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Complexe scolaire Notre-Dame de l’annonciation de Tougan : Dieu, l’éducation et l’instruction, le trio qui génère l’excellence dans un temple du savoir

Publié le mardi 29 août 2023 à 12h25min

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Complexe scolaire Notre-Dame de l’annonciation de Tougan : Dieu, l’éducation et l’instruction, le trio qui génère l’excellence dans un temple du savoir

Asma Koala, Roman Condombo ou encore Fatoumata Dao (élève étoile et candidate au BEPC 2023), pour ne citer que ceux-là, sont des noms d’élèves excellents qui viennent à l’esprit lorsqu’on parle du Complexe scolaire Notre-Dame de l’annonciation de Tougan. Plusieurs fois sur le podium lors des journées d’excellence scolaire aux niveaux provincial, régional et même national, cet établissement de la région de la Boucle du Mouhoun est un temple où se côtoient Dieu, l’éducation et l’instruction. Nous avons séjourné dans ce complexe scolaire du 5 au 8 mai 2023. Reportage.

Vendredi 5 mai 2023, il est 6h. La porte d’entrée principale du Complexe scolaire Notre-Dame de l’annonciation de Tougan est toujours fermée. Situé à la sortie est de la ville, sur la route nationale N°10, l’établissement présente en cette matinée un bon visage sous un ciel nuageux annonçant une journée pluvieuse. L’endroit est empli du chant des oiseaux qui ont élu domicile dans les arbres entourant le complexe. Au pied du mur haut de deux mètres, toujours en construction, deux portes de couleur rouge se présentent aux visiteurs. De l’extérieur, nous demandons de l’aide au gardien des lieux qui, croyant qu’il s’agit d’un parent venu déposer son enfant, nous ouvre le petit portail. Il porte à son cou un petit poste de radio soigneusement emballé dans un sac blanc pour le protéger de la pluie.

Fatoumata Dao (élève en classe de 3e), une étoile nationale qui promet d’honorer ses parents et encadreurs au BEPC 2023.

Après échanges, nous accédons à la cour bâtie sur une superficie de 10 hectares. Cette cour abrite l’école primaire qui a ouvert ses portes le 19 septembre 2011. Depuis son ouverture, l’école a accueilli 780 élèves dans ses six classes construites en briques de carrière. Elle est actuellement dirigée par la sœur Natoa Blanche Ki qui a sous sa coupe six enseignants dont trois hommes et trois femmes. Ici, l’hygiène et la discipline ne sont pas de vains mots. Elles sont appliquées à la lettre et même les tout-petits connaissent la sanction qu’ils encourent en cas de violation du règlement intérieur soigneusement accroché à l’entrée de chaque salle de classe.

Selon la sœur Natoa Blanche Ky, le secret de toute réussite, c’est la rigueur que chacun impose à soi-même avant de l’imposer aux autres.

A 6h30, les premiers élèves vêtus de tenues en Faso danfani et en Kôkôdonda font leur entrée dans la cour de l’école. Une faveur accordée à ces élèves par la directrice de l’école, à l’occasion de la Semaine de l’éducation catholique. Avant l’arrivée de leurs enseignants, les élèves procèdent au balayage de leurs classes et au nettoyage des tableaux. Une fois les salles de classe débarrassées de leurs ordures, les élèves, toujours en ordre de bataille, attaquent la grande cour de l’école afin de la rendre saine. Rien n’échappe à leurs balais, râteaux et pelles. Tout est taillé, balayé, rassemblé puis déversé dans la grande poubelle située au centre de la cour de l’école. Les petites plantes protégées à l’aide de grillages ou de briques bénéficient également des soins des écoliers qui les arrosent. Une trentaine de minutes plus tard, soit 7h, un élève sonne le rassemblement à l’aide d’une cloche accrochée à un arbre.

