LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Cyberguerre Russie-Ukraine : Selon l’expert Younoussa Sanfo, l’Afrique devrait envisager la mise en place d’une cyber armée

Publié le mercredi 16 mars 2022 à 21h26min

PARTAGER :                          
Cyberguerre Russie-Ukraine : Selon l’expert Younoussa Sanfo, l’Afrique devrait envisager la mise en place d’une cyber armée

La cyberguerre est l’autre pan du conflit entre la Russie et l’Ukraine. Outre les bombardements de chars, il y a les attaques informatiques dans les deux camps. Même si ses dégâts sont moins ravageurs, cette cyberguerre interroge. Et selon l’expert en sécurité informatique Younoussa Sanfo, l’Afrique doit en tirer des leçons. Lesquelles ? La réponse dans cet entretien express qu’il nous a accordé en ligne.

Lefaso.net : Au-delà des bombardements en Ukraine, la Russie mène en parallèle, une cyber guerre contre l’Ukraine. Et les médias en parlent très peu, c’est cela ?

Younoussa Sanfo : Les médias du Burkina sont peu nombreux effectivement à en parler. Mais il me semble qu’un média burkinabè en a parlé. Les médias occidentaux tels que CNN, Le Monde, Huffington Post, The Guardian, Time, RFI, etc. en parlent, mais tous considèrent que l’ampleur des attaques est très faible. Ayant vu une liste des sites qui ont été attaqués et les noms des entités qui ont vu leurs données sensibles effacées, je ne suis pas du même avis que ces médias.

Pour l’instant, cette cyber guerre est-elle plus dévastatrice pour le pays que la guerre militaire ?

Sûrement pas ! Même si la cyberguerre devenait très importante, elle ne saurait être plus dévastatrice que la mort de milliers de personnes. Elle impacterait l’économie, les finances, le renseignement, mais ce ne serait rien par rapport aux trop nombreuses pertes humaines.

Est-ce la première fois que les hackers russes attaquent des installations sensibles de l’Ukraine ?

Pour l’instant, seul Anonymous revendique des attaques contre la Russie. Essentiellement des agences de presse. Dans l’autre sens « Un groupe de hackeurs nommé Ghostwriter, qui semble opérer depuis la Russie, a intensifié ses actions contre des personnalités militaires et des journalistes en Ukraine. En prenant le contrôle de comptes Facebook, Ghost-Writer dissémine des liens de désinformation, comme une vidéo YouTube, montrant faussement des soldats ukrainiens se rendant à des soldats russes. » (Source Radio France)
Vous voyez qu’il y a beaucoup d’incertitudes, ce qui est normal, puisqu’on parle de personnes qui ne cherchent pas spécialement la publicité.

Quelle est la puissance de la Russie en terme cyber nuisance dans le monde ?

Vu d’Europe occidentale, les Russes sont considérés comme très nuisibles. Les plus nuisibles, même. Mais, il convient de relativiser cela, dans un contexte de guerre froide. Les autres ne sont pas des enfants de chœur, non plus.

Y a-t-il une possibilité que la Russie soit à l’origine des cyber escroqueries visant à soutenir l’Ukraine ?

Difficile à dire ! Malheureusement, aujourd’hui, chaque événement n’importe où dans le monde qui a accès aux réseaux sociaux, chaque événement voit apparaître des cybers escrocs. Même chez nous, en Afrique. Pour ne pas dire au Burkina.

Quelles peuvent être les leçons à tirer pour les États africains spectateurs de cette guerre entre la Russie et les Occidentaux ?

Il faut :
• Promouvoir encore et toujours la solidarité, et jouer plus l’apaisement que de mettre le feu aux poudres ;
• Accélérer la mutualisation des moyens de lutte contre la cybercriminalité ;
• Envisager la mise en place d’une cyber armée au sein de l’UA ou de la CEDEAO ;
• Et, surtout, éviter d’importer le conflit chez nous, par des prises de position hasardeuses.

Un mot de fin !

Désormais, il faudra compter avec les attaques informatiques lors des conflits. Nos pays africains doivent intégrer la cyberdéfense dans leurs stratégies de défense. Nos armées doivent progressivement intégrer des cyber-guerriers dans leurs effectifs.

Interview réalisée en ligne par HFB
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Niger : Bientôt une École militaire de guerre (EMG) à Niamey