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Festival un vent de liberté : La réinsertion sociale des détenus au cœur de la 12e édition

Publié le lundi 6 décembre 2021 à 10h00min

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Festival un vent de liberté : La réinsertion sociale des détenus au cœur de la 12e édition

La Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou a vibré, les 2 et 4 décembre 2021, au rythme de la 12e édition du festival "un vent de liberté pour les détenus" organisée par l’association African culture. La cinéaste Apolline Traoré était la marraine et l’artiste Roger Wango, le parrain artistique de l’évènement.

La prison n’est pas une fatalité. On apprend de ses erreurs pour mieux se comporter dans la société. Les détenus de la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) l’ont bien compris. Au Burkina Faso, certaines initiatives portées le plus souvent par des associations, tentent d’améliorer le quotidien de ces hommes et femmes en conflit avec la loi. La musique en fait partie, comme l’atteste le travail mené par le festival « un vent de liberté pour les détenus » qui est à sa 12e édition cette année 2021.

Les officiels

Après avoir communié autour d’un repas communautaire très tôt dans la matinée du samedi 4 décembre 2021, les pensionnaires de la MACO ont assisté à un concert live au sein de leur aire de promenade. Une quinzaine d’artistes ont été mis au-devant de la scène. Venus d’horizons divers du Burkina mais aussi de la Côte d’Ivoire, ils ont offert à titre gracieux leurs prestations. Organisé par l’association African culture, l’événement s’est déroulé dans une ambiance bon enfant. Des personnalités y ont pris part pour donner de l’espoir et de la compassion aux détenus. Il s’agit, entre autres, de la ministre de la femme, Marie Laurence Ilboudo/Marshall, de la cinéaste Apolline Traoré et de l’ambassadeur de France qui soutient l’initiative depuis 2009.

Selon Freeman, les détenus accordent une grande importance à leur réinsertion sociale

L’édition 2021 avait pour thème la réinsertion sociale des détenus. Le choix de ce thème trouve sa justification dans le fait que certains détenus sont appelés un jour à sortir de la prison. Dans son intervention, le promoteur du festival, Freeman Tabili, est revenu sur la contribution de son association dans la réinsertion sociale des prisonniers. Selon lui, l’association a produit deux détenus à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso. En plus de cela, des anciennes détenues bénéficient actuellement de stages dans des structures de la place. S’exprimant au nom de ses camarades, Kabirou Guiro relativise : « Il est vrai, nous sommes en prison. Nous avons fauté ; des fois raté. Mais nous demandons à tout le monde de ne jamais avoir peur de la MACO, car ce sont vos petits-frères, vos mamans, vos enfants qui y résident. Aujourd’hui, on a un immense plaisir de partager ce moment avec vous parce que nous sommes fiers de vous avoir à l’intérieur de notre aire de promenade ».

Photo de famille avec des récipiendaires

Cette cérémonie a été une occasion pour les détenus de mettre le doigt dans la plaie. Initialement prévue pour accueillir 300 personnes, la MACO abrite, à ce jour, près de 2 000 pensionnaires, constate M. Guiro. Ce nombre pléthorique ne facilite pas leur séjour. C’est pourquoi, il plaide pour l’élargissement et la réhabilitation des maisons d’arrêt.

A cette préoccupation, la ministre de la femme affectueusement appelée « la maman des pensionnaires de la MACO » a apporté des éléments de réponse. « Dans un futur très proche, il est prévu la construction d’immeubles pour désengorger les prisons et rénover les anciennes. Le contexte sécuritaire fait que beaucoup de budgets ont été gelés au profit du rééquipement de l’armée. Nous pensons que c’est ça qui a dû retarder la construction et l’élargissement des infrastructures des maisons carcérales. Je pense que la ministre de la justice se fera le devoir de voir comment elle peut s’arranger pour que aujourd’hui les détenus soient dans les meilleures conditions », dit-elle.

Le directeur de la MACO.

S’agissant du temps de retenue des enfants mineurs dans le milieu carcéral, des initiatives sont en cours d’exécution afin de leur donner une seconde chance. Pour sa part, le directeur général de la MACO, l’inspecteur de sécurité pénitentiaire principal Claude Ouédraogo, a salué la tenue régulière du festival et remercié le promoteur ainsi que tous ceux qui ont mis la main dans la poche pour sa réussite.

Au cours de cette cérémonie, des engagements ont été pris pour parrainer des enfants. Des bonnes volontés ont également exprimé leur humanisme à l’endroit d’une femme detenue qui a donné la vie dans la matinée. A cette même occasion, des attestations de reconnaissance ont été attribuées à des responsables de structures pour leur appui constant aux efforts de l’association. C’est dans la bonne humeur que les officiels et invités ont quitté les pensionnaires de la MACO.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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