« Si on m’a surnommé ‘‘l’homme des 100 %’’, c’est pour la bonne qualité du travail que nous abattons chaque fin d’année », dixit Soungalo Sanou, maître du CM2

Confier sa journée à Dieu

Du cours préparatoire au cours moyen en passant par le cours élémentaire, les élèves, dans la discipline, font le rang devant leurs classes en attendant les consignes et orientations de l’enseignant principal de la classe. « Tendez les bras ! Fixe ! », lance Léa Alphonsine Drabo, l’enseignante de la classe de CP1. « Prêts ! », répondent les élèves avec un air serein, les bras parallèles au corps, les pieds joints et les mains orientées vers le sol. Ce rituel, ils l’exécutent avec dextérité tous les matins avant d’entrer en classe. Une fois en classe, confier sa journée à Dieu est l’autre rituel des scolaires et du personnel dans cet établissement. Pour cela, l’Ave Maria est récité par cœur dans la plus grande concentration, que l’on soit catholique ou pas. Dans cette classe de CP1 de 39 élèves dirigée par madame Drabo, les élèves, malgré leur âge (6 et 7 ans) et la non-maîtrise de la langue française, semblent bien maîtriser ladite prière. Mieux, ils la récitent tel un jeu d’enfants avec les différentes phases. La prière ainsi exécutée, la journée peut maintenant commencer et la maîtresse, pour détendre l’atmosphère dans la classe, demande aux élèves de faire un chant.

« Il n’y a pas de grande différence entre le CM1 et le CM2 », selon Bruno Faho, enseignant au CM2.

Si les choses semblent encore un peu relaxes et moins difficiles pour les élèves de la classe de CP1, ce n’est pas le cas pour ceux de la classe de Cours moyen deuxième année (CM2), sur qui compte l’établissement en fin d’année. En effet, juste après avoir franchi la porte de leur classe ce 5 mai 2023, c’est un devoir de dictée suivie de questions qui les accueille au tableau. Ici règnent la sérénité, la discipline, l’écoute, la concentration et surtout le travail. Au nombre de 48, dont 25 garçons et 23 filles, ces élèves doivent respecter la tradition des examens, c’est-à-dire maintenir un taux de réussite aux examens d’au moins 95%. Et cette tradition, Macaire Soungalo Sanou, l’enseignant de cette classe, la maîtrise. « Quelle organisation mettez-vous en place avec vos élèves pour générer de tels résultats à l’examen du CEP et au concours d’entrée en 6e chaque année ? », lui avons-nous demandé.

Les salles de classes du collège.

Tout souriant, monsieur Sanou nous explique son secret en ces termes : « D’abord le secret de toute réussite, c’est l’amour de ce que l’on fait comme travail. Si vous aimez ce que vous faites, vous allez obtenir de meilleurs résultats. Ensuite, il y a le sérieux dans le travail que vous faites. Lorsque vous avez un travail à faire, il faut vous y mettre avec le cœur et vous verrez que les choses iront mieux. Il faut aussi écouter votre hiérarchie et mettre en pratique les orientations et les directives qu’elle vous donne dans le but d’améliorer votre travail. Je remercie Dieu également d’avoir mis sur mon chemin de bons collaborateurs. J’avoue qu’au début, cela n’a pas été facile. Les enseignants n’aiment pas venir dans les écoles des religieuses car beaucoup trouvent qu’elles sont compliquées. Mais moi, j’ai été bien intégré et depuis lors, j’entretien de très bons rapports avec elles. J’ai la chance aussi d’avoir des élèves qui sont conscients et qui connaissent le défi qui les attend à chaque fin d’année. Ils se mettent donc au sérieux et travaillent tel que je les organise. Ils s’accompagnent entre eux et s’expliquent mutuellement les exercices. Et si aucun d’eux ne comprend un exercice, ils font recours à un enseignant de l’établissement. L’autre point important qui explique la réussite dans notre établissement, c’est la bonne collaboration entre les collègues. Ici, nous travaillons en famille au-delà du professionnel ».

Les élèves pendant la prière pour le retour de la paix au Burkina Faso.

Cette stratégie de travail décrite par Macaire Soungalo Sanou est corroborée par Seydou Farouk Bananzaro, élève en classe de CM2, qui soutient que la classe est organisée en groupes et travaille de façon collective afin de réussir aux examens.

