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Burkina/Grandes conférences à l’ENAM : Les enjeux de la participation à l’effort de guerre au menu de la 2e édition

Publié le dimanche 11 juin 2023 à 21h30min

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Burkina/Grandes conférences à l’ENAM : Les enjeux de la participation à l’effort de guerre au menu de la 2e édition

L’Ecole nationale d’administration et de la magistrature (ENAM) a tenu, jeudi 8 juin 2023, la deuxième édition de ses grandes conférences. Pour cette édition, la réflexion était axée sur le thème : « L’engagement militaire et problématique d’une communauté de renseignement au Burkina Faso : enjeux de la participation citoyenne à l’effort de guerre ».

Le choix de ce thème : « L’engagement militaire et problématique d’une communauté de renseignement au Burkina Faso : enjeux de la participation citoyenne à l’effort de guerre » pour cette édition, vise à favoriser l’engagement citoyen à l’effort de guerre. Cela passe par la définition du concept d’engagement militaire tout en informant, en sensibilisant sur les menaces terroristes et en évoquant les défis d’un engagement dans la lutte contre l’hydre terroriste.

Pour traiter de ce sujet, des experts du domaine, issus des Forces de défense et de sécurité (FDS), ont été choisis. Il s’agit du commissaire divisionnaire de police Patrice Yéyé, par ailleurs directeur des unités d’interventions de la police nationale ; du commandant Boris Nadié, chef de la division informations de l’armée de terre ; du commandant Yacouba Seynou, directeur du Centre de recherches de la gendarmerie nationale et du commandant Philippe Bonkoungou, représentant l’Agence nationale de renseignement (ANR).

La conférence a été modérée par Tahirou Barry, enseignant permanent de l’ENAM

Le chef de la division information de l’armée de Terre, Boris Nadié, dans son exposé, « a tenté » de donner la définition du terrorisme. Ce que c’est que le terrorisme pour le commun des mortels et ce que c’est que le terrorisme pour le militaire qui part en guerre. Pour sa part, le représentant de l’ANR, Philippe Bonkoungou, a articulé sa présentation sur l’organisation des services de renseignements du Burkina Faso et le rôle des renseignements dans la réponse contre le terrorisme. Patrice Yéyé, le directeur des unités d’intervention de la police nationale, a quant à lui, entretenu le public par une introduction et des définitions sur les différents concepts contenus dans le thème.

La tâche est revenue au commandant du centre de recherche de la gendarmerie nationale, Yacouba Seynou, d’évoquer en long et en large l’importance et les enjeux de la participation citoyenne à l’effort de guerre. De sa présentation, on retient que l’histoire a montré à maintes reprises que l’effort de guerre d’un pays dépend, en grande partie, de la mobilisation de sa population. L’histoire nous enseigne qu’à travers les guerres mondiales et encore plus proches de nous, les guerres malheureuses que nous avons connues avec le Mali, il y a eu de la mobilisation de la part de l’armée mais aussi de la population. Il a souligné également l’exemple du peuple algérien entre 1991 et 2002. Donc, pour lui, la participation citoyenne à l’effort de guerre revêt une importance cruciale tant pour les opérations militaires que pour la cohésion sociale.

Patrice Yéyé, directeur des unités d’intervention de la police nationale, a tenté de définir les concepts clés du thème

De l’importance de la participation citoyenne à l’effort de guerre

La première mobilisation citoyenne, a mentionné le commandant Seynou, c’est la participation active des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) aux côtés des FDS, dans les opérations militaires. On a, à ce jour plus de 50 000 VDP communaux et nationaux. « Ils font face aujourd’hui à l’ennemi de façon vigoureuse. Ils participent également à la collecte du renseignement et à l’action militaire », a-t-il fait savoir. Il y a également les comités de veille et de développement qui participent également à la mobilisation des ressources humaines. D’autres initiatives locales existent, notamment les koglwéogo, les dozos, les rougas, entre autres. Il faut mentionner également le rappel des réservistes. Il s’agit des personnels des forces armées et qui sont rappelés en cas de besoin.

Le deuxième signal fort de la participation citoyenne souligné par le commandant Seynou, est la mobilisation des ressources économiques pour le financement de l’effort de guerre. Nous le savons tous, a-t-il dit, les guerres nécessitent d’importants moyens. Le Fonds de soutien patriotique « FSP », selon le dernier bilan, a mobilisé à ce jour plus de 20 milliards de francs CFA à ce jour. « Ce n’est pas négligeable mais pas assez au regard des enjeux bien sûr. Plus de 95% de ce Fonds est issu des consommateurs des produits de la Brakina. Il y a d’autres secteurs qui peuvent faire plus, notamment le secteur du BTP, le secteur minier », a-t-il regretté.

Le terrorisme pour le militaire qui part en guerre a été expliqué par le commandant Boris Nadié

Pour lui, on a tendance à perdre de vue le pan « soutien moral et psychologique ». S’il est vrai que la mémoire collective continue de voir les FDS comme une force répressive, « cela doit évoluer, cela doit changer », a-t-il souhaité. Parce que le soldat qui est engagé sous le drapeau pour défendre l’intégrité territoriale n’a pas de prix. Cet engagement ne peut être payé. « Ce n’est que la reconnaissance nationale qui peut être à la hauteur de cet engagement », a dardé le commandant du centre de recherche de la gendarmerie nationale.

Le commandant Philippe Bonkoungou de l’ANR a articulé sa présentation sur l’organisation des services de renseignements du Burkina Faso

Des enjeux de participation citoyenne

Les enjeux majeurs de la participation citoyenne à l’effort de guerre, selon le conférencier, c’est l’équité et la justice sociale. Pourquoi ? Parce que pendant les périodes de guerre ou de crise, il est crucial de veiller à ce que les sacrifices soient répartis de manière équitables aux populations. « Je ne pense que pas qu’à Ouagadougou (la capitale) nous ayons tous pris conscience de ce que d’autres vivent, notamment les Personnes déplacées internes (PDI) ». Ainsi, il suggère que nos comportements individuels et collectifs incarnent des valeurs de solidarité vis-à-vis de ces populations en difficultés.

Pour le commandant Seynou, les enjeux majeurs de la participation citoyenne à l’effort de guerre, c’est l’équité et la justice sociale

« On a des écoles fermées, d’autres détruites qui sont à reconstruire. En attendant, que deviennent ces enfants ? S’est-il interrogé. S’il est aussi vrai que des initiatives de solidarité isolées existent, M. Seynou a laissé entendre que cela doit être encouragé par l’implication de tous. « Il a demandé aux citoyens et aux acteurs de la société civile de faire un suivi des actions militaires pour s’assurer que les ressources mobilisées pour l’effort de guerre soient gérées de manière efficiente, conformément aux objectifs déclinés. Eviter aussi les abus de pouvoir. C’est ce qui pourra emballer tout le monde », a-t-il terminé.

Obissa Juste Mien
Lefaso.net

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