Venus de 178 pays et évalués à 2,5 millions selon les chiffres officiels, les pèlerins 2006 ont accompli leur mission après un séjour de près de deux semaines sur les lieux saints. A l’issue de l’escale de Makka où la plupart d’entre eux ont effectué la Oumra (petit pèlerinage) les pèlerins ont séjourné à Mina, Arafat et Muzdalifah, trois sites importants dans l’accomplissement du hadj. Des passages obligatoires pour tout aspirant au titre du hadj. Drapés de leur hiram blanc (tissu de deux pièces non cousu) et de robes noires pour les femmes, ils ont rallié ces villes à partir du 8 janvier au rythme de la « Labbayka alla houma Labbayk, Labbayka, la charika laka labbayk » (je réponds à Votre appel, mon Seigneur, oui je réponds à votre appel) chantée en chœur.

Que ce soit par bus (un millier environ), taxis, véhicules particuliers ou même à pied, les pèlerins se sont précipités pour atteindre Mina, première escale avant la tombée de la nuit comme le recommande la tradition. Ils y ont passé une nuit blanche à prier et à se préparer surtout pour l’étape d’Arafat qui constitue en fait le début réel du hadj. Tout commence à Arafat et c’est là que le pèlerin obtient son titre de hadj.

C’est également au cours du stationnement de Arafat que les pèlerins formulent leurs vœux en s’adressant directement au Seigneur. C’est donc l’étape ultime à ne pas rater. Ainsi, durant toute la journée du lundi 9 janvier, perchés sur les collines de Arafat, les mains levées vers le ciel, les pèlerins ont prié et demandé la grâce de Dieu. Avant le coucher du soleil, ils ont mis le cap sur Muzdalifah pour y passer la nuit. Une brève escale qui leur permit de prier mais surtout de s’armer de pierres pour le combat du diable à Mina, la Jamarat.

En effet, chaque pèlerin y a ramassé 49 petites pierres pour cette Jamarat de Mina qui se déroule sur trois jours. Le mardi 10 janvier à l’issue de la première lapidation du diable (Jamarat), jour de la Tabaski, les pèlerins ont procédé à l’immolation de leur mouton de sacrifice. Il faut souligner qu’on n’a pas besoin d’aller forcément soi-même acheter son mouton. Il suffit d’acheter le ticket de mouton à 390 rials (environ 60 000 F CFA) dans un des nombreux guichets à travers le pays, pour que l’acte de sacrifice soit accompli. C’est ce qu’ont fait d’ailleurs la plupart des pèlerins.

Pour encourager tous ces pèlerins venus de loin et souhaiter bonne fête de la Tabaski à tous les fidèles musulmans, le roi d’Arabie Saoudite, le serviteur des deux saintes mosquées, Abdallah ibn Abdul Aziz Al Saud a fait le déplacement de Mina. Il a souhaité aux pèlerins que leur hadj soit agréé par Dieu, que leur péché soit effacé et que leur retour chez eux se fasse dans de bonnes conditions. Il a fait remarquer dans son message que pendant le pèlerinage, tous les musulmans s’alignent devant Dieu sans aucune distinction de rang social.

« Si cette égalité proclamée par l’islam était observée dans nos sociétés, on aurait pu se débarrasser des maux de la pauvreté, de la répression et du despotisme », a-t-il souligné. Au cours de son séjour à Mina, le roi a offert une réception à ses invités du hadj et à quelques personnalités au rang desquelles les présidents sénégalais, Abdoulaye Wade et gambien Yaya Jameh venus pour le Hadj. Les pèlerins burkinabè, qui s’apprêtent à regagner le pays à partir du 21 janvier, ont été beaucoup soutenus par le président de la communauté musulmane El Hadj Oumarou Kanazoé et Adja Alizéta Ouédraogo (PDG Tan Aliz) venus également pour le hadj.

El Hadj Zakaria YEYE à Mina

Dans les coulisses du hadj

Le hadj fait partie des principales activités du Royaume d’Arabie Saoudite.

Aussi met-il un point d’honneur dans son organisation en tentant de mettre dans de meilleures conditions les pèlerins qui viennent de par le monde. Plusieurs dispositions ont été prises à cet effet.