L’enseignement, un métier qu’il faut aimer

L’école primaire privée Notre-Dame de l’annonciation, selon sa directrice, sœur Natoa Blanche Ky, est un établissement congrégationniste et confessionnel mais accueille tout enfant remplissant les conditions d’âge sans distinction de genre, de religion, d’ethnie et de conditions physiques. Cependant, les parents d’élèves devront débourser la somme de 50 000 F CFA par an pour espérer avoir une place pour leur enfant. Une somme certes relativement élevée mais réaliste, selon la directrice.

« Même après une nuit d’attaque terroriste, les enfants prennent le chemin de l’école le matin à la recherche du savoir », selon la sœur Albertine Paré, directrice du collège.

« Concernant la scolarité au complexe, nous recevons souvent des parents qui estiment que la scolarité est élevée par rapport aux situations des familles. C’est une préoccupation juste, et nous sommes sensibles à cela. Tougan est une zone semi-rurale où les activités génératrices de revenus sont moins développées. Donc sur cette base, nous comprenons les parents d’élèves. Mais il faut savoir que les frais de scolarité de 50 000 F CFA comprennent les frais de tenue scolaire, de cantine et les cotisations de l’association des parents d’élèves. Sinon la scolarité est de 11 000 F CFA en réalité », confie l’institutrice principale de l’enseignement primaire, tout en rassurant les parents que des mesures sont en cours afin de répondre aux différentes préoccupations.

Monsieur Bado, professeur d’EPS, salue l’engagement et la volonté de l’administration dans la réussite des élèves.

« Pouvez-vous partager avec nous les stratégies pédagogiques mises en place pour que votre établissement atteigne cette excellence aux examens et concours scolaires ? », lui avons-nous demandé. Et c’est sans langue de bois qu’elle nous répond : « Le grand secret de nos résultats, c’est la conviction. L’enseignement est un métier qu’il faut aimer. Si l’on prend l’enseignement comme un gagne-pain, c’est certain qu’on va souffrir. Par contre, si l’on s’est engagé par vocation, on peut facilement obtenir de bons résultats. Deuxièmement, il faut soi-même se donner une rigueur dans le travail. Ce n’est pas l’institution qui impose une rigueur mais plutôt à chacun d’imposer sa rigueur. Ici, nous avons affaire à du personnel conscient du rôle et de l’apostolat que chacun joue. On n’est pas seulement instructeurs, on est aussi éducateurs pour ces enfants afin qu’ils soient des citoyens complets ».

Les élèves en train de réviser leurs leçons à même le sol.

Bruno Faho est un autre enseignant dans cet établissement. Il est à sa huitième année et est titulaire de la classe de CM1. Dans sa classe, le dicton « Qui veut aller loin prépare sa monture » est bien compris et même assimilé. En effet, M. Faho prépare déjà ses élèves à se familiariser avec les sujets de la classe de CM2. Ce matin, c’est un devoir sur une étude de texte qui est improvisé par le maître pour ses élèves, qui le traitent à cœur joie. « Il n’y a pas de grande différence entre le CM1 et le CM2 ; c’est la raison pour laquelle nous prenons toutes les dispositions nécessaires pour mettre les élèves de la classe de CM1 dans les conditions réelles d’examen du CEP. C’est une simulation qui donne de résultats positifs dans la mesure où elle prépare psychologiquement les élèves qui entameront bientôt la classe de CM2 », explique le maître, qui soutient par ailleurs que les contenus des cours dispensés tiennent compte du niveau psychique des élèves.

« En tant que Missionnaires de l’Annonciation surtout au service de la communauté, nous partageons avec les parents leurs situations de vie difficiles, sinon notre existence n’aura pas de sens », sœur Augustine Traoré, économe du collège privé Notre-Dame de l’annonciation.

Mesures hygiéniques non-négociables

Il est 9h45 quand la cloche sonne de nouveau, pour la récréation cette fois-ci. Contrairement à certains établissements qui voient leurs devantures envahies par des commerçantes qui vendent diverses friandises aux élèves pendant la pause, les élèves dans ce complexe devront se contenter d’une seule vendeuse de sandwichs et d’eau. Une seule adolescente âgée d’une quinzaine d’années, est la seule vendeuse à avoir accès au marché du complexe ce jour. Elle est à peine installée sous un hall de l’école, que les élèves prennent d’assaut son étal et chacun, en fonction de ses moyens, se procure ce dont il a besoin, avant de se fondre dans la masse d’élèves dans la cour. Le personnel, lui, se retire dans le bureau de la directrice de l’école afin de se désaltérer et reprendre de l’énergie.

