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Fake news : Dr Sampala Balima analyse l’écosystème des fausses informations au Burkina

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Publié le jeudi 17 mars 2022 à 20h00min

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Fake news : Dr Sampala Balima analyse l’écosystème des fausses informations au Burkina

Dans un contexte marqué par une forte consommation des réseaux sociaux, les fausses informations (ou fake news) côtoient les vraies au quotidien. Intentionnellement ou par ignorance, des acteurs politiques, de la société civile ou des médias relaient des informations erronées.

« L’écosystème des fausses informations au Burkina Faso : une vue d’ensemble ». C’est le titre du rapport d’études sur les fake news au Burkina Faso menée par le Centre pour la démocratie et le développement (CDD).

Dans ce document de 16 pages, l’auteure, Dr Sampala Balima, rappelle d’abord la différence entre « mésinformation » et « désinformation ». La mésinformation implique la diffusion de mensonges sans tentative délibérée d’induire en erreur, tandis que la désinformation est un récit ou des faits manipulés.

« Ces deux notions sont plus communément regroupées sous le terme de “fake news”, utilisé dans ce rapport comme un terme générique », indique-t-elle. Ces types d’informations constituent une menace importante pour la démocratie libérale car si on les laisse se répandre et prospérer, ils désinforment les gens sur une gamme de questions civiques du vote à la responsabilité politique et à la corruption.

Des acteurs gouvernementaux et médias…

L’enseignante et chercheure à l’université Thomas Sankara souligne que l’analyse du contexte de la production et de la circulation de l’information au Burkina Faso montre une évolution du rôle des médias, qui place « les acteurs gouvernementaux comme des acteurs importants de la production et de la diffusion des fausses informations ».

A titre d’exemple, la politiste a pris le cas de l’ancien ministre des infrastructures, Éric Bougouma, qui, en avril 2021, affirmait lors d’une tournée dans la région de l’Est que sur les cinq dernières années, « je suis témoin de ce que le gouvernement fait pour la région et je peux dire qu’aucune autre région n’a bénéficié comme l’Est, de plus de 160 milliards d’investissements dans le domaine routier uniquement ».
Mais selon Boureima Salouka, un acteur d’une structure évoluant dans le « fact-checking », il s’agit d’une fausse information car une route de contournement, investissement dans la région du Centre, aurait un coût de plus de 200 milliards. « Or, les principaux organes en ligne ont publié cette information comme telle sans procéder à une vérification », note Dr Sampala Balima.

En plus de cet exemple, le rapport s’attarde aussi sur les cas des lanceurs d’alertes. Le mercredi 25 mars 2020, une photo présentant un homme avec des traces de sévices sur le corps a été publiée par Aminata Rachow, une web activiste burkinabè qui a 62 221 abonnés sur Facebook. Le message accompagnant la photo est : « une victime des bastonnades des FDS (Forces de défense et de sécurité) pendant le couvre-feu !! Ça, c’est un crime pas plus ». Une recherche d’images inversées sur Google faite par Faso Check a permis de retrouver l’origine de la photo. Elle a été publiée sur la page « Guinée-Conakry, cela a bien eu lieu » le 2 mars avec comme message « Torture en Guinée ».

Recommandations

Dans le rapport d’étude, quelques recommandations sont faites à l’égard de tous les acteurs, en commençant par le gouvernement, ensuite la presse et enfin le public.
Au gouvernement, Dr Balima recommande d’élaborer et de diffuser sur les espaces en ligne et hors ligne un programme de sensibilisation des populations sur les diligences à observer pour éviter la propagation des fake news. Elle propose aussi aux ministres de se faire assister de leurs conseillers lors des conférences de presse pour répondre aux questions d’ordre techniques.

Aux institutions publiques (universités et écoles professionnelles) de formations aux métiers de la communication, elle suggère d’intégrer le fact-checking dans la formation des journalistes et d’initier des curricula autonomes en fact-checking.

Quant aux organes de presse (audiovisuelle, écrite ou en ligne), elle souhaite de valoriser le fact-checking en créant une rubrique dédiée à la vérification de faits au public.

Cryspin Laoundiki
Lefaso.net

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