Protection des enfants au Burkina : Les autorités invitées à jouer pleinement leur rôle
LEFASO.NET
Les enfants du comité consultatif du projet « Prévenir et lutter contre les violences sexuelles et sexistes à l’égard des enfants au Burkina Faso (2021-2026) » ont eu une rencontre de plaidoyer avec des représentants des autorités politiques et des leaders d’opinion du système de protection du Burkina, le 21 janvier 2023. Organisée par le Bureau international des droits des enfants (IBCR), cette activité s’inscrit dans le cadre de la commémoration en différé de la Journée mondiale de l’enfance célébrée chaque 20 novembre.
Présent au Burkina Faso depuis 2015, le Bureau international des droits des enfants (IBCR) met en œuvre un projet sur la période 2021-2026, visant à prévenir et lutter contre les violences sexuelles et sexistes à l’égard des enfants au Burkina Faso, avec le soutien financier d’Affaires mondiales Canada. Ce projet accorde une place importante à la participation de l’enfant, qui s’illustre notamment à travers la mise en place d’un Comité consultatif d’enfants en 2022 dont la mission est de veiller à ce que les besoins des enfants soient pris en compte dans la mise en œuvre des activités.
Selon le comité des droits de l’enfant de l’ONU, la participation de l’enfant est un processus de dialogue entre enfants et adultes (et entre les enfants eux-mêmes) où les enfants se sentent écoutés et où leurs opinions sont prises en compte, dans le respect mutuel et dans une perspective d’équilibre. L’activité de plaidoyer de ce 21 janvier 2023 s’inscrit dans le cadre des actions de ce comité qui est composé de 30 enfants (dont dix du parlement des enfants, neuf de l’association des enfants et jeunes travailleurs du Burkina Faso et onze des clubs Deen-kan).
Elle est menée en différé dans le cadre de la Journée mondiale de l’enfance célébrée tous les 20 novembre en faveur des enfants, par les enfants eux-mêmes. « Les messages que les enfants vont vous présenter tout à l’heure ont été développés par eux-mêmes, dans leurs mots. Ce sont des messages forts qui nous interpellent toutes et tous afin que la prise en compte de l’opinion de l’enfant soit systématique dans nos actions quotidiennes les concernant. De la même façon, ce sont les enfants qui ont identifié les parties prenantes à inviter à cette activité de plaidoyer », a indiqué la cheffe de projet au BICR-Burkina Faso, Ndeye Astou Fall. En effet, cette tribune a permis la diffusion de messages de promotion et de protection des droits de l’enfant à l’échelle nationale adressés notamment à la ministre de l’Action humanitaire et à son collègue de l’Education nationale. Sur les conditions de vie de certains enfants au Burkina Faso, il leur est demandé de faire parvenir à toutes ces familles le strict minimum afin qu’elles puissent nourrir leurs enfants et par ricochet éviter que certains enfants abandonnent l’école ou même qu’ils soient exposés à la mort.
« Un seul enfant non inscrit à l’école équivaut à une grande perte pour la nation. Aidez-nous à travers des sensibilisations, des prises en charge ou des bourses pour ces enfants. Pour le droit à la santé, nous souhaitions qu’ensemble, nous sensibilisions les parents afin qu’ils sachent que la vie est sacrée », ont-ils plaidé. A l’endroit des leaders d’opinion, ils ont insisté sur la nécessité de redonner la joie de vivre aux enfants démunis ; la création de plusieurs centres pour accueillir les enfants vivant dans la rue, victimes de la maltraitance et du trafic d’enfants. A cela s’ajoutent le renforcement du contrôle des véhicules qui transportent uniquement des enfants et la création d’un centre de distraction gratuit où tous les enfants auront le droit de jouer, etc. La présente cérémonie a connu la participation des représentants de la présidence du Faso, du Premier ministère, de l’Assemblée législative de transition, des ministères en charge de l’Education nationale et de la Solidarité nationale, de la Fédération des églises et missions évangéliques (FEME), de l’église catholique, de l’Union nationale des parents d’élèves. Le coordonnateur national de l’Association des enfants et jeunes travailleurs du Burkina (CN/AEJTB) était également présent.
Chacun à son niveau a pris l’engagement de transmettre les messages reçus à qui de droit, pour que le développement de l’enfant soit holistique au Burkina Faso. Après avoir remercié le Bureau canadien des droits de l’enfant pour son appui, le chargé de mission au cabinet du ministère de la Solidarité nationale, Souleymane Sako, dira que toutes les préoccupations soulevées par les enfants sont légitimes. « Ils nous ont parlé des violences, des questions de santé, des enfants dans la rue, la prise en charge des PDI et la consommation des drogues dans les établissements scolaires. Nous avons pris conscience qu’il faudra que quelque chose soit fait. Je voudrais vous rassurer que pour toutes les préoccupations que les enfants ont soulevées, des choses sont déjà faites au niveau des différents départements ministériels. Vous avez vu, il y a des structures religieuses, et l’association des parents d’élèves qui étaient là. Chacun à son niveau a compris l’urgence de répondre à ces préoccupations. Nous allons transmettre ces préoccupations à qui de droit », a-t-il promis. Il s’est montré optimiste quant au traitement diligent de ces préoccupations dans les jours à venir. Cela permettrait de renforcer le dispositif mis en place par le Burkina Faso pour promouvoir et protéger les droits des enfants.
S’inscrivant dans cette dynamique, le département en charge de la protection de l’enfant est dans une démarche de renforcement du système national de protection de l’enfant et, ce, depuis plusieurs années. « Les enfants ont parlé de la question de la mendicité des enfants. Il y a déjà quelque chose qui avait été fait les années passées. Vous allez voir, dans les jours à venir, qu’un dispositif national est en train d’être déployé en commençant par Ouagadougou, pour apporter des réponses aux PDI qui sont dans la mendicité avec leurs enfants. Il y a aussi la question du Parlement des enfants. C’est une disposition qui a été mise en place pour permettre aux enfants de participer au niveau national. Vous avez le conseil national pour l’enfance et des structures au niveau central comme la direction générale de la famille et de l’enfant, et les directions provinciales et régionales. En plus de cela, nous travaillons avec les réseaux de protection de l’enfant aux niveaux provincial et communal, et nous sommes allés jusqu’à mettre en place des cellules communautaires au niveau des quartiers et des villages », a égrené M. Sako.
Le projet « Biig-yi-nere », faut-il le souligner, travaille en synergie avec six ministères dont les ministères en charge de la Santé, de la Sécurité, de la Défense, de l’Education, de la Solidarité ; le réseau de protection communautaire, ainsi que les associations qui encadrent les enfants. Mme Fall a profité de son intervention pour partager un aperçu des activités réalisées dans le cadre du présent projet. En plus d’avoir organisé, avec le comité consultatif des enfants, des séances de renforcement de capacités sur les violences sexuelles, et le suivi-évaluation à travers des collectes de données, des enfants issus des six zones d’intervention du projet ont vu leurs capacités renforcées sur le processus d’autonomisation. « Dans ces zones (le Nord, le Centre-Nord, Ouagadougou, Koudougou et Bobo-Dioulasso), nous travaillons avec les associations. Les enfants qui sont encadrés par ces associations seront renforcés en termes de droit et de prévention. Ils vont bénéficier aussi de mini-projets qui seront entièrement subventionnés par IBCR », a laissé entendre Mme Fall.
Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net