Les élèves du primaire faisant le rang devant leur classe.

Trente minutes plus tard, le régleur du temps sonne la fin de la recréation. Enseignants comme élèves retournent en classe pendant qu’à quelque dix mètres des salles de classe, Aicha Traoré et ses pairs s’activent dans la cuisine afin de rendre disponible le repas de midi pour les élèves. Pour y arriver, elles se sont partagé les tâches. Aujourd’hui, de la cuisine sortira du riz avec de la sauce légumes. Comme dans la cour de l’école et dans les classes, les mesures hygiéniques ne sont pas négociables à la cuisine. Ainsi tout est balayé, lavé, nettoyé et soigné à la lettre. D’ailleurs, avant d’avoir accès à cette cuisine, il faut sacrifier à une tradition : celle de se laver les mains avec du savon à l’aide d’un dispositif de lave-mains devant la cuisine. Pour ne pas trop les déconcentrer, nous prenons congé de ces braves cuisinières et nous trouvons refuge dans le jardin potager du complexe situé en face de la cuisine. Nous y trouvons deux élèves du collège en train d’arroser les plantes à peine sorties de terre. Après renseignements, nous apprenons qu’il s’agit d’élèves arrivés en retard. Ici, c’est la sanction réservée aux retardataires et autres indisciplinés. Le jardin, toujours en phase de développement, sera, selon le gestionnaire, un futur centre de production et de promotion des produits agricoles locaux. Les élèves y apprendront parallèlement les méthodes et techniques agricoles dans le cadre de la promotion de l’entrepreneuriat pour l’autonomisation des jeunes.

Aicha Traoré et ses paires en pleine cuisine pour les élèves.

Il est 12h. C’est l’heure du repas de midi au Complexe scolaire Notre-Dame de l’annonciation. A peine la cloche sonnée, les élèves prennent d’assaut le hall principal où attendent déjà Aicha Traoré et sa brigade de cuisinières. Sous l’œil vigilant de la directrice de l’école primaire, chaque élève est servi dans une assiette. Une fois en possession de son plat, chacun prend place sous le hall et consomme paisiblement le contenu. Ici, on a même le droit de réclamer une portion supplémentaire si l’on n’est pas rassasié. Les élèves ne sont pas les seuls à consommer le repas des cuisinières de l’établissement. Le personnel enseignant et l’administration sont aussi invités à la table. Un acte de cohésion et de solidarité entre personnel enseignant et administratif auquel nous sommes associés. C’est après ce repas que nous avons pris congé de l’école primaire privée Notre-Dame de l’Annonciation aux environs de 13h.

L’élève Ismaël Bachir Zou, l’étoile montante du collège avec 17,20 de moyenne en classe de 4e.

Le recouvrement intégral des frais de scolarité, une des difficultés majeures du collège

Le 8 mai 2023, un léger soleil brille et éclaire le ciel de Tougan. Nous en profitons pour nous rendre cette fois-ci au collège du Complexe scolaire Notre-Dame de l’annonciation. A 6h30, les élèves sont déjà à pied d’œuvre afin de donner une santé environnementale durable à leur lieu d’études. Pendant que certains s’occupent des salles de classe, d’autres mettent les bouchées doubles pour débarrasser la cour de ses ordures. Une quinzaine de minutes plus tard, les élèves sont convoqués par la sœur Albertine Paré, directrice du collège, pour la prière comme il est de coutume ici. Contrairement au primaire où la prière est faite dans chacune des classes, ici tous les élèves se rassemblent pour son exécution. Pour la circonstance, les élèves et leurs enseignants ont une prière spéciale pour le retour de la paix au Burkina Faso. Sur des bouts de papier que la sœur directrice a remis à chaque élève, les mots introductifs du message sous forme de prose poétique disent ceci : « Dieu de toute bonté, nous te rendons grâce pour le Burkina Faso. Ce beau pays que tu nous as donné. Aujourd’hui, son bien-être, sa liberté et sa paix sont menacés. Par des actes de violences graves. Les vies de ses fils et filles sont sans cesse fauchées. Les biens et les patrimoines sont réduits à néant ».

