Riposte contre les pandémies au Burkina : L’ISSP lance un projet qui intègre les femmes et les adolescentes du secteur informel
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L’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP) et l’université du Québec en Outaouais ont lancé, ce jeudi 6 avril 2023, à Ouagadougou, au cours d’un atelier, le projet : « Mieux intégrer les femmes et les adolescentes du secteur informel dans la définition des mesures de riposte aux pandémies ». La méthodologie de mise en œuvre du projet, son apport au public cible, entre autres, ont été présentés aux différentes parties prenantes au cours de cette rencontre.
D’une durée de deux ans, le projet « Mieux intégrer les femmes et les adolescentes du secteur informel dans la définition des mesures de riposte aux pandémies » est financé par le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) à hauteur de près de 300 millions de francs CFA, à l’issue d’un appel à projets. Il sera piloté par l’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP) et l’université du Québec en Outaouais.
Selon les explications de la maîtresse de conférences, chercheuse principale de cette étude, Madeleine Wayack-Pambé, ce projet vise à examiner le niveau d’inclusion des adolescentes et des femmes du secteur informel dans la définition des mesures de riposte aux pandémies et à l’atténuation de leurs conséquences ainsi que les facteurs facilitants et contraignants de cette inclusion. Aussi, a-t-elle révélé, qu’il s’agira d’analyser les conséquences de ces mesures sur les activités économiques et la santé mentale sur ces dernières. Un autre objectif scruté, non des moindres, c’est de développer et de mettre en œuvre des stratégies de riposte de la covid-19, par exemple, co-construites en tenant compte des besoins spécifiques des différentes catégories qui composent le groupe des adolescentes et des femmes dans le secteur informel.
Cette étude a été commanditée suite à un constat : aux premières heures du covid-19 en mars 2020, le confinement, la fermeture des établissements de formation et d’enseignement, des marchés, des lieux de culte, de restauration et de loisir, l’instauration d’un couvre-feu, la suspension du trafic entre localités urbaines et la fermeture des frontières ont durement affecté la majorité de la population, notamment celle vulnérable. Selon la chercheuse principale, des études menées au Burkina Faso sur l’impact des mesures de ripostes à la pandémie du covid-19 ont révélé qu’elles ont touché plus négativement les activités économiques du secteur informel : 87% des activités de Bobo Dioulasso et 84% de celles de Ouagadougou. Cette étude, de l’avis de Mme Wayack-Pambé, permettra de combler ce vide de connaissances.
L’économie informelle, source de création d’emplois
Le président de l’université Joseph Ki-Zerbo, Pr Jean-François Kobiané, a fait remarquer que malgré son poids dans la vie économique, le secteur informel est caractérisé par la précarité et la vulnérabilité des emplois. M. Kobiané est convaincu que cette étude permettra à terme, de trouver des solutions idoines aux difficultés que vivent les femmes et les adolescentes surtout après une crise comme celle du covid-19.
Le conseiller technique du ministre en charge de l’enseignement supérieur, Alain Ouédraogo, est quant à lui convaincu qu’elle améliorera les politiques publiques en matière d’égalité de genre au Burkina Faso et contribuera sans nul doute, à l’élaboration de stratégies politiques plus inclusives devant apporter des réponses adéquates aux crises sanitaires. « Ce projet est donc pertinent et innovant non seulement en termes de recherche scientifique, mais aussi et surtout en termes de retombées socio-économiques pour notre pays », a indiqué le conseiller technique du ministre en charge de l’enseignement supérieur.
« Je tiens à préciser que mieux intégrer les femmes et les adolescentes du secteur informel dans la définition des mesures de riposte aux pandémies fait partie de 22 projets ayant bénéficié d’un financement suite à un appel à candidatures lancé par le CRDI à laquelle ont répondu près de 400 institutions basées dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires », a rappelé le directeur de cabinet du ministère en charge de l’emploi, Eric Zoungrana, représentant le ministre. Il a profité de cette occasion pour féliciter les membres de l’équipe qui ont eu le cœur à la tâche pour obtenir le financement. Les recherches, a-t-il dit, ciblent particulièrement les femmes et les adolescentes du secteur informel qui sont au centre de la dynamique économique du pays.
Salif Nikièma, Président du Conseil national de l’économie informelle du Burkina Faso (CNEI-BF), n’a pas tari d’éloges pour cette étude. "Je remercie tous les professeurs de l’université. Je remercie les acteurs qui ont eu la vision d’accompagner les acteurs du secteur informel au Burkina Faso. Tous les acteurs du secteur informel sont contents parce que cette initiative, c’est du jamais vu au Burkina Faso. Nous les petits acteurs devant des grands professeurs, c’est historique" a-t-il souligné. "Au Burkina Faso, si ce genre d’initiative existe, pays va avancer. Nous sortirons de nos difficultés. Nos mamans ici représentées ce matin, représentent plus de 90% des acteurs du secteur informel. C’est notre pays réel et nos braves femmes sont des femmes battantes. Elles se battent jour et nuit pour la survie de leurs familles. Elles se battent pour mettre nos petits frères dans les écoles, les universités, etc." a rappelé le premier responsable du secteur informel.
"Cette étude nous préoccupe nous, acteurs du secteur informel. Nous sommes vraiment ravis et nous attendons les résultats. Vous savez que les pandémies ne préviennent pas. Je suis vraiment très ému, très content parce que nous sommes des acteurs qui sont délaissés alors que c’est nous qui faisons l’économie du Burkina Faso. Mais à chaque fois, les gens décident sans nous. On ne peut pas soigner un malade en son absence" a conclu M. Nikiema.
Obissa Juste Mien
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