Après un mois d’efforts, de dévotion, d’abstinence et d’intenses prières, les fidèles musulmans du Burkina Faso célèbrent la fête du Ramadan. Très tôt dans la matinée, les places publiques qui servent de lieux de grands rassemblements pour la prière de l’Aïd-El-Fitr ont connu leur ambiance coutumière. Nattes et tapis de prière en mains, quelques fidèles matinaux ont eu le privilège de prier à la place Wara-Wara de la ville de Sya. Cette prière a été dirigée par l’imam de la grande mosquée de Dioulassoba, Siaka Sanou. Ce, en présence de certaines autorités de la région des Hauts-Bassins.

Les fidèles musulmans ont encore prié pour la paix et la sécurité au Burkina Faso.

En ce jour qui consacre la fin de ce mois de pénitence, les fidèles n’ont pas manqué de louer Dieu et de le remercier de leur avoir permis de faire le jeûne en bonne santé. Une occasion aussi de demander au Tout-Puissant d’exaucer les prières et de pardonner tous les péchés. Invocations, prêches et bénédictions ont été les temps forts de cette grande prière matinale la célébration du Ramadan. Après avoir effectué les deux rakats de la prière, l’imam Siaka Sanou a procédé à la lecture de son sermon.

El Hadj Ibrahim Dembélé de la communauté musulmane de l’Ouest a rendu grâce à Dieu pour cette journée de fête.

Au regard de la situation sécuritaire du pays, le contenu de son message était beaucoup plus axé sur la paix, la sécurité au Burkina Faso, la cohésion sociale et surtout le renforcement de la foi musulmane. Il a ainsi invité tous les filles et fils du pays à cultiver le dialogue et la cohésion sociale au sein de leurs communautés. L’imam Siaka Sanou a par ailleurs rappelé la nécessité pour tout un chacun de promouvoir la culture de la paix, le pardon et la cohésion sociale au Burkina Faso. Au nom de la communauté musulmane, El hadj Ibrahim Dembélé a souhaité la bonne fête à tous les Burkinabè.

« Nous rendons grâce à Dieu pour cette journée et pour nous avoir permis de terminer ce mois béni dans la santé. Ce matin, nous avons prié pour notre pays, pour le président du Faso et pour tous les membres du gouvernement. Nous avons prié également pour nos FDS et VDP qui se battent pour notre sécurité. Nous prions toujours pour que reviennent la paix et la stabilité au Burkina », a dit El hadj Ibrahim Dembélé.

Les autorités administratives et politiques de la région des Hauts-Bassins ainsi que la communauté catholique, venues accompagner les musulmans dans la prière.

Le Burkina, un exemple de cohabitation harmonieuse entre les communautés
Il est de coutume chaque année pour les autorités administratives et politiques de la région des Hauts-Bassins ainsi que pour la communauté catholique, d’accompagner les musulmans dans les moments de fête. La tradition a encore été respectée cette année. Parmi les autorités présentes à la prière, il y avait la secrétaire générale de la région des Hauts-Bassins, Mariama Konaté ; le vice-président de la délégation spéciale régionale des Hauts-Bassins, Mahamadou Barry ; et le premier vice-président de la délégation spéciale communale, Idrissa Gansoré. La communauté catholique y était également représentée par les abbés Bakary Jean-Prosper Sanou et Mathieu Sanou.

Au nom du gouverneur de la région des Hauts-Bassins, la secrétaire générale de la région, Mariama Konaté, a exprimé sa reconnaissance à la communauté musulmane pour ces moments de prières en faveur du pays.}

Au nom du gouverneur de la région des Hauts-Bassins, la secrétaire générale de la région, Mariama Konaté, a exprimé sa reconnaissance à la communauté musulmane pour ces moments de prières en faveur du pays. « Cette célébration est d’une importance capitale pour les Burkinabè. C’est un jour important dans la vie des musulmans après un mois de prière et de pénitence. Il est de bon ton que l’administration soit là pour marquer sa présence auprès des musulmans, afin de traduire la proximité de l’Etat ; dire à la communauté musulmane que le gouvernement est sensible à toutes les prières qui ont été faites pour le retour de la paix au Burkina Faso », a-t-elle laissé entendre. Avant de souhaiter une heureuse fête de Ramadan aux musulmans.

Même son de cloche du côté du vice-président de la délégation spéciale régionale des Hauts-Bassins, Mahamadou Barry. « Les fidèles ont fait un mois de prières, de jeûne, d’adoration et de pénitence. Et aujourd’hui, c’est la fête ; sans oublier que les chrétiens ont fini de fêter il n’y a pas longtemps. C’est pour dire que le Burkina a tout pour vraiment demander au seigneur de nous ramener la paix au pays. C’est pourquoi, en ce jour, nous souhaitons à tous les Burkinabè la santé, la prospérité dans la joie, la paix surtout au Faso. Et nous allons toujours implorer Dieu pour qu’il nous accorde la paix au Faso », a indiqué Mahamadou Barry.

L’abbé Bakary Jean-Prosper Sanou s’est réjoui des bonnes relations de cohabitation qui existent entre les différentes communautés religieuses au Burkina Faso.

Pour l’abbé Bakary Jean-Prosper Sanou, responsable chargé du dialogue islamo-chrétien dans l’archidiocèse de Bobo-Dioulasso, c’est un honneur pour lui d’être aux côtés des fidèles musulmans en ce jour de fête. Il s’est réjoui des bonnes relations de cohabitation qui existent entre les différentes communautés religieuses au Burkina Faso. C’est pourquoi, il a saisi cette occasion pour lancer un appel, afin que les liens d’amitié, de fraternité et de collaboration qui unissent tous les fils du pays, particulièrement les musulmans et les chrétiens, grandissent et connaissent des lendemains meilleurs.

Cependant, il n’a pas manqué de souligner que c’est au nom de l’archevêque, Mgr Paul Ouédraogo, et au nom de l’ensemble des fidèles catholique de l’archidiocèse de Bobo-Dioulasso, qu’ils sont venus, lui et l’abbé Mathieu Sanou, communier avec la communauté musulmane en ce jour de fête. « Nous sommes là au nom de notre père de famille, Mgr Paul Ouédraogo. Au-delà de sa personne, au nom de l’ensemble des catholiques de Bobo-Dioulasso. Musulmans et catholiques, nous partageons nos joies et nos peines ensemble ; nous célébrons les évènements heureux et malheureux ensemble. Le vivre-ensemble est très fort entre chrétiens et musulmans, car nous sommes issus du même père et nous habitons tous la même case familiale, nous sommes un. C’était donc un devoir pour nous de venir prier avec nos frères musulmans, vivre ces moments de fraternité avec la communauté musulmane », a souligné l’abbé Bakary Jean-Prosper Sanou.

Au regard de la situation sécuritaire du pays et de la cherté de la vie, les fidèles n’ont que le choix de fêter dans la sobriété. Toutefois, l’ambiance des jours de fête musulmane n’a pas manqué dans la ville de Sya, notamment le partage des repas et le port de nouveaux habits.

Romuald Dofini
Lefaso.net