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Hadja Sylvie Sali Soré Compaoré : La finance islamique du groupe Coris est l’un des modèles en matière d’inclusion financière des femmes

Publié le lundi 8 mars 2021 à 09h36min

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Hadja Sylvie Sali Soré Compaoré : La finance islamique du groupe Coris est l’un des modèles en matière d’inclusion financière des femmes

Pour répondre à la problématique de l’inclusion financière des femmes au Burkina Faso, le groupe Coris Bank International a mis en place une filiale, « Finance islamique » qui offre plusieurs modalités à cet effet. Dans le cadre de la célébration de la 164e journée internationale des droits de la femme dont le thème porte cette année sur l’inclusion financière des femmes, Lefaso.net est allé à la rencontre de la directrice générale directrice de la finance islamique au sein du groupe Coris Bank, Hadja Sylvie Sali Soré/Compaoré, afin de comprendre cet instrument qui prend en compte l’inclusion financière des femmes, les difficultés, les acquis engrangés sur le terrain, etc.

Lefaso.net : Présentez-vous à nos internautes ?

Hadja Soré Sylvie Sally Compaoré (HSSC)  : « Je suis Hadja Soré Sylvie Sally /Compaoré. Je suis la Directrice de la finance islamique au sein du Groupe Coris avec pour mission la mise en place et la supervision des activités de la finance islamique dans toutes les filiales du Groupe (Bénin-Burkina-Côte d’Ivoire-Mali-Sénégal-Togo et très bientôt le Niger et la Guinée).

Lefaso.net : Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots en quoi consiste la finance Islamique ?

HSSC : « La finance islamique est un système financier qui fonctionne conformément aux principes et règles de la loi et de la jurisprudence islamique. C’est un système basé sur cinq principes fondamentaux à savoir trois interdictions et deux obligations. Les trois interdictions sont notamment l’interdiction de la pratique de l’intérêt dans toutes les transactions, l’interdiction de la spéculation et de l’incertitude à outrance et enfin l’interdiction du financement de certains secteurs jugés illicites à savoir l’industrie porcine, l’alcool, les armements, etc. Quant aux obligations, c’est l’obligation d’adosser à un actif tangible tout financement consenti et enfin celle du partage des pertes et des profits ».

Lefaso.net : Quelle est la spécificité de ce type de financement par rapport aux autres que vous avez dans votre Banque ?

HSSC : « La spécificité du système financier islamique réside premièrement en ces principes que nous venons de citer plus haut. Et ces principes font d’elle une finance éthique, responsable et très sociale. En plus de ces aspects, il y a également l’obligation de la finance islamique de s’adosser à un actif tangible tout financement qui est consenti établissant ainsi un lien réel entre la finance islamique et l’économie réelle. »

Lefaso.net : Vous êtes titulaire d’un master en commerce international de l’IAE de Lyon 2 et d’un master en Finance Islamique du London School of Modern Studies. Qu’est-ce qui vous a poussé vers des études en finances islamiques ?

HSSC : « Je rends tout d’abord, grâce à Dieu qui m’a permis d’avoir ces diplômes. Il faut dire que c’est avant tout pour des raisons personnelles que je me suis intéressée à la finance islamique.. En outre, sentant de plus en plus l’intérêt du Groupe Coris à cette alternative, j’ai voulu prendre les devants afin de pouvoir saisir l’opportunité quand elle se présenterait. Effectivement, quand le moment est venu, je me suis vue confiée le projet et je remercie les premiers responsables du Groupe de m’avoir donnée cette opportunité »

Lefaso.net : Y a-t-il spécifiquement des actions en faveur des femmes dans la finance islamique ?

HSSC : « la finance islamique à travers les instruments qu’elle offre s’adapte au contexte des femmes et à leur inclusion financière. Nous avons des instruments financiers comme la « moudaraba », la « moucharaka » et beaucoup d’autres produits.. Le produit Mourabaha Financement est une opération de financement par laquelle la Banque procède, sur demande du client, à l’acquisition au comptant d’un bien et sa revente à l’acheteur final (le client) avec paiement différé du prix de vente qui est composé du coût d’achat plus une marge bénéficiaire revenant à la Banque permettant d’éviter le détournement d’objet.

