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Pèlerinage à La Mecque à pied : L’expérience de El Hadj de Abdoul Salam Kafando

Publié le vendredi 30 janvier 2004 à 07h01min

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Le Pèlerinage à La Mecque est un acte très important pour le fidèle musulman. Aussi, ils sont des milliers de nos jours à s’y rendre en avion et en quelques heures seulement. Mais des fidèles ont effectué le voyage à pied il y a de cela, plusieurs décennies. A cette époque, l’avion n’était accessible qu’à de rares privilégiés. Sidwaya a rencontré un de ces rares disciples de Mahomed ayant accompli le hadj à pied. Il raconte son aventure.

Il s’appelle Abdoul Salam Kafando. Il réside au secteur 30 de la ville de Ouagadougou. Son âge, il ne le connaît pas exactement. "Quand le Mogho Naaba Koom régnait j’étais déjà un jeune garçon", explique-t-il. A cet âge-là, ce n’est pas évident que l’on puisse se souvenir avec précision de certaines choses. Cela s’est ressenti dans notre entretien.

Abdoul Salam Kafando ne se rappelle plus des noms de certaines villes qu’il a traversées au cours de son voyage.

Son aventure commence à Pouytenga quand il décide de quitter Tougouri, son village natal dans la province du Namentenga pour aller à La Mecque. C’était aux premières années de l’indépendance de la Haute-Volta. "A cette époque, ce n’était pas tout le monde qui pouvait faire le pèlerinage en avion", explique-t-il.

Avec son épouse (qui avait un bébé), et ses deux élèves coraniques, il décide de s’arrêter dans cette localité pour se faire de l’argent indispensable pour le voyage. Il y a cultivé du riz pendant une saison. "J’ai récolté près de 100 sacs de riz paddy que j’ai vendu. Après cela, j’ai poursuivi ma route", indique Abdoul Salam. Il mettra trois jours pour rallier Fada N’Gourma, la deuxième étape de son voyage vers La Mecque. Notre pèlerin ne s’attardera pas dans cette ville. Il passera une semaine avant de poursuivre sa route, toujours en compagnie de son épouse et de ses deux élèves.

Après douze jours de marche, c’est Niamey la capitale du Niger qui accueillit Abdoul Salam et sa famille. Il y restera deux ans. "Il me fallait de l’argent pour continuer", explique-t-il.

A Niamey, la chance le mettra sur le chemin du premier président du Niger, Hamani Diori. "Il m’a embauché pour la culture du riz. J’étais payé à 6000 F CFA par mois, avoue-t-il.

Abdoul Salam fait observer que le président Hamani Diori était très satisfait de lui. "Il ne voulait même plus que je poursuive ma route".

Quelques mois après le retour du chef de l’Etat nigérien qui s’était lui même rendu sur les lieux saints, Abdoul Salam réussit à quitter Niamey avec sa famille pour Kano au Nigéria. Mais en voiture cette fois-ci. Son séjour dans cette ville n’a duré que deux jours.

N’Djamena, la capitale tchadienne fut l’étape suivante de nos voyageurs. Abdoul Salam indique qu’il est resté six mois à N’Djaména. "J’ai dû renvoyer mes deux élèves qui m’accompagnaient à leurs parents au village ; mon frére qui résidait déjà à la Mecque me l’avait conseillé".

Abdoul Salam quitte donc N’Djamena six mois après pour le Soudan, dernière étape avant Arabie Saoudite. Notre pèlerin ne se souvient plus des noms des villes du Tchad qu’il a traversées avant d’entrer au Soudan.

Il nous a seulement expliqué que c’est un vaste territoire. Il a dit aussi que c’est à partir du Tchad qu’il a croisé d’autres futurs pèlerins avec lesquels il a fait chemin jusqu’au Soudan. "Certains étaient des peulhs de Dori, de Djibo mais il y avait aussi des Maliens et des Nigériens", précise-t-il.

A Karthoum, notre pèlerin séjournera deux ans. "Il me fallait de l’argent pour payer le bateau pour Djeddah. J’ai vendu de l’eau et effectué quelques petits boulots pendant les deux ans afin de me procurer la somme nécessaire".

De Djeddah à La Mecque, Abdoul Salam effectuera le trajet par autocar avec sa famille qui, entre-temps, s’était agrandie. Deux enfants étant effectivement nés au cours du voyage qui a duré 4 ans 6 mois.