La sécurité renforcée

Durant leur séjour, les pèlerins sont suivis de près par les Forces de l’ordre en vue de leur faciliter l’accès aux différents sites. Par exemple au Jamarat, 10 000 policiers essaient de jour comme de nuit de canaliser la marée humaine pour la lapidation du diable. Au total, pour la durée du pèlerinage, c’est 60 000 agents des Forces de l’ordre qui ont été mobilisés.

Un parc important d’ambulance

Des ambulances en nombre assez considérable sont constamment en alerte à travers la ville, sur les sites des mutuels et aux campements des pèlerins.

De l’eau et du pain gratuits

Le pèlerinage peut être considéré comme un marathon où la plupart des pèlerins s’épuisent le long du parcours. Pour ce faire, des sociétés et des personnes de bonne volonté procèdent à travers la ville à la distribution gratuite de bidons d’eau, de boissons (sucreries), des fruits, du pain etc.

Z. Y.

Sidwaya

Pélerinage à la Mecque : Plus de 300 morts dans une bousculade

Une violente bousculade devant les stèles symbolisant Satan à
Mina, à l’est de la Mecque, a fait au moins 345 morts jeudi, au
dernier jour du pèlerinage annuel aux lieux saints de l’islam.

"Le nombre de tués a atteint 345", a déclaré le ministre
saoudien de la Santé, Hamad ben Abdallah al-Mane, ajoutant
qu’il y avait près de 300 blessés.
Un précédent bilan de sources médicales à l’hôpital général de
Mina faisait état d’au moins 200 morts.
"Nous ne pouvons pas donner un nombre exact parce que nous
avons reçu quelque 600 victimes, dont beaucoup ont été
transférées vers d’autres hôpitaux", avait indiqué l’une de ces
sources.

"Un grand nombre des victimes provient des pays du sud-est
asiatique", selon des sources médicales.
"Il y a eu un accident aux stèles", a déclaré à l’AFP le directeur
régional de la défense civile, le général Adel Zamzami, précisant
qu’une "bousculade avait eu lieu" autour de ces stèles, où se
pressaient des dizaines de milliers de fidèles.

Des versions contradictoires circulaient sur les causes et les
circonstances du drame, qui s’est déroulé au dernier jour du
pèlerinage, alors que les pèlerins lançaient des pierres contre
trois stèles supposées symboliser Satan.
Au milieu de la foule, les pèlerins jonglent pour s’assurer que
leurs pierres ont touché le pilier, alors que les plus faibles
risquent d’être piétinés.

La bousculade est due à "l’indiscipline des pèlerins et à un
problème de bagages", selon le ministre de la Santé.
Les victimes "ont été tuées en raison de la chute des bagages
que portaient les pèlerins, ce qui a entraîné une bousculade à
l’entrée est du pont des stèles", a affirmé à l’AFP le porte-parole
du ministère de l’Intérieur Mansour al-Tourki.

D’autres témoins ont indiqué que les pèlerins qui
s’empressaient d’accomplir les rituels avaient emporté leurs
bagages pour regagner leurs foyers directement. Ces bagages
seraient tombés des bus, créant la bousculade.
"Les pèlerins se pressaient pour lancer les pierres sur la stèle
et accomplir le rite du pèlerinage avant le coucher du soleil", a
indiqué le général Zamzami.

Selon un témoin cité par Al-Jazira, des imams avaient émis une
fatwa recommandant d’accomplir la lapidation dans
l’après-midi. "La plupart des pèlerins ont suivi cette
recommandation sans tenir compte d’autres fatwas facilitant le
rituel", ce qui a provoqué la concentration de dizaines de milliers
de pèlerins autour des stèles, a-t-il indiqué.
Selon un autre témoin cité par al-Jazira, la bousculade a eu lieu
lorsque les policiers ont frayé un chemin à une haute
personnalité au milieu de la foule.
"Des ambulances et des équipes d’urgence se trouvent sur le
site et tentent de contrôler la situation", a déclaré le chef des
opérations d’urgence au ministère de la Santé, Tarek al-Arnous,
présent au moment de l’accident.

"Soixante-dix ambulances ont été dépêchées vers le lieu de
l’accident et les sept centres hospitaliers de la Mecque et
d’Arafat accueillent les victimes", a déclaré le chef des
opérations de secours d’urgence à la Mecque, Khaled Yassine.
"Il est impossible d’évacuer les victimes par hélicoptère en
raison de la densité de la foule sur le site", a-t-il ajouté.
Les télévisions satellitaires arabes ont montré en direct des
images de morts sur le site, couverts de draps blancs par les
secouristes.

