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Burkina : Promouvoir l’excellence scolaire est un chemin de résilience de la nation

Publié le dimanche 21 mai 2023 à 19h47min

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Burkina : Promouvoir l’excellence scolaire est un chemin de résilience de la nation

Peut-on en temps de guerre, ne pas aimer l’excellence ? Peut-on encourager la médiocrité, même en temps de paix ? Le patriotisme qui est sur toutes les lèvres en ce moment se conjugue forcément avec l’excellence. L’amour de la patrie se marie avec l’amour du travail bien fait, excellemment exécuté. Notre pays valorise-t-il autant les performances sportives qu’intellectuelles ? Les présidents du Faso reçoivent-ils autant les sportifs d’excellence que les personnes qui excellent dans les sciences et la technique ? Qu’est-ce que l’excellence ?

Elle semble une vertu partagée par bon nombre de personnalités qui distribuent des prix pour récompenser les succès dans les écoles primaires de leurs villages. Mais quand il s’agit d’offrir des bourses pour des études dans de grandes écoles, les bienfaiteurs sont absents. L’excellence vaut-elle seulement pour les individus, ou concerne-t-elle les nations ? A la veille des examens scolaires au Burkina, réfléchissons ensemble sur cette exigence qui, aujourd’hui plus qu’hier, peut faire la différence.

La guerre qui nous est imposée nous oblige à nous battre sur plusieurs fronts. Nous sommes en compétition avec différents ennemis et toutes nos actions doivent être excellentes pour arriver à leur imposer notre volonté. Pour y parvenir, il nous faut la volonté de gagner, l’envie de réussir et l’utilisation pleine et efficiente de notre potentiel. Notre pays a été appelé dans le passé : terre des hommes.

Si certains ont cru y voir la négation de l’existence de ressources minières, ils ont occulté que cette expression peut signifier aussi que c’est un pays d’hommes d’exception, d’hommes braves et courageux, d’hommes intègres… En un mot, cette expression met en relief la qualité du capital humain du pays. Que faisons-nous pour valoriser ce capital humain ? Avons-nous élaboré une stratégie pour en tirer le meilleur profit, pour en faire la base de notre survie et de notre développement ?

L’éducation est une des réponses à cette question. Si on doutait encore de sa nécessité, le fait que nos ennemis l’aient ciblée dans leurs attaques doit nous convaincre qu’elle est la solution victorieuse. Et que l’avenir du pays passe par nos enfants qui sont les créateurs d’un futur de paix et de développement. D’où l’importance de ne pas les abandonner au destin d’enfants soldats préparé pour eux par les groupes armés terroristes.

Quand on parle éducation, il y a différents courants de pensée qui prônent pour certains une école pour tous qui apprend aux plus grand nombre d’enfants à lire à écrire et à calculer sans trop se préoccuper de la qualité et de l’excellence, sans chercher à faire sortir du lot quelques spécimens de premier ordre. Il y a une autre doctrine qui essaie d’emmener quelques enfants plus intelligents à atteindre leur plein potentiel. En réalité c’est le vieux débat entre l’abondance et l’excellence laquelle est richesse. Au Burkina, notre système éducatif n’a pas tranché et semble hésiter.

Préserver les lycées scientifiques

Dans un pays comme le nôtre, l’école devrait être aussi un lieu de lutte contre la famine et nous essayons de le faire avec les cantines scolaires. Mais l’internat est le meilleur moyen d’atteindre de bons résultats scolaires pour une bonne proportion d’enfants. Pendant plus de cinq décennies, notre pays ne présentait pas plus d’une vingtaine d’élèves au bac C. Avec la création des lycées scientifiques nationaux avec régime d’internat, puis régionaux, la proportion des bacheliers de la série C a été multiplié par dix.

Pourquoi ? Parce que le pays s’est donné les moyens de prendre chaque année un peu moins de deux cents élèves dans les classes de ces lycées scientifiques nationaux de Bobo Dioulasso et Ouagadougou avec une prise en charge totale par l’Etat de seulement les meilleurs élèves admis au BEPC pour former de futurs bacheliers scientifiques. La recette marche, les taux de succès au bac sont de 100 % le plus souvent. Des rumeurs persistantes font état de faire payer l’internat aux parents d’élèves des lycées scientifiques. Pourquoi l’Etat veut-il tuer la poule aux œufs d’or d’une des bases du développement du pays ?

L’Etat devrait plutôt inciter les régions à prendre en charge l’internat dans les lycées scientifiques régionaux et donner le bon exemple en continuant à prendre en charge intégralement la formation des meilleurs au BEPC au plan national. Parce que ce système en améliorant les conditions de vie des élèves avec trois repas par jour, logés sur place avec des salles d’études et des dortoirs, une quarantaine d’élèves par classe, ce qui permet à l’enseignant de suivre tous les élèves, le système donne l’habitude de travailler et de rechercher l’excellence aux lycéens.

Les formations scientifiques en temps de guerre sont les ressources du succès, car ce sont des personnes qui apprennent très tôt à rechercher des solutions, à résoudre des problèmes. Ce n’est pas le moment de se priver de la formation de cette crème d’élèves, car le pays en a bien besoin.

Les bourses d’excellence

L’Etat devrait réfléchir à une réforme du Centre d’information, d’orientation scolaire et professionnelle (CIOSP) par la création de bourses d’excellence pour la formation de nos meilleurs étudiants dans les grandes écoles du monde entier. Nous achetons des drones en Turquie, pourquoi alors que ces technologies sont récentes ne formerions-nous pas nos enfants pour en faire nous-mêmes et être souverains sur ces questions ? Les guerres de demain se gagnent dans les écoles et les lycées aujourd’hui nous nous devons d’accompagner les meilleurs de nos enfants pour nous donner les moyens humains d’être compétitifs et ne pas rester à la merci de l’étranger qui ne nous défendra jamais mieux que nous-mêmes.

En ces moments difficiles, il nous faut tracer les chemins de l’excellence, bâtir les fondations humaines d’une nation plus forte plus éclairée sur les défis du monde actuel. Il est symptomatique que notre pays, ses sociétés commerciales et bancaires, ainsi que ses hommes riches et leurs fondations aient laissé un de nos fils qui a réussi à Polytechnique sans lui offrir une bourse.

Avec les écoles préparatoires aux concours des grandes écoles, existantes au Burkina, l’Etat doit se mettre au niveau en offrant des bourses pour les meilleures écoles des pays développés. C’est en allant apprendre dans les meilleures écoles américaines, chinoises, anglaises, françaises, canadiennes, suisses, etc. que les turcs et les iraniens arrivent à faire des drones chez eux que même la Russie leur achète. C’est cela aussi compter sur ses propres forces, ses propres intelligences. Malgré les difficultés, l’Etat ne devrait pas abandonner les efforts pour encourager l’excellence et tirer le meilleur parti des élèves les plus doués du pays.

Sana Guy
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 22 mai 2023 à 12:58, par TUABA@BDG En réponse à : Burkina : Promouvoir l’excellence scolaire est un chemin de résilience de la nation

    Toutes mes félicitations à vous M. SANA pour votre présente réflexion sur une véritable considération, à l’échelle nation, de l’excellence à l’école.

    C’est un sujet plus que prioritaire qui, à mon sens, devrait connaître un meilleur encadrement juridique, à défaut du niveau normatif légal, tout au plus celui réglementaire (un décret présidentiel).

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