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Dissihn (Sud-Ouest) : Des enfants formés à la fabrication et à l’entretien d’instruments de musique traditionnelle

Publié le lundi 10 avril 2023 à 08h30min

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Dissihn (Sud-Ouest) : Des enfants formés à la fabrication et à l’entretien d’instruments de musique traditionnelle

L’association Naabow Développement a bénéficié d’une subvention du Fonds de développement culturel et touristique (FDCT) pour la mise en place de son projet de « confection/entretien des instruments de musique traditionnelle, de valorisation de la musique et de la danse funéraire chez les Dagara de la commune de Dissihn ». Durant six mois, des enfants ont été initiés à la confection et à l’usage d’instruments de musique traditionnelle. La cérémonie de présentation de la première phase de l’exécution dudit projet est intervenue ce 1er avril 2023 à Dissihn (province du Ioba, région du Sud-Ouest), en présence de parents et d’acteurs culturels.

Ils sont au total 30 enfants, dont 17 garçons et treize filles, à être encadrés dans le cadre de ce projet de valorisation et de sauvegarde des instruments de musique traditionnelle des Dagara, dans la commune de Dissihn.

Les raisons de la mise en œuvre de ce projet sont nombreuses, nous confie le coordonnateur de l’association Naabow Développement. « Nous avons constaté qu’à Naabow, qui est le quartier de la chefferie, et en général à Dissihn, nos balafonistes sont devenus vieillissants. Bon nombre sont décédés et la jeune génération s’intéresse très peu au balafon. Aussi, dans le quartier de la chefferie, il y a de vieux balafons et il n’y a personne pour les entretenir. Lors des funérailles, il faut attendre plusieurs heures pour voir des balafonistes arriver. Cela nous a fait tiquer… Et c’est ce qui nous a amenés à monter ce projet pour initier nos enfants à l’usage, à la fabrication et à l’entretien des instruments de musique traditionnelle de chez nous », a expliqué le coordonnateur. L’activité d’apprentissage a été étalée en onze modules. Elle a commencé le 22 août 2022 et prend fin le 30 mars 2023.

Cibler les enfants

Le choix des enfants pour bénéficier de cette formation s’explique, selon le président de l’association, Ulrich Hien, par le fait qu’ils assimilent vite et bien. « Avec les adultes, l’apprentissage n’est pas aisé. Par contre, avec les enfants, lorsqu’une connaissance est acquise, elle est acquise pour de bon », a justifié M. Hien.
L’apprentissage est théorique et pratique avec des scolaires et des non-scolaires. Les modules sont, entre autres, l’anatomie du balafon, les notes musicales, les sons funéraires avec les différents types de balafon.

L’objectif est d’avoir au bout du processus des enfants capables de fabriquer un nouveau balafon et de le jouer, de même que d’autres instruments comme le tam-tam. En gros, il s’agit d’initier les enfants au b.a.-ba de la restauration et de l’utilisation des instruments de musique traditionnelle. La formation s’est tenue au sein du Centre d’éducation, de recherche, de production artistique et d’animation culturelle (CERPAAC), avec la supervision de son directeur, l’abbé Ferdinand Hien.

Satisfaction à mi-parcours

L’émotion est le plus grand sentiment qui anime le président de l’association Naabow, Jean Alphonse Somé. « C’est merveilleux de la part de nos apprenants et de tous les autres acteurs. L’initiative doit continuer et nous pensons que tout cela contribue à améliorer la vie de la communauté, et les habitants de Disshin doivent s’impliquer dans cette vie culturelle », selon lui.

Pour des résultats probants à long terme, le représentant du Fonds de développement culturel et touristique (FDCT) dans les Hauts-bassins, Issa Barry, n’a pas manqué de faire des recommandations au promoteur du projet : « A notre niveau, nous pensons qu’un tel projet doit avoir une suite. Il revient donc au promoteur de monter un autre projet sur la base des résultats obtenus pour pouvoir parfaire la formation des enfants afin qu’ils soient performants. C’est notre souhait pour un projet de qualité ».

Dans la même dynamique, la directrice régionale en charge de la culture du Sud-Ouest, Séraphine Somé, a souligné que ce projet n’est qu’à sa première phase. « En quelque sorte, c’est une pépinière qui a été créée avec de jeunes pousses qu’il faut arroser pour qu’on ait des plants, puis des arbres. Un travail de base a été fait, l’initiation a été faite, mais c’est loin d’être fini. Il faut renforcer les acquis de ces jeunes-là pour qu’on ait des artistes spécialistes, qui maitrisent l’art du balafon et des danses traditionnelles, d’où la nécessité de la phase suivante », a expliqué la directrice régionale. Puis de rappeler que « le balafon est l’un des éléments de l’identité culturelle des peuples du Sud-Ouest ».

Le balafon est présent dans toutes les étapes de la vie du Dagara, en temps de peine comme en temps de joie, a rappelé le coordonnateur de l’association Naabow développement, Ulrich Hien.

Boubacar TARNAGDA
Correspondant à Gaoua
Lefaso.net

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