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Pèlerinage national 2023 au sanctuaire de Yagma : « L’incivisme des tout-petits se nourrit de celui des adultes » déplore Mgr Gabriel Sayaogo

Lefaso.net

Publié le lundi 6 février 2023 à 21h25min

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Pèlerinage national 2023 au sanctuaire de Yagma : « L’incivisme des tout-petits se nourrit de celui des adultes » déplore Mgr Gabriel Sayaogo

Les fidèles catholiques du Burkina ont effectué ce dimanche 5 février leur pèlerinage au sanctuaire marial Notre Dame de Yagma, dans la banlieue nord de Ouagadougou. Au cours de la messe qu’il a présidée, en présence du cardinal Philippe Ouédraogo, Mgr Gabriel Sayaogo, vice-président de la Conférence épiscopale Burkina-Niger, a particulièrement insisté sur les comportements inciviques dont le bon chrétien doit se défaire.

Les fidèles catholiques ont accompli le dimanche 6 février 2023 le pèlerinage annuel à Yagma. Un pèlerinage honoré dans un contexte sécuritaire difficile marqué par le terrorisme. La prière s’est beaucoup focalisée sur un retour de la paix au pays des hommes intègres. Au début de la célébration, des colombes blanches, symboles de la paix, ont été lâchées mais sont étrangement et sagement restées au pied de l’autel durant toute la célébration.

Au cours de la célébration, monseigneur Gabriel Sayaogo archevêque de Koupèla, a rappelé les devoirs du bon chrétien. Selon la parole de Dieu, être un chrétien c’est être un autre Christ, incarner en soi les mêmes sentiments que ceux de Jésus Christ, être un exemple d’enthousiasme de courage d’abnégation de civisme de discipline et être amoureux du travail bien fait.

« Il nous arrive, presqu’à tous, de nous plaindre de l’incivisme des jeunes et des enfants, ces jeunes qui cassent les feux tricolores, qui brûlent les pneus sur le bitume, qui le creusent. Mais nous oublions facilement que l’incivisme des tout- petits est nourri par celui des adultes. Quand tu occupes la chaussée au volant de ta grande Prado, le téléphone à l’oreille, roulant à vingt à l’heure, alors que derrière toi, des gens portent un malade à l’hôpital et ne peuvent pas passer devant toi, que fais-tu de mieux que ces enfants qui prennent en otage leur enseignant et le ridiculisent ?

Quand des dossiers qui sont dans un tiroir, à l’intérieur d’un bureau qui se ferme courent le risque d’être emportés par le vent si on ne pose pas des briques dessus, personnellement je ne fais pas de différence entre les auteurs de ces actes et ceux qui creusent le goudron. Si parmi les auteurs de ces actes il y a des fils de l’Eglise, ils sont comme le sel qui s’est dénaturé », a laissé entendre Mgr Gabriel Sayaogo, archevêque de Koupèla.

L’archevêque de Koupèla, a par ailleurs évoqué des cas d’incivisme que le bon catholique doit bannir. « Des gens l’ont certainement expérimenté : il arrive qu’ici au Faso, le pays des hommes intègres, on se rende dans des institutions autour de dix heures passées et de constater, alors que les bureaux s’ouvrent normalement à sept heures trente minutes, que celui qui est censé occuper ledit bureau n’est pas encore arrivé. Il arrivera à onze heures, fera le tour pour saluer les collègues, prendra les nouvelles des uns et des autres, partagera ses propres nouvelles, sortira vers douze heures pour la pause-café et ne reviendra que vers seize heures, juste pour fermer le bureau et rentrer chez lui en attendant le lendemain. Si nous comptons des baptisés parmi ceux qui agissent ainsi, ils sont comme une lampe mise sous le boisseau.
D’autres faits se rencontrent couramment dans nos villes. Il suffit d’être attentifs et vous verrez souvent aux grands carrefours de la circulation trois ou quatre agents (Volontaires adjoints de sécurité, un élément de la police nationale, de la gendarmerie et de la police municipale) arrêtés à côté d’un feu tricolore pour règlementer la circulation. Et pendant que le feu est au rouge, vous verrez également quelqu’un passer sur sa moto, narguant au passage les agents qui sont là. En nous invitant à être sel et lumière pour le monde, Jésus nous rappelle que nous sommes citoyens d’un pays et que nous vivons avec d’autres hommes d’autres conditions, mais ayant droit aux mêmes avantages que nous. Cette prise de conscience ne laisse pas de place à l’égoïsme. Elle rend solidaire », a-t-il indiqué.

Le célébrant de la messe a aussi invité les catholiques à être « sel et lumière ». Cela pour dire « être juste » dans leurs revendications le jour où, en faisant une marche pour demander au gouvernement d’améliorer leurs conditions de vie, qu’ils fassent la même marche pour demander de nourrir l’immense foule de paysans qui, de temps en temps, ne récoltent rien mais doivent payer des taxes.

« Jésus nous appelle à chasser de notre vie la paresse, la passivité, l’indifférence la médiocrité, la tendance à nous contenter de l’à-peu-près et d’en être fiers. Être chrétien, c’est être un autre Christ, incarner en soi les mêmes sentiments que ceux de Jésus Christ, être un exemple d’enthousiasme, de courage, d’abnégation, de civisme, de discipline et être amoureux du travail bien fait. Il est contradictoire de se dire chrétien et de demeurer à longueur de journée chagrin, replié sur soi, boudeur, nostalgique, opportuniste, passant le temps à critiquer. On ne peut prétendre à la chrétienté et mener une vie désordonnée », a dit Mgr Gabriel Sayaogo, archevêque de Koupèla.

Selon Mgr Sayaogo, le Seigneur invite tous les fidèles catholiques à devenir agents de l’évangile. « La parole de Dieu nous interpelle aujourd’hui sur notre engagement chrétien dans la société. Le chrétien est celui qui sait qu’au nom de sa foi il y’a des choses avec lesquelles il ne peut pas composer. Pour le chrétien, il n’y a pas de compromis avec les situations d’injustice et de violence », a-t-il expliqué.

Carine Daramkoum
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