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Vente de pétrole au Burkina Faso : Vers une disparition de ce liquide autrefois indispensable

Publié le mardi 1er mars 2022 à 23h00min

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Vente de pétrole au Burkina Faso : Vers une disparition de ce liquide autrefois indispensable

Le pétrole lampant qui était autrefois l’un des liquides les plus précieux dans le quotidien de burkinabè a perdu de nos jours de son autorité. Ce liquide qui alimentait les lampes à pétrole la nuit venue, est désormais relégué au bas de la chaîne de consommation à Ouagadougou. Aujourd’hui, on peut compter du bout du doigt les personnes qui vendent ce liquide. Et ses acheteurs se font plus rares.

« Pétroléééé ! » Depuis des lustres, les vendeurs à la criée du pétrole lampant ont disparu des quartiers populaires des grandes agglomérations. Ce pétrole, comme son nom l’indique, est destiné aux lampes à pétrole dont la combustion se fait par une mèche ou autres. Au Burkina, il se fait rare. L’un des clients encore fidèles à ce roi déchu reste le Centre national de presse Norbert Zongo (CNPNZ).

Le CNPNZ l’utilise pour alimenter la « lampe de la justice » allumée dans l’attente que la lumière et la justice soient faites sur l’assassinat du journaliste Norbert Zongo et de ses compagnons survenu en 1998 à Sapouy, dans la province du Ziro. Cette lampe à pétrole qui trône à l’entrée du CNPZ a l’ impératif, de rester allumée jusqu’au jour où la lumière sera entièrement faite sur l’assassinat de ce journaliste émérite qui a donné au centre son nom.

Lampe fonctionnant avec du pétrole

En effet selon Seydou Tapsoba, gardien et aussi chargé de l’entretien de la flamme de Sapouy, c’est uniquement à base de pétrole que la lampe fonctionne. Or, comme indiqué plus haut, c’est un liquide qui se fait rare de nos jours. Raison pour laquelle, s’approvisionner pour eux, relève d’un véritable parcours du combattant. « Il arrive parfois que le pétrole manque », dit-il. Avant d’ajouter : « Souvent, nous sommes obligés de faire le tour de la ville pour en trouver. Je me rappelle que l’année passée, pendant la saison des pluies, nous avons fait deux mois sans en trouver. Je vous assure que le pétrole est difficile à trouver en temps de pluie. Il nous a donc fallu trouver une autre méthode pour pallier le problème. »

Seydou Tapsoba, gardien et chargé de la gestion de la lampe

L’indisponibilité de ce liquide, nous l’avons nous aussi constaté. Il aura fallu passer de boutique en boutique et procéder à quelques appels téléphoniques pour retrouver quelques vendeurs qui ont bien voulu se confier à nous. Tous sont dans la vente du pétrole depuis de nombreuses années. « Nous vendons du pétrole depuis l’ouverture de la boutique dans les années 2000 », indique Adama Kagambèga, gérant de la boutique Kagambèga et frères. Pour lui, la disparition continue du pétrole est due tout simplement à la baisse de la demande de la part de la population burkinabè.

Adama Kagambèga, gérant de la boutique Kagambèga et frères

« Avec l’arrivée des lampes électriques bon marché, les gens n’ont plus besoin de pétrole. La vente de pétrole en a pris un coup. Je pouvais vendre au moins une bonne barrique par jour dans les années 2000. Mais aujourd’hui, c’est à peine si j’arrive à écouler deux bidons de 20 litres. C’est juste quelques peintres et aussi des mécaniciens qui viennent toujours s’approvisionner chez moi », confie pour sa part El-hadji Boukaré Zabré, un autre vendeur de pétrole. Il poursuit en disant que les profits ne sont malheureusement pas au rendez-vous. « Si je continue de vendre, dit-il, c’est parce qu’il y a encore quelques personnes qui comptent sur moi et ça m’encourage un peu sinon ça peut prendre beaucoup de temps avant de pouvoir terminer un, deux bidons de 20 litres. C’est surtout à Karpala que je m’approvisionne et je prends du temps avant de pouvoir écouler le stock. »

De toute évidence, les profits dans la vente du pétrole sont très peu consistants. Avec un prix de vente de 650 francs par litre, le revendeur s’en sort avec au moins 105 francs le litre. Mais vu que les stocks de pétrole mettent du temps à s’écouler, les commerçants ne peuvent pas se frotter les mains.

Abdoul Rachid Sow (Stagiaire)
Lefaso.net

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