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Intronisation du nouveau chef de Tiébélé : sous le signe du rassemblement

Publié le lundi 26 janvier 2004 à 06h55min

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Le trône vaquant depuis plus d’une décennie de la chefferie coutumière de Tiébélé a désormais un occupant depuis le samedi 17 janvier 2004.

Le nouveau Tiébélépê (chef de Tiébélé) est Sa Majesté Poawê, nom de trône signifiant "Le Dieu des chefs". Par ce nom, le jeune chef de Tiébélé veut placer son règne sous la protection de la divinité des chefs coutumiers Kasséna. A l’état civil le chef de la deuxième ville du Nahouri s’appelle Dubadié Nahiri. Militaire de son état.

La cérémonie d’intronisation a tenu en deux (2) étapes qui ont consisté pour la première à ce que l’on appelle la remise de la calebasse au chef et pour la seconde au port du bonnet correspondant à la présentation publique du chef à la population.

Ces deux cérémonies se sont déroulées respectivement les 10 et 17 janvier. Et c’est cela qui a semé la confusion au niveau de certains journaux qui ont cru à l’intronisation de deux chefs rivaux avec deux camps opposés. En réalité, il n’en est rien. Si dissension il y a eu, c’est au niveau du choix qu’il fallait effectuer entre une cérémonie unique et une double cérémonie. En effet, les deux événements peuvent se dérouler séparément (à des dates différentes) ou concomitamment (le même jour). Les avis étaient donc partagés là-dessus. Finalement les deux actes se sont déroulés à une semaine d’intervalle l’un de l’autre. Le premier acte est essentiel et le deuxième officiel et populaire. C’est ce qui justifie la grande mobilisation du 17 janvier.

Ce jour Tiébélé a connu une liesse populaire . Le tout Nahouri s’y est donné rendez-vous pour les réjouissances populaires. Le député Théophile Dantiogué, l’ambassadeur de France, les premiers conseillers des ambassades de France et des Pays-Bas, le secrétaire général du ministère de la Culture, le chef coutumier de Tiébélé, le représentant du chef de Paga (village ghanéen situé à 18 km au Sud de Pô), sont entre autres les personnalités qui ont tenu à être de la fête.

Le nouveau "Roi" de Tiébélé à travers son porte-parole a salué cette mobilisation exceptionnelle autour du trône, tout en sollicitant le concours et les conseils avisés des uns et des autres pour un règne réussi. Car pour sa Majesté Poawê, la sagesse se trouve dans l’écoute de tous, sans négligence, ni discrimination. Ce qui renvoie à la philosophie selon laquelle un bon chef ce n’est pas celui qui opprime et terrorise, mais celui qui écoute, rassemble, réconcilie et juge avec équité.

Fort de cette vision, le tout nouveau chef place son règne sous le double signe du rassemblement et de la solidarité.

C’est un message court mais fort et plein de sens que le Tiébéliepê a émis. Il lui reste à joindre l’acte à la parole. Il lui reste également à ne pas tomber dans le piège facile de la politique politicienne à l’instar de certains monarques coutumiers qui y sont tombés.

Danzoupiou


Télébé Pê : Le film mythique d’une intronisation

A la disparition du chef de Tiébélé, le "Kora" ou fétiche royal est ramené à Boulmoana, village situé à quelques lieues de Tiébélé et détenteur officiel du fétiche. De grandioses funérailles du chef disparu sont ensuite organisées.

C’est à l’issue de ces funérailles que le processus du choix du futur chef commence.

Tous les princes candidats et éligibles au trône sont convoqués à "Yitié" un autre village environnant de Tiébélé pour le port d’une calebasse (sur la tête) et d’un sac (comme vêtement) pour l’étape des "paara" qui, elle se déroule à Yania dans un endroit sacré. Les "paara" sont des sortes de gros piquets en bois d’une longueur comprise entre 30 et 40 cm qu’on enfonce partiellement en terre pour maintenir attachés les moutons et chèvres. Chacun des princes plante son "paari" en terre en y mettant un signe de sorte à ce que l’on reconnaissait son piquet. Le lendemain seul un piquet reste débout (celui du prince élu). Tous les autres sont soit penchés , soit tombés.

Une fois le futur chef connu, "le kora" est de nouveau ramené dans la cour royale. Le prince élu passe 45 jours enfermé dans une maison en compagnie du fétiche et d’une fille vierge (une nouvelle épouse du chef) qui doit ressortir (de cette mise en quarantaine) porteuse d’une grosse.

Pendant le dernier tiers de ces jours, tous les princes se rasent la tête et passent tour à tour sur le kora" avec un poulet qu’ils offrent en signe de paix et de pacte avec l’élu.

Après ce processus de désignation du chef, commence le processus d’intronisation.

Le chef accomplit un certain nombre de rites et de sacrifices qui le conduisent en certains villages et endroits sacrés. Il doit notamment se soumettre à des rituels imposés non seulement par le kora" de la cour royale en provenance de Boumoana et appelé le Kora productif, mais aussi par le "kora" de Yinia appelé "kora" sanguinaire. A l’issue de ces rituels, il reçoit le bonnet du chef.

Il fait ensuite le tour d’un certain nombre de "Tangouana", qui sont des endroits généralement touffus et sacrés pour les remercier de leurs bénédictions et protection. Il remet en principe à chaque "Tangouan" un bœuf. En tout cas, il y a au moins cinq ’Tangouana" qui méritent chacun un bœuf en signe de reconnaissance.

C’est après cela et seulement après qu’il peut se présenter en public. D’où la cérémonie du 17 janvier.

Danzoupiou
Sidwaya

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