Des bousculades ont déjà eu lieu pendant le pèlerinage à la
Mecque autour de ces stèles, notamment en 1994 (270 morts),
1998 (118 morts) et 2004 (251 morts). En 1990, une bousculade
dans un tunnel à Mina due vraisemblablement à une panne du
système de ventilation avait fait 1.426 morts, pour la plupart
asiatiques.
Un cordon de centaines de militaires en treillis a été dépêché
sur place après l’accident, selon les télévisions.

Le 6 janvier, quelques jours avant le début du pèlerinage, un
hôtel vétuste s’était effondré au centre de la Mecque, faisant 76
morts. Plus de 60.000 membres des services de sécurité, de
secours et de santé ont été mobilisés cette année pour
l’organisation du hadj.
Le hadj est l’un des cinq piliers de l’islam, et doit être accompli
au moins une fois dans leur vie par les musulmans qui en ont la
capacité physique et financière

Source : AFP

Pèlerinage à la Mecque : les principaux drames depuis 1979

Voici la liste des principaux incidents dramatiques qui ont eu
lieu depuis 1979 lors du traditionnel pèlerinage de la Mecque :

 12 janvier 2006 : une bousculade pendant la cérémonie de la
lapidation du Diable à Mina, près de la Mecque, au dernier jour
du hadj, fait au moins 345 morts et un millier de blessés

 5 janvier : l’effondrement d’un bâtiment utilisé comme hôtel pour
les pèlerins près de la Grande Mosquée fait 76 morts

 1er février 2004 : une bousculade pendant la cérémonie de la
lapidation du Diable fait 251 morts

 5 mars 2001 : une bousculade pendant la cérémonie de la
lapidation du Diable fait 35 morts

 9 avril 1998 : une bousculade pendant la cérémonie de la
lapidation du Diable fait 180 morts

 15 avril 1997 : un incendie dans un camp de pèlerins à Mina fait
343 morts

 23 mai 1994 : 270 pèlerins, pour la plupart indonésiens,
piétinés à mort pendant la cérémonie de la lapidation du Diable

 2 juillet 1990 : 1.426 pèlerins, pour la plupart malaisiens,
meurent asphyxiés ou piétinés dans un tunnel reliant la Mecque
à Mina

 9 juillet 1989 : double attentat à la bombe à la Mecque (un mort,
16 blessés). L’Arabie accuse des terroristes soutenus par
Téhéran -qui dément-et décapite 16 chiites iraniens pour ce
double attentat

 31 juillet 1987 : "vendredi noir" à la Mecque, où des pèlerins
iraniens manifestant contre les Etats-Unis s’opposent
violemment aux forces de l’ordre saoudiennes près de la
Grande Mosquée. Bilan : 402 morts, dont 85 Saoudiens et 275
Iraniens, et 649 blessés

 8 août 1986 : interpellation de 103 pèlerins iraniens à leur
arrivée à l’aéroport de Djeddah pour "raisons de sécurité". Des
explosifs sont saisis. Accusés aussi de transporter des photos
de Khomeiny et des tracts, ils seront libérés le 28 août

 22 août 1985 : quelque 150.000 pèlerins iraniens manifestent à
la Mecque et lisent un message aux musulmans de l’ayatollah
Khomeini. Plusieurs sont interpellés

 septembre 1983 : une cinquantaine de personnes sont
blessées, selon l’agence iranienne IRNA, dans des
manifestations anti-américaines et anti-sionistes

 8 octobre 1982 : expulsion du chef des pèlerins iraniens à la
Mecque avec plus de 140 Iraniens, après des manifestations
anti-israéliennes

 20 novembre 1979 : plus de 500 extrémistes sunnites armés
se barricadent dans la Grande Mosquée, après avoir pris des
fidèles en otages. Ils présentent l’un des leurs comme le
"Messie". L’assaut, avec le concours du GIGN français, est
donné le 4 décembre : 153 morts et 560 blessés. Mais au total,
ces affrontements feront plus de 300 morts, dont 63 décapités le
9 janvier.

Source : AP

Le Pays