Sibiri Grégoire Ouédraogo, conseiller en économie de développement, est le premier à se jeter à l’eau. Il a ouvert le bal de la série de soutenances des mémoires de la session de septembre 2021, des élèves (cycle A) de l’Ecole nationale des régies financières (ENAREF). L’impétrant s’est appesanti sur « L’impact de l’aide social publique au développement sur la réduction de la pauvreté : Cas du Burkina Faso ». Pour ce qui ressort de son exposé, l’aide publique au développement n’est pas mauvaise en soi, mais c’est l’utilisation qu’on en fait qui cause problème.

D’après ses explications, le choix du thème est dû au volume d’aide sans cesse croissant que reçoit le Burkina Faso. Paradoxalement, on observe une hausse de la tendance du niveau de la pauvreté de la population. D’où il tire la conclusion que les politiques pour favoriser la croissance n’engendrent pas forcement une réduction de la pauvreté. « Dans une telle perspective, nous nous sommes intéressés à d’autres manières d’appréhender la possibilité que l’aide publique puisse réduire la pauvreté », a-t-il expliqué.

Le président du jury, Dr Abel Seglaro Somé, a jugé le sujet digne d’intérêt

M. Ouédraogo a tout de même précisé que la question de la réduction de la pauvreté n’est pas d’ordre global. Pour ce qui concerne le Burkina Faso, il a supposé qu’en travaillant à lutter contre la corruption, l’aide publique pourrait jouer son rôle, à savoir réduire la pauvreté.

Les travaux du candidat concluent que l’aide publique au développement qui finance les dépenses de santé et d’éducation n’a pas d’impact significatif sur la pauvreté à court terme mais montre son efficacité pour réduire la pauvreté à long terme. Pour lui, la bonne gouvernance pourrait améliorer l’impact de l’aide sur la réduction de la pauvreté au Burkina Faso. Et comme perspectives, il propose d’apprécier l’effet de l’aide en s’intéressant aux types d’aide, d’aligner plus de partenaires sur les financements et enfin de combiner les politiques de bonne gouvernance avec les politiques de redistribution de revenus.

Un mémoire de qualité et un travail de fond intéressant

D’après le directeur de mémoire, par ailleurs directeur de la coordination et de l’efficacité de l’aide, Dr Jean-Marie Kébré, le document traduit de façon globale tout le travail qu’ils ont abattu ensemble. Il est cependant revenu sur des éléments que l’impétrant aurait pu parfaire. Le directeur de mémoire a indiqué qu’il y a un léger « raté » sur la définition de l’aide publique au développement qui est selon lui, assez restrictive et ne permet pas d’appréhender la notion entièrement. Il sied, a-t-il conseillé, d’utiliser le terme, « aide intégrée ». La présentation des tableaux dans le document par le candidat, a également été critiquée par le Dr Kébré. A l’en croire, la présentation scientifique voudrait qu’ils les présentent en premier, avant les autres éléments. Il a souhaité, pour terminer, qu’il améliore la bibliographie du document.

Dr Jean-Marie Kébré, a déclaré que le document traduit de façon globale, tout le travail qu’ils ont abattu

Le président du jury de la soutenance, Dr Abel Seglaro Somé, secrétaire général du ministère de l’Économie et des finances, a jugé le mémoire de l’impétrant de « qualité » et « intéressant » comme travail. Le sujet a été jugé également digne d’intérêt pour la politique nationale de développement. Cependant, Dr Somé a suggéré au candidat de « muscler » davantage sa partie analytique.

De son avis, les Burkinabè, témoins de l’accompagnement des partenaires techniques et financiers, pourraient effectivement se demander si cela apporte quelque chose au bien-être des populations. Le travail, a-t-il poursuivi, a essayé de faire ressortir cela avec une certaine technicité et des conclusions intéressantes. L’impétrant a estimé que si on orientait l’aide sur les dépenses d’éducation et de santé, il y allait avoir plus d’effet sur la réduction de la pauvreté.

Le candidat est satisfait de sa note au regard des critiques positives qui ont été faites

17/20, mention très bien et félicitation du jury

« Vous avez présenté votre mémoire sur : « L’impact de l’aide publique au développement pour la réduction de la pauvreté : Cas du Burkina Faso ». Après en avoir délibéré, le jury estime que du point de vue de la forme, le document est bien présenté et contient peu de fautes. C’est un document qui est conforme aux règles de l’école. Pour cela on lui donne la note de 4/5. Pour ce qui concerne le fond, il estime que le sujet est digne d’intérêt pour la politique nationale de développement et vous avez de bonnes recommandations, pour cela on vous donne la note de 9/10. Enfin pour l’exposé, on estime que votre présentation est révélatrice d’une bonne maîtrise du sujet. Pour cela on vous donne la note de 4/5. Vous avez donc 17/20, une mention très bien avec félicitation du jury », telle est la « sanction » du jury.

Pour rappel, la session de soutenance de septembre 2021 à l’ENAREF concerne 77 élèves dont 26 inspecteurs des impôts, 17 élèves administrateurs des services financiers, 14 élèves inspecteurs du trésor, 5 conseillers en économie de développement, 5 conseillers en aménagement du territoire et 10 conseillers en statistiques et analyse du développement.

Obissa Juste MIEN
Lefaso.net