Au Burkina Faso, une étude épidémiologique datant de 2015 a révélé que 41 % de la population générale âgée de 18 ans et plus a souffert d’au moins un trouble mental. Cette situation traduit l’importance de cette pathologie dans notre pays. En effet, les personnes atteintes de troubles mentaux sont exposées à des conditions de vie inhumaines, à des pratiques de traitement néfaste, à la violence, la négligence et à des abus.

De plus, dans la communauté, les personnes souffrant de handicaps psychosociaux, intellectuels et cognitifs sont soumises à la stigmatisation, à la discrimination et à des inégalités considérables qui impactent tous les aspects de leur vie. Pour faire face à cette situation, le ministère de la Santé, en collaboration avec CBM, a mis en place le projet « seconde chance », qui est à sa deuxième phase, dans le but d’améliorer les conditions de vie et de prise en charge des personnes vivant avec la maladie mentale. L’atelier qui a réuni les membres du comité de pilotage du projet Sauvons le Reste (Sauler) s’est penché sur le bilan de mise en œuvre des activités tant sur le plan financier, que sur le bilan des actions. Les membres ont pu échanger sur les difficultés et formuler des recommandations.

Un bilan satisfaisant malgré les contraintes objectives

A l’ouverture des travaux, Oumar Sangaré a indiqué qu’en dépit des contraintes structurelles et conjoncturelles, des actions prévues ont été réalisées. Pour sa part, cela a été possible grâce à la bonne collaboration entre l’association Sauvons le reste et la Direction régionale de la Santé du Nord avec l’appui de l’ensemble des acteurs. « Cette année encore, en plus des actions réalisées par l’association nous avons pu réaliser des formations dans l’ensemble des districts, et des supervisions également sont en cours de réalisation », a souligné M. Sangaré avant de rassurer les membres du comité de pilotage que CBM reste disponible pour l’atteinte des résultats en matière de santé mentale.

Avant la présentation du bilan, Dr Amado Traoré a remercié d’une part CBM qui œuvre inlassablement pour une société inclusive dans laquelle toutes les personnes handicapées jouissent de leurs droits humains au même titre que les autres et réalisent leur plein potentiel, et d’autre part pour son appui à la région du Nord dans le cadre de la mise en œuvre d’un projet de santé mentale dénommé « Second chance phase 2 ».

Dr Amado T. Traoré Directeur Régional de la Santé (DRS) du Nord présentant le bilan

A propos du bilan, Dr Traoré a mentionné la tenue de formations de 25 formateurs et de 400 agents de santé en mhGAP (Mental Health Gap Action Programme), quality right en 2020. Outre les renforcements de capacités, le bilan indique la supervision, l’appui à Sauler, la collecte de données dans tous les districts sanitaires de la région et la présente rencontre du comité pilotage. En matière de santé mentale, c’est au total 846 cas qui ont été notifiés au cours du premier trimestre de 2021 dans les formations sanitaires de la région au Nord. Les pathologies les plus fréquentes, à en croire Dr Traoré, sont l’épilepsie, la psychose schizophrénique, la dépression, l’hystérie et les troubles mentaux liés à la consommation de substances psycho actives.

Des recommandations pour améliorer les indicateurs en santé mentale

Au terme de l’exposé bilan, le Directeur régional de la santé du Nord, chargé de la coordination des activités, a suggéré entre autres de réaliser mensuellement des contrôles internes de la qualité des données (CISSE), de former les prestataires de santé sur les nouveaux outils du SNIS (DSS), de renforcer les compétences des agents des formations sanitaires sur le diagnostic et la prise en charge des cas de maladies mentales.

Oumar Sangaré représentant du Directeur pays de CBM.

A la suite de la présentation du rapport technique et financier du projet Sauler, les membres du comité de pilotage après des échanges ont consensuellement recommandé de plaider auprès des partenaires pour la continuité des interventions en santé mentale au Nord, pour l’appui en spécialistes en santé mentale. Ils ont surtout recommandé de plaider auprès des autorités régionales pour faciliter la délivrance des documents officiels (actes de naissance, cartes d’identité, actes d’invalidité, certificats médicaux, etc.) pour les patients admis au Centre de l’association Sauvons le Reste.

Au nom du Directeur Pays, Oumar Sangaré a encouragé tous les acteurs à poursuivre sur la même lancée qu’en 2020 où malgré les situations sécuritaire et sanitaire très difficiles, l’ensemble des objectifs programmatiques avaient été atteints grâce à la détermination de tous. « Encore une fois, nous disons merci à l’ensemble des acteurs ainsi qu’aux malades, ici représentés, pour leur résilience et leur joie de vivre malgré les épreuves imposées par l’adversité de la maladie. »

En rappel, l’ONG CBM intervient au Burkina Faso dans des thématiques prioritaires comme la santé mentale, auditive, oculaire, l’éducation inclusive, les moyens de subsistance, la gestion inclusive des risques de catastrophes, le développement inclusif du handicap (DID) et fait du plaidoyer pour la protection et la promotion des droits des personnes handicapées.

Yann NIKIEMA
Lefaso.net