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Lutte contre le banditisme : Aux grands maux, les grands remèdes

Publié le vendredi 16 janvier 2004 à 06h45min

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La recrudescence de la criminalité trouble le sommeil de bien des Burkinabé. Il ne se passe pas une nuit sans qu’un honnête citoyen ne soit victime d’agression conduisant parfois à la mort. Cette situation d’insécurité grandissante inquiète les plus hautes autorités qui ont opté pour une police de proximité pour venir à bout de ce fléau qui ne fait que déverser son cortège de malheurs.

On a tendance à dire que la prostitution est le plus vieux métier du monde, soit ! Sur le même registre, on pourrait dire que le banditisme, la consommation de la drogue en favorisent le développement dans un contexte de chômage des jeunes exacerbés par l’exode rural. Pour le cas précis du Burkina, il n’ y a pas de doute que le retour brusque et massif de plusieurs dizaines de milliers de Burkinabé à la suite de diverses exactions et autres problèmes ont favorisé l’infiltration sur le territoire national d’individus peu recommandables.

Il n’est pas rare de voir des vols à main armée, des règlements de comptes (conflits sociaux et familiaux) à travers des assassinats et autres meurtres. Ce phénomène exacerbé ne cache pas la prépondérance de la petite délinquance devenue monnaie courante dans nos villes et campagnes. Nos villages jadis, havre de paix, enregistrent au quotidien des cas de vols divers. Il est devenu quasiment impossible de pratiquer tranquillement l’élevage dans certaines régions tellement les voleurs observent le moindre mouvement des animaux pour en faire leur proie.

Dans ce contexte plus rien ne va et les populations perdent leur envie d’entreprise de peur de se retrouver sur le chemin de ces bandits. Cette situation entraîne une paralysie économique qui compromet dangereusement le plein épanouissement des localités.

L’inquiétude et la peur qui gagnent les citoyens les rendent vulnérables ce qui limite leur déplacement d’un village à un autre, l’usager de la route risque sa monture et même sa vie du fait des coupeurs de route.

Les raisons de la recrudescence

La pauvreté grandissante, la désintégration du tissu familial, la consommation des stupéfiants et d’alcools frelatés, la dépravation des mœurs, la circulation des armes à feu, les forces de l’ordre qui sont les gardiens de la paix, n’en ont pas moins une part de responsabilité. A cela s’ajoute le retour brusque et massif de plusieurs dizaines de milliers de Burkinabé à la suite de diverses exactions en Côte d’Ivoire, qui a favorisé l’infiltration sur le territoire national d’individus crapuleux qui ne cherchent qu’à troubler la tranquillité d’honnêtes citoyens.

Un combat permanent

Avec les effectifs de nos forces de police, les moyens dont elles disposent, la couverture du territoire suivant un maillage serré n’est pour l’heure qu’une vue de l’esprit. Or les bandits peuvent surgir de nulle part et à tout moment.

Quand à cette réalité vient s’adjoindre la porosité des frontières, on comprend la difficulté de la lutte contre l’insécurité. Il est donc évident qu’il s’agit là d’un combat permanent et de longue haleine. Aujourd’hui, point n’est besoin d’être un clerc pour savoir que la criminalité est partie intégrante de la société moderne. Toutefois, son ampleur exige une attention soutenue de la part des pouvoirs publics. Une ampleur qui induit une certaine complexité quant à la réduction au plus tôt du nombre d’agressions. Les coupeurs de route et autres braqueurs de cars de transport très habiles donnent à chaque fois du fil à retordre aux forces de l’ordre démunies de moyens leur permettant d’y faire face.

Cette situation implique l’impossibilité pour les forces de l’ordre d’observer une trêve pour pouvoir souffler. Dès qu’elles baissent la garde, ceux des malfrats qui avaient passé la frontière, les nouveaux arrivés dans le milieu reprennent du service. Beaucoup a déjà été dit et même redit sur les méthodes utilisées notamment la polémique stérile à propos d’exécutions extra judiciaires. La manière dont opèrent les bandits dicte bien souvent le choix de la riposte.

Toute action politique s’apprécie d’abord du point de vue de l’efficacité, donc des résultats obtenus.

Djibrill Bassolé le sait, le retour de la quiétude dans nos cités et sur nos routes est une urgence. Mais changer l’existence quotidienne du citoyen dans ce domaine qui touche tout un chacun ne sera pas aisé.

Si la polémique qui s’est faite jour suite aux actions menées il y a quelques mois n’a pas été en faveur des méthodes expéditives, cela ne doit pas faire reculer les forces de l’ordre. L’Etat de droit implique le débat, la critique, les opinions plurielles et donc contraires. Mais ce sont les policiers et les gendarmes qui sont sur le terrain et rien ne saurait les amener à se terrer, par peur de se tromper ou d’être critiqués dans l’action.

La police de proximité, le meilleur remède

"Les actions engagées dans la lutte contre la délinquance et l’insécurité doivent être poursuivies avec détermination par tous les services administratifs avec l’appui de la société civile sur l’ensemble du territoire national.

Le gouvernement devra veiller particulièrement à vulgariser la police de proximité tout en renforçant les capacités opérationnelles des forces de sécurité" a dit le Président Blaise Compaoré. Il n’y a pas meilleure solution à cette recrudescence du banditisme qu’une police de proximité. Le Président du Faso, garant de la sécurité intérieure et très préoccupé par ce fléau qui prend chaque jour de l’ampleur ne pouvait rester passif à la crucification de la sécurité des personnes et des biens. Mais le ministère de la Sécurité quels que soient ses effectifs et ses moyens, à lui seul ne pourra réduire ce phénomène à sa plus simple expression. Si les moyens déployés suffisaient, l’insécurité ne serait pas une plaie préoccupante au quotidien des Burkinabé.

La guerre permanente à engager ne produira pas des effets magiques ici et tout de suite. C’est pourquoi, la contribution du citoyen sera d’un apport inestimable. Très souvent, les délinquants naissent, grandissent et deviennent des caïds dans nos environnements proches. Beaucoup sont connus des populations, mais elles n’osent pas en parler par peur, par sentimentalisme, par négligence ou même par ignorance. Or un jeune pris en main et encadré assez tôt peut être récupéré et ramené sur le droit chemin.

Kibsa Karim
L’Hebdo

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