Et on peut financer les stocks des femmes en finançant directement leurs besoins en fonds de déroulement au lieu qu’elles prennent l’argent en espèce qui pourrait être déployé pour autre chose qui n’est pas exactement le but principal, compte tenu des imprévus auxquels elle font au quotidien, pour lequel il a été contracté. En plus de ce produit, il y a le produit « Salam » adapté au monde agricole, parce que les femmes sont actives dans ce secteur aussi. C’est un produit qui permet d’acheter en avance les produits pour permettre à ces femmes de pouvoir disposer suffisamment de fonds afin de faire face aux dépenses et charges dans le cadre de la production notamment les intrants, les équipements, etc. Ce produit est par exemple très adapté au Burkina quand on sait que beaucoup de femmes sont dans le milieu rural.

Lefaso.net : A quels types de femmes la finance islamique s’adresse t-elle ?

HSSC : « A priori, toutes les modalités du financement islamique sont adaptées aux femmes. Comme on le dit, en finance islamique, il n’y a pas ce qu’on ne peut pas faire. A chaque besoin individuel, une offre adaptée, une structuration qui lui est propre d’où le caractère innovant des produits financiers islamiques. A travers les différentes modalités proposées, elles peuvent intéresser les femmes du plus bas niveau au plus haut. C’est ouvert à tous et sans considération aucune. C’est-à-dire, de par sa dénomination, « finance islamique » d’autres personnes peuvent se sentir exclues mais la finance islamique s’adresse à tous et toutes, sans exception aucune. Pas de coloration aucune, ni de considération religieuse, ni ethnique. Car elle s’adresse à tous ceux qui recherchent une certaine qualité dans leurs relations bancaires et bien sûr également à ceux qui, pour des raisons de convictions religieuses ont besoin d’un mode de financement qui puisse y répondre être en droite ligne avec ces convictions-là ».

Lefaso.net : Que fait concrètement votre institution pour accroitre l’inclusion financière de la femme ?

HSSC : « L’objectif même de l’avènement de la finance islamique au sein du groupe Coris, vient de cette problématique, celle de l’inclusion financière. C’est de son ambition d’offrir à sa clientèle des services toujours innovants et particulièrement soucieux de la problématique de l’inclusion financière, que le Groupe Coris, dès 2012, a manifesté un intérêt manifeste pour cette finance qui, à travers ses instruments, constitue un puissant levier de lutte contre la pauvreté. Donc à travers l’inclusion financière, il y’a non seulement le fait qu’elle contribue à l’amélioration du taux de bancarisation et surtout elle contribue au développement économique et social des Etats dans lesquels ils sont avec les instruments proposés qui sont une alternative à la finance conventionnelle ».

Lefaso.net Quelles sont les difficultés rencontrées en matière de finance islamique ?

HSSC : « Il faut dire qu’il y a des difficultés mais elles ne sont pas forcément spécifiques aux femmes. Aujourd’hui, les difficultés au niveau des financements islamiques qu’on rencontre, c’est que très souvent les femmes ont une idée déjà arrêtée du système financier et elles se disent que les banques ne sont faites pour elles. Toutefois, nous tenons à les rassurer et les invitons à s’approcher de nos services car il y a des mécanismes qui ont été mis en place et qui leur sont spécialement dédiés. Et au quotidien, nous les accompagnons à travers la formation, le coaching, les sensibilisations. En effet cet accompagnement au quotidien permet les permet d’avoir plus de confiance en elle.

Nous ne saurons terminés sans féliciter nos braves mamans et, nos sœurs qui œuvrent au quotidien à côté de braves hommes pour le bien-être de nos familles et de la nation entière.
Aussi, nous les disons qu’elles sont toutes capables quel qu’en soit son statut. ».

Interview réalisée par Yvette Zongo

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