Les élèves de la 3e en cours d’éducation physique et sportive.

Une fois la prière dite, les élèves regagnent leurs classes respectives. Dans la classe de troisième, l’heure est aux révisions générales. Devant ses élèves, Windyam Camille Ouédraogo, professeur de français, fait un rappel des règles grammaticales à travers une étude de texte gravée au tableau. « Bientôt les examens. Nous essayons de rappeler quelques règles que nous avons vues depuis le début de l’année pour nous rassurer que les élèves n’ont pas oublié. Sinon le programme, nous l’avons terminé un peu plus tôt », a laissé entendre M. Ouédraogo. Qu’est-ce que ça fait d’être enseignant dans un tel collège qui produit d’excellents résultats ? Avec un sourire, Camille Ouédraogo se dit honoré mais confie être constamment sous pression car « les premières promotions du collège ont ouvert la voie de l’excellence. Du coup, les promotions actuelles et futures ont l’obligation de maintenir ce cap, voire de le surpasser. Ce qui fait que nous sommes constamment dans le travail pour ne pas trahir cette tradition, c’est-à-dire réussir avec brio ». Cet objectif, il n’y a pas que les enseignants qui se le fixent au collège Notre-Dame de l’annonciation. En première ligne, il y a les apprenants ; et cette année, ils sont au total 24 élèves dont 18 filles et six garçons qui tenteront dans quelques jours d’inscrire en lettres d’or le nom du collège à l’examen du BEPC 2023.

Windyam Camille Ouédraogo, professeur de français.

Cette lourde mission, Fatimata Dao, présentée comme une étoile nationale, compte bien l’accomplir afin de récompenser l’effort fourni par ses parents et ses encadreurs. Elle partage ses ambitions avec nous en ces termes : « Cette année, je ne compte pas seulement réussir au BEPC. Je compte réaliser l’une des meilleures performances cette année. Au CEP, j’étais parmi les premiers nationaux. Donc cette année, tous les regards sont tournés vers moi. Il faut que je relève le défi pour donner cet espoir que ma province, ma région et mon pays cherchent. Bien sûr que je suis consciente que pour arriver là où je vise, je dois beaucoup étudier. Je remercie beaucoup nos encadreurs qui nous consacrent tout leur temps en nous apprenant beaucoup de choses. Avec les camarades, nous sommes organisés en groupes de travail. Personnellement, j’ai mon emploi de temps qui me permet de réviser mes cours et de faire beaucoup d’exercices une fois à la maison. Aussi, j’écoute les conseils des grandes personnes. Je dois honorer mes parents qui se battent au quotidien pour m’accompagner dans mes études. Je veux qu’ils soient fiers de moi ». Être fiers d’eux, c’est la commune volonté que partage la plupart des élèves de la classe de 3e dans cet établissement du post-primaire. Munis de cahiers ou de tout autre document utile aux révisions, tous les moyens sont bons pour y parvenir.

Chaque matin, les élèves et leurs enseignants procèdent à la montée des couleurs, un acte de patriotisme et d’attachement à la nation.

Le collège privé Notre-Dame de l’annonciation, selon la sœur Albertine Paré, a ouvert ses portes en octobre 2016. Il dispose de quatre salles de classes, trois bureaux pour l’administration, deux blocs de latrines, un parking et un terrain de sport. Le collège a une capacité d’accueil de 240 élèves. Mais pour l’année scolaire 2022-2023, il ne compte que 140 élèves avec 75 filles et 68 garçons repartis dans les quatre salles de classes. Deux types d’élèves ont accès à l’établissement. Il s’agit des affectés de l’Etat et des recrues sous forme de complément d’effectifs. Les premiers doivent débourser 75 800 F CFA et les deuxièmes catégories la somme de 109 800 F CFA comme frais de scolarité, réparties en trois tranches de versement. Des conditions souvent difficiles pour les parents d’élèves et l’intendance du collège en est bien consciente, selon l’économe, la sœur Augustine Traoré.

Le complexe est bâti sur une superficie de 10 ha.

A l’entendre, le recouvrement intégral des frais de scolarité est l’une des difficultés majeures du collège. « Compte tenu de la situation sécuritaire qui a mis à genoux l’économie de la province, les parents ont du mal à joindre les deux bouts. Et quand certains viennent nous expliquer leurs conditions de vie en famille, nous leur permettons de payer selon leurs moyens. Cette situation nous contraints dans nos réalisations, mais c’est une réalité. En tant que Missionnaires de l’Annonciation, surtout au service de la communauté, nous la partageons avec les parents ; sinon notre existence n’aura pas de sens », confie avec beaucoup d’enthousiasme la sœur Traoré, qui avoue par ailleurs que bien d’autres difficultés liées au recouvrement des frais de scolarité existent au collège. Il s’agit, entre autres, de la situation des élèves qualifiés de cas sociaux et des élèves déplacés internes de plus en plus nombreux à Tougan, chef-lieu de la province du Sourou.

Alphonsine Drabo posant avec ses élèves de CP1.

La discipline n’est pas négociable

Dans cet établissement du post-primaire dirigé par la sœur Albertine Paré venue du Mali en septembre 2022 en remplacement de la sœur Eliane Paré, la discipline n’est pas négociable. Et dès la réception des dossiers, les élèves et même les parents d’élèves reçoivent un cours théorique afin d’éviter tout écart de comportement au sein de l’établissement. « Nos élèves sont constitués en majorité de jeunes en pleine croissance. A cette étape, s’ils sont bien suivis, nous pourrons déceler chez eux des qualités qui nous seront bénéfiques dans notre mission éducative. C’est la raison pour laquelle nous sommes exigeants sur le règlement intérieur dès la rentrée des classes », explique la religieuse. « Est-ce que vos excellents résultats sont les résultantes de votre rigueur disciplinaire dans l’établissement ou y a-t-il un secret particulier ? », lui avons-nous demandé.

La cour de l’école primaire soigneusement nettoyée par les élèves.

« Avant toute chose, nous sommes un établissement du Burkina Faso. Sur cette base, ce sont les curricula d’enseignement de notre ministère de tutelle que nous dispensons comme les autres établissements, avec la supervision des services déconcentrés du ministère. Au cours de l’année, nous exigeons deux devoirs et une composition par trimestre. L’enseignant qui peut faire plus, nous ne l’empêchons pas si cela peut apporter une plus-value à l’apprentissage. L’autre aspect est que nous aimons ce que nous faisons. Nous donnons de l’affection aux apprenants qui se sentent en famille. Si vous arrivez à instaurer un climat de confiance entre un enseignant et ses élèves, la réussite naturellement va venir. Aussi, nous avons des matières spécifiques propres aux établissements privés catholiques parce que nous sommes aussi là pour l’éducation de l’enfant, du jeune, en plus de l’instruction que nous donnons. Nous prenons aussi en compte la dimension religieuse et spirituelle de l’être. C’est pour atteindre cet aspect que nous avons introduit l’enseignement des cours d’éducation civique et morale et ce, depuis la classe de 6e. Ces cours tiennent compte des valeurs morales de toutes les religions ».

Une vue du parking du collège.

L’ancienne pensionnaire des écoles catholiques et internats religieux invite aussi les parents à s’impliquer davantage dans la scolarisation des enfants car, selon elle, le taux d’échec scolaire est également lié au non accompagnement des apprenants par leurs géniteurs. Elle ne mâche pas ses mots pour le faire savoir : « Il ne suffit pas de payer les frais de scolarité et des fournitures pour un enfant et espérer qu’il ramène de bons résultats scolaires. L’enfant doit être suivi à l’école pour qu’il sache qu’il a de la pression et que s’il échoue, il aura un parent sur le dos. Il n’aura pas le choix que d’étudier ».

Le jardin potager du complexe.

L’autre secret de la réussite, nous confie la sœur Albertine Paré, c’est la ponctualité des apprenants. Ici, nul n’a le droit de venir en retard sauf en cas de force majeure et même cela, il faudrait signaler son absence à la surveillance de l’établissement, sous peine de sanction. Bien avertis, les élèves ici n’osent pas aller à l’encontre de ces règles. Tout comme les retards non-justifiés, les bagarres sont proscrites dans l’établissement. Les élèves se contentent d’apprendre les leçons, de faire les exercices et de s’entraîner aux jeux moins dangereux et autorisés par le règlement intérieur.

Le Complexe scolaire Notre-Dame de l’annonciation, selon les dires des sœurs directrices de l’école primaire et du post-primaire, rencontre des difficultés à l’instar des autres établissements d’enseignement. Il s’agit entre autres du recouvrement des frais de scolarité, des problèmes liés aux infrastructures éducatives, sportives et sanitaires, à la gestion du personnel et à la disponibilité des ressources financières. Pour le cas précis de cet établissement, la situation sécuritaire et humanitaire vient s’ajouter aux difficultés déjà citées. Malgré toutes ces contraintes, le Complexe scolaire Notre-Dame de Tougan met les bouchées doubles pour inscrire son nom en lettres d’or lors des examens et concours scolaires de chaque fin d’année scolaire.

Taré Soumaïla Yaro (Correspondant)

Ardjouma Soro, chef de la Circonscription d’éducation de Tougan 1, à propos du Complexe scolaire Notre-Dame de l’annonciation de Tougan : « C’est un établissement qui nous surprend positivement dans le travail »

L’école primaire privée Notre-Dame de l’annonciation est une école qui fait partie de la Circonscription d’éducation de base de Tougan 1. En termes de performances, c’est l’une de nos écoles qui montrent toujours ses preuves surtout pendant les examens et concours de fin d’année. Elle a produit et continue de produire des étoiles et d’excellents élèves qui, chaque année, font la fierté de l’éducation dans notre province et dans notre pays en général. C’est un établissement qui nous surprend positivement dans le travail. Aussi avec les dirigeants, nous entretenons de très bons rapports sur le plan pédagogique. Je profite de votre micro pour traduire les sincères remerciements des plus hautes autorités de l’école burkinabè à tous ces braves enseignantes et enseignants qui ont pris ce métier comme un sacerdoce. Nous allons ensemble prier pour un retour définitif de la paix dans notre pays afin que nous puissions faire notre devoir, celui d’éduquer et d’instruire nos enfants.


L’anniversaire de Samad Zerbo, orphelin de père, a été fêté

La solidarité n’est pas un simple et vain mot au Complexe solaire Notre-Dame de l’annonciation de Tougan. En effet, pendant notre séjour, nous sommes tombé sur le jour de naissance d’un élève en classe de CP2 qui s’appelle Samad Zerbo, orphelin de père. Ses camarades de classe lui ont organisé une fête surprise, afin de lui permettre de passer de bons moments. Un acte de solidarité et de compassion qui laissera certainement des traces positives dans la vie du jeune orphelin à la recherche d’une affection paternelle.


La prière pour le retour de paix au Burkina Faso

« Dieu de toute bonté. Nous te rendons grâce pour le Burkina Faso. Ce beau pays que tu nous as donné. Aujourd’hui son bien-être, sa liberté et sa paix sont menacés par des actes de violences graves. Les vies de ses filles et fils sont sans cesse fauchées. Les biens et les patrimoines sont réduits à néant.

Dieu Notre Père

Regarde tes enfants. Ecoute notre supplication. Accorde aux cœurs meurtris le réconfort de mains solidaires et secourables. Aux déplacés internes, un prompt retour dans leurs familles. Et à tous ceux qui nous ont quitté, le repos éternel. Nous te prions aussi pour les auteurs de ces souffrances. Convertis leurs cœurs et les nôtres. Et fais grandir en nous tous, l’amour du prochain pour une véritable fraternité
Père éternel,
Bénis notre pays. Et donne-lui la paix profonde qui vient de toi. Par Jésus le Christ notre Seigneur. Amen ! »

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