Abdoul Salam dit avoir vécu quinze ans à La Mecque. Trois de ces enfants y verront le jour. En 1979, il décide de regagner son pays. "Je crois qu’à un moment donné, le gouvernement saoudien ne voulait plus de nous. Par un communiqué, il a annoncé qu’un avion sera à la disposition de ceux qui voulaient retourner dans leur pays et qui n’avaient pas les moyens. Je suis alors allé m’inscrire à l’insu de mon grand-frère. C’est ainsi que j’ai regagné la Haute-Volta. Un an après mon arrivée, Saye Zerbo a pris le pouvoir", souligne-t-il. Son frère aîné y est resté. Aujourd’hui, il est décédé mais ses enfants y vivent toujours, selon lui.

Etienne NASSA


Hadj 2004 : Près de 1400 Burkinabè sur les lieux saints

Ils sont cette année, 1372 pèlerins burkinabè à se rendre en Arabie Saoudite pour le pèlerinage. Comment a été préparé le hadj 2004 ? Dans quelles conditions va se dérouler leur séjour sur les lieux saints ? Le hadj 2004 sera-t-il moins traumatisant que celui de l’année passée où les pèlerins avaient énormément souffert des conditions de transport. Sidwaya a échangé avec la Commission nationale d’organisation du pèlerinage à La Mecque (CNOPM) sur ces questions.

Ce sont au total, 1372 pèlerins qui ont embarqué cette année 2004 pour La Mecque. Le voyage sur les lieux saints de l’Islam a nécessité le débloquage de la somme de 1 349 000 FCFA pour les adultes et 1 132 000 FCFA pour les enfants de 2 à 12 ans. Les montants couvrent le prix du billet d’avion, les frais de confection du passeport, le loyer en Arabie Saoudite, les prestations du hadj, le transport interne ainsi que la participation au fonctionnement de la Commission nationale d’organisation du pèlerinage à La Mecque (CNOPM).

Comme frais de fonctionnement du hadj 2004, le CNOPM a prélevé la somme de 100 000 FCFA pour chaque pèlerin. Avec les fonds récoltés, il a initié des innovations majeures. En effet, les pèlerins ont bénéficié d’une visite médicale globale à l’Office de santé des travailleurs (OST) aux frais de la Commission d’organisation. Cette mesure, a expliqué le secrétaire permanent de la CNOPM, M. Boubacar Yugo, permet de s’assurer de l’effectivité des visites. Les pèlerins seront restaurés pendant le voyage entre la ville de Djeddah et celle de Médine, une distance longue de 425 km. En outre, la Commission va offrir un repas aux pèlerins burkinabè le jour de la Tabaski.

Le "futur ladji" doit cependant avoir pour le voyage, un pécule minimum de 450 000 FCFA et aussi le prix du mouton qui est de 65 000 FCFA cette année.

"Des changements louables"

Pour le voyage, les pèlerins bukinabè ont emprunté la compagnie Air Sénégal International. Avec cette compagnie, la CNOPM espère éviter la galère qu’elle a connue en 2003 avec Faso Airways. En effet, a confié M. Boubakar Yugo, l’année passé, nous sommes restés plus de 70 jours en Arabie Saoudite, le temps de faire embarquer les bagages parce que l’avion n’était pas revenu. A l’aller déjà, c’était difficile, l’avion nous a donné 3 à 4 rendez-vous qu’il n’a pas respectés...". Concernant le hadj 2004, a affirmé M. Yugo, les autorités saoudiennes nous ont suggéré d’utiliser une compagnie régulière capable de pallier toutes les éventualités. C’est dans ce sens qu’une commission ad hoc a porté son choix sur Air Sénégal International, a-t-il conclu.

Côté hébergement, les Burkinabè seraient dans de meilleures conditions. Les 1372 pèlerins vont loger dans un même bâtiment situé à environ 800 mètres des sites de culte. Un soulagement sans doute quand on sait qu’avant, ils étaient à plus de 4 km des sites.

Toutes ces mesures visent à améliorer le hadj selon le secrétaire permanent du CNOPM. En attendant le retour prévu pour les 10, 11 et 12 février 2004.

Alassane KARAMA

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