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Abiba Ouoba : L’amazone de la maçonnerie

Publié le lundi 8 mars 2021 à 08h30min

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Abiba Ouoba : L’amazone de la maçonnerie

Etudiante en 3e année de licence en Science humaine à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, Bibata Ouoba, connue sous le pseudonyme de Briana Ouoba, exerce avec passion un métier très majoritairement masculin : la maçonnerie. Elle est aide-maçonne depuis 2013. A peine âgée de 25 ans, Mlle Ouoba caresse l’espoir de devenir une entrepreneure. A la faveur de la journée du 8-Mars consacrée à l’autre moitié du ciel, Lefaso.net est allé à sa rencontre. Nous avons été reçus à la cité universitaire de Kossodo, au moment où elle s’activait d’arrache-pied avec ses camarades, dans la construction du mur de clôture de ladite cité.

Native du village de Komangou, commune rurale de Fada, Bibata Ouoba a effectué tout son cursus secondaire au lycée communal de Fada N’Gourma, région de l’Est. Après l’obtention de son Baccalauréat, elle dépose sa valise à Ouagadougou. Bibata Ouoba intègre l’université Joseph Ki-Zerbo où elle est orientée dans la faculté de science humaine.

De taille moyenne, le teint noir, Mlle Ouoba arbore un sourire qui crée très vite l’empathie avec ceux ou celles qu’elle rencontre. Elégante, on ne saurait définir à première vue son passe-temps favori. Un métier qui occupe pourtant la moitié de son temps : la maçonnerie. Fille ainée du côté de sa mère, son envie de devenir « une artisane de la construction » remonte à sa tendre enfance. Si elle a choisi ce métier de la maçonnerie, domaine dans lequel rare de filles osent s’aventurer, c’est certes par passion mais aussi pour des raisons financières.

Aider la maman dans ses multiples charges

« Mon papa est d’un âge avancé. Il ne peut plus me soutenir. Ma mère aussi se débrouille à sa manière. Mais, c’est difficile de joindre les deux bouts. De plus, j’ai deux petites sœurs qui sont toujours à l’école. Ma petite sœur directe (cadette) fait la classe de terminale. C’est pour pouvoir aider la maman dans ses multiples charges et me prendre également en charge que je me suis lancée dans la vie active », confie la jeune femme. Ayant appris le travail sur le terrain, les premiers pas de l’amazone n’ont pas été difficiles. Toutefois, la journée d’une aide-maçonne demande beaucoup de sacrifices. En effet, la jeune femme ne compte plus ses heures de travail, ce pour quoi elle est « payée ».

Journée type d’une aide-maçonne

« Lorsque je n’ai pas cours à l’université, je me lève à 4 heures du matin. Je me lave, puis je bosse un peu. A 7 heures, je prends le chemin du travail. J’arrive sur le chantier autour de 8 heures. A midi, on fait une petite pause repas. On ne suspend le travail qu’aux environs de 16 heures », relate-t-elle. En termes de réalisations, Briana (comme on l’appelle affectueusement) a été sollicitée sur des chantiers de construction à Fada et dans d’autres localités du Burkina Faso. Son exemple transcende les stéréotypes et les clichés. Elle est la seule fille dans son équipe de travail présentement.

L’étudiante en Science humaine se réjouit de la bonne ambiance qui règne entre les travailleurs sur les chantiers dans lesquels elle évolue.
« Je ne rencontre pas de difficultés avec mes collègues. C’est vrai, on peut te faire la cour, mais tout dépend de ton comportement. Quand j’arrive, je me familiarise avec tout le monde ». De son travail, des chefs de chantiers en disent du grand bien. Pour ces derniers, en plus d’être un exemple pour la frange jeune, Briana mérite d’être soutenue, surtout qu’au Burkina Faso l’engouement des femmes dans ce secteur d’activité est au stade embryonnaire. Ce qui n’est visiblement pas le cas dans des pays comme le Togo et le Bénin.

Un revenu journalier compris entre 2500 et 3000 Fcfa

Cette activité salariée, menée pendant l’année universitaire, a une incidence sur le rendement académique de Briana. Mais avec le recul, l’étudiante en Science humaine n’a aucun regret. « La rémunération me satisfait. Je gagne entre 2500 et 3000 F CFA par jour. Dans le mois, je peux avoir 75 000 F CFA voire plus », s’empresse-t-elle de dire.

Cela lui permet de subvenir à ses besoins et ceux de sa famille. Son ambition, c’est d’être une entrepreneure. Mais en attendant, son souhait est que le gouvernement innove dans l’enseignement supérieur en introduisant des métiers d’apprentissage. [ Cliquez ici pour lire l’intégralité sur yenenga.net/ ]

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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