu’il n’existe pas de différenciation entre les clients... Etant donné que la subvention a un rôle social, on a identifié une catégorie de clients pour lesquels il n’est pas opportun de subventionner leur consommation d’électricité. L’Etat subventionnait tout le monde. Mais on constate que cette ressource publique peut être utilisée dans d’autres secteurs. Nous avons beaucoup de priorités. C’est une mesure qui vient corriger une distorsion de longue date », a laissé entendre le directeur général de la SONABEL, Souleymane Ouédraogo.

Pour ce qui est de la deuxième mesure, l’Etat voudrait inverser les heures pleines (pendant lesquelles l’électricité est vendue moins chère) et les heures de pointe (pendant lesquelles l’électricité est vendue plus chère). Ce mode de facturation existe au Burkina depuis 1988. Selon les dires de Souleymane Ouédraogo, en ce temps-là, l’électricité coûtait plus chère en journée parce que nombreux sont les ménages qui n’avaient pas d’électricité. « C’était plus les administrations qui consommaient beaucoup. L’essentiel de la consommation était journalière et c’est à ce moment qu’étaient fixées les heures de pointe. Aujourd’hui, nous sommes en 2023 et l’essentiel de la demande n’est plus en journée, mais en soirée. Cela parce que tous les ménages ont bien envie d’allumer leurs ampoules et leurs télévisions dans la soirée. Du coup, la demande croit naturellement dans la soirée. Et en plus des ménages, il y a les industriels, les boulangeries, etc. qui consomment la nuit, parce que l’électricité coûte moins cher à ce moment. Le problème ici c’est que la nuit, nous n’avons pas de centrales solaires. Donc, pour satisfaire la demande, l’Etat est obligé d’utiliser les centrales thermiques plus les importations qui, d’ailleurs, sont limitées. Elles sont limitées parce que la pointe que nous connaissons en soirée est la même que celles que connaissent les pays qui nous approvisionnent. Ils ne peuvent donc pas nous en donner beaucoup. On se rabat alors sur notre parc thermique pour satisfaire la demande nocturne. Le préjudice c’est que nous consommons plus de combustible et pour chaque litre de combustible, l’Etat investit de l’argent. L’idée ici c’est de déplacer les consommateurs de nuit qui consomment parce que c’est moins cher, pour qu’ils consomment en journée. C’est en cela que consiste la deuxième mesure. Mais je précise que ça ne concerne pas les ménages et les concernant, on n’a pas touché aux tarifs » a-t-il clarifié.

« L’avantage est qu’en plus de réduire la production thermique nocturne, nous profiterons de la production solaire. Ces nouvelles mesures devraient nous permettre d’économiser environ 10 milliards de FCFA chaque an » Souleymane Ouédraogo

Outre ces mesures, deux autres qui ont elles aussi été adoptées en conseil des ministres ont été expliquées par le DG de la SONABEL. La première permet aux acteurs du secteur de l’énergie de prospecter auprès de gros clients pouvant intervenir dans le secteur ci-dessus cité. Tout cela moyennant une facturation négociée avec l’Etat, pour l’infrastructure qu’il mettra en place avec lui.
La seconde concerne les consommateurs de l’énergie réactive. « Ceux qui l’utilisent de manière excessive obligent la SONABEL à surdimensionner tous ses équipements pour les satisfaire. L’approche actuelle sera donc de les pénaliser. Par contre, pour ceux qui la consomment moins, au lieu de leur faire une remise (comme cela se faisait), nous leur enverrons une note de félicitations. On ne leur fera plus de remise ».

Réaménagements opportuns et même tardifs

« Ces réaménagements étaient opportuns et ils ont même tardé. Le Burkina Faso a un taux d’électrification de 25%. Cela veut dire que 75% de nos compatriotes sont dans l’obscurité. Nous sommes dans un pays où la ressource publique est sacrée. L’opérateur historique, celui qui doit porter à bout de bras l’électrification du pays, le bras opérationnel du gouvernement, c’est la SONABEL. Pour qu’elle puisse réussir, il lui faut avoir une bonne santé financière pour non seulement lever les fonds nécessaires pour réaliser les investissements, mais aussi, attirer le secteur privé. D’ici fin décembre 2024, nous pourrons cumuler près de 240 mégawatts. Et cette énergie vient du secteur privé. Ce n’est pas tout de suite que le soleil a commencé à briller au Burkina. Et si les producteurs indépendants, notamment solaires, sont actuellement au Burkina en train de développer des centrales solaires, c’est parce que la SONABEL a la capacité financière d’assumer les factures que ces entreprises vont délivrer. Nous avons donc un devoir de faire en sorte que nos sociétés pourvoyeuses de services publics soient financièrement solides pour la construction de notre pays », a souligné le DG pour conclure.

Erwan Compaoré
Lefaso.net

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