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Dans les griffes d’un vrai malade : Une nouvelle de Daniel GUIRE et SANON Anselme

Publié le lundi 11 janvier 2021 à 10h00min

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Dans les griffes d’un vrai malade : Une nouvelle de Daniel GUIRE et SANON Anselme

Nous rencontrons de fois des hommes et des femmes qui qui nous amènent dans un transport d’émotion tel que nous avons du mal à nous arrêter et nous poser des questions. Ils nous font marcher si vite que c’est après coup que nous nous rendons compte que nous nous sommes laissés avoir par un monstre ! Nous nous rendons compte que tout était faux. Derrière le sourire angélique qui nous rassurait, se cache une face démoniaque ! Sans sentiment ni émotion, ils nous font vivre l’humiliation, la violence et la peur ! Ils prennent un malin plaisir à empoisonner notre vie ! Le pire c’est qu’il est difficile de les fuir sans aide. C’est leur structure psychologique qui fait cela !
Daniel GUIRE et SANON Anselme vous proposent à travers ces lignes avec toujours la noble intention de permettre aux lectrices et lecteurs de cerner le fonctionnement toxique.

Khaled et Patricia avaient fait connaissance tout en faisant un bout de chemin ensemble un soir de retour des cours. Khaled était à l’université et Patricia en classe de terminale. Les deux jeunes s’étaient promis de se revoir une prochaine fois.
Ce soir-là, Patricia était rentrée joyeuse du fait de sa rencontre avec Khaled dont le nom, le charme, l’éloquence l’intelligence et la voix ne la faisaient rêver.

Quant à ce dernier il faut dire qu’il n’avait pas lésiné sur les moyens pour la séduire comme tout ! Quand Khaled voulait une fille, il s’y mettait sérieusement- du moins au début ! En soi, il savait comment les avoir ! Il avait occupé tout son esprit, tout son espace avec des appels, des messages même très tard dans la nuit, des vidéos ! Stratégie de séduction ? Prémisses d’une passion, il ne cessera de lui envoyer des messages que vraiment très tard dans la nuit. Khaled ainsi, avait marqué Patricia ! Il n’avait plus d’yeux que pour lui !

Patricia était impatiente de revoir Khaled. Elle tenait à lui ! Aucun homme ne l’avait jamais autant séduite, impressionnée ! Il la couvrait de compliments, de cadeaux, de petits baisers qu’elle repoussait pudiquement au début et finalement elle se laissait enlacer, se disant qu’elle lui devait quand même cela. Avec lui, la vie était un rêve !

Elle disait à qui veut l’entendre qu’elle avait trouvé son âme sœur. Elle répétait les mots flatteurs de Khaled à son endroit : son « one love », « son unique Patricia », « la fille de son cœur » !

Elle était constamment collée à Khaled. En moins d’une semaine, Patricia avait cédé tout son cœur, son corps et tout son esprit à Khaled ! Elle ne jurait plus que par lui. Elle l’avait pour ainsi dire dans la peau. Tout en elle partait de Khaled et se ramenait à lui. Quelques fois, elle demandait la permission à ses parents de passer la nuit chez sa camarade Samira pour finir tel ou tel exercice. En réalité elle n’y était pas car non seulement il ne s’agissait pas d’étude mais plutôt d’un « furu-déni » comme on l’appelait à Khaled.

Elle n’arrivait pas à résister à Khaled ! Il lui faisait faire des choses qui allaient contre ses valeurs, sa morale. De jour comme de nuit Khaled qui, se prenant pour un étalon ne se privait pas ! Il usait et abusait du sexe, en tout temps et en tout lieu. Elle était devenue comme un objet sexuel pour Khaled lui. A de certains moments il lui signifiait qu’elle n’était rien, qu’elle ne valait rien au lit et que lui, Khaled se donnait en sacrifice pour elle tant des filles d’un certain rang social et d’une certaine beauté lui couraient après. Elle ne voulait pas le perdre ! Aussi, elle accédait à des demandes de plus en plus fantaisistes, difficiles à concevoir pour la fille pudique qu’elle était.

Les voisins soufflaient que ce sont des pervers. En dépit de tout, Khaled était la prunelle de ses yeux. Quand quelqu’un lui disait que Khaled est un monstre, un coureur de jupon, elle se braquait contre lui !

Patricia était dispensée des travaux ménagers à la maison afin qu’elle puisse se consacrer à son examen. Chose étrange d’autant plus que ce dont elle était dispensée à la maison pour lui permettre de se consacrer plus son temps à ses études elle en usait aisément pour faire la corvée dans la garçonnière de Khaled. Il lui demandait de venir faire la cuisine, la lessive et se donner à lui avant de rentrer. C’est elle qui, de son argent de poche supportait le frais de condiments, le carburant pour les interminables courses de monsieur, et même les factures d’électricité ! Mais Khaled n’avait aucunement dans son vocable ce petit mot de reconnaissance à deux syllabes : « merci ».

Tout devait tourner autour de lui. Il était le plus beau, le plus grand, le plus intelligent, le plus fort ! Quand elle avait de bonnes notes à l’école il disait que ce devait être des notes de complaisance ou des approches d’un enseignant dragueur.

Elle vivait dans la peur des menaces et des coups ! elle sait que
Khaled avait changé ! Elle le sentait de plus en plus cynique ; il lui décochait des paroles blessantes sur son habillement, sur sa forme. Elle ne savait pas pourquoi celui qu’elle aimait tant aimait la faire mal, la blesser. Toutes ses tentatives d’entrer en communication avec lui passaient à côté ; il la submergeait par un flot de paroles.

Il était très difficile de communiquer avec Khaled, voire impossible ! Chaque tentative de l’amener à changer était considérée comme un défi. Son Khaled la regardait alors avec des yeux exorbités ! Comme un démon ! Elle ne le reconnaissait plus ! Face à la terreur, elle se pliait en quatre, suppliait, disait qu’elle allait tout faire pour s’améliorer ! Khaled l’écrasait davantage. Elle souffrait intérieurement. Elle vivait pour ainsi dire, une profonde misère morale.

Khaled avançait tranquillement dans ses études sans encombres. Il ne se privait de rien pour arriver à ses fins. A l’école Patricia qui jadis faisait partie des cinq premiers de sa classe peinait désormais à avoir un simple dix. Elle ne suivait ni ne participait aux cours comme auparavant. Plutôt pensive rêveuse et évasive, aucun de ses enseignants ne la reconnaissaient. Ses parents inquiets cherchaient à comprendre. Pour Khaled, la femme est « mauvaise » ! La seule et unique manière de la traiter est avec violence.

N’ayez jamais pitié d’elle ! Cela est d’autant vrai pour lui que sa belle-mère, jadis amie d’enfance de sa mère ait trahi cette dernière pour devenir sa coépouse ; sa mère est morte de chagrin ! Khaled a vu toutes les humiliations qu’elle a subies ! les privations, les insultes, les coups ! Lui à son tour a vécu dans cet environnement haineux ! Depuis, il a usé de tous les moyens pour s’en sortir : travail, mensonge, manipulations ! Il pense aujourd’hui qu’il a réussi seul, un « self-made man » et qu’il ne doit rien à personne ! Dès lors, il était devenu sa propre boussole.

Il courait d’autres filles ! Pour toute réponse il lui disait qu’il n’était pas fait pour elle seule ou que ce sont les filles qui lui couraient derrière !

Régulièrement, elle soupirait ! On la voyait maintenant terne et triste, elle qui apparaissait comme une fille joyeuse et pleine de vie. Il se disait dans le voisinage que cette relation était loin d’être normale. Comment se fait-il qu’une si belle fille de si bonne famille promise à un si brillant avenir puisse tout sacrifier pour un jeune-homme aussi insensible calculateur que pervers ?

A la fin de ses études Khaled était à l’instar de ses promotionnaires confrontés au chômage. En quête d’emploi, il tomba un jour sur une dame qui l’aida à avoir une position dans son service. Saisissant l’opportunité à deux mains il ne tarda pas à mettre sa bienfaitrice sous son charme. Petit à petit il gagna sa confiance et donc la distance entre elle lui et Patricia se créa. Khaled la menaça de ne pas s’occuper de sa double vie et qu’il était libre de vivre comme il l’entendait avec une femme plus « classe ». Khaled avait une nouvelle passion ! IL était toujours chez cette fille ou au téléphone avec elle ! Patricia était devenue l’ombre d’elle-même !

Il n’était plus question de mariage. Khaled la trouvait maintenant étouffante et repoussante. Il ne manquait jamais de le lui dire aussi crûment que cruellement. A l’idée de perdre son fiancé -sa raison de vivre -Patricia en devenait folle tout simplement. Khaled n’avait du temps et d’yeux que pour sa nouvelle conquête !

Devant cette dépression, ses parents trouvèrent bon de l’éloigner de ce jeune homme qui avait brisé le cœur de leur bien aimée et fille unique en mille morceaux. Ainsi décidèrent-ils de l’inscrire dans une école technique au Cameroun. Ce qui fut fait.

Au Cameroun, Patricia ne se porta pas mieux. Courantes étaient ces scènes où elle s’attrapait la tête et criait de toutes ses forces. « Khaled, qu’ai-je donc fait pour mériter toute cette humiliation ? A ce que je sache je t’ai tout donné ! mon cœur mon corps et même mon âme ! Est-ce cela mon crime ? ».

Dès lors, elle commença à refuser de s’alimenter. Elle passait tout le temps à verser des larmes. Tout en elle transpirait le désespoir, l’abandon, la tristesse. Elle ne se retrouvait plus. Les docteurs ne trouvaient rien de physiquement anormal. Malgré tous les efforts de ses parents et plus particulièrement de Marie sa mère, Patricia ne se retrouvait pas. C’était tout comme elle avait décidé de se laisser mourir.

Les parents de Patricia se demandaient ce que ce Khaled-là a pu bien faire à leur fille ? Quoiqu’il en soit la pauvre Marie aussi bien que le pauvre Moise pleuraient leur unique fille qui était devenu méconnaissable. Patricia finit par confier à son père combien Khaled lui faisait du mal ; il l’insultait, l’humiliait, mais elle n’arrivait pas à le quitter ! Elle avait considérablement dépéri ; Marie, sa mère alla même jusqu’à voir marabouts et féticheurs dans l’espoir de libérer sa fille si adorée. Mêmes des séances d’exorcisme dans certaines cellules de prières n’y ont pas fait pas grand-chose.

Un jour, au sortir de la salle de bain, elle tomba et perdit connaissance. Elle fut conduite à l’hôpital. Elle était anxieuse, déprimée et elle somatisait. Comme sa santé se dégradait fortement elle fut ramenée au pays. Ce soir-là l’ambulance l’attendait sur le tarmac de l’aéroport pour la conduire directement au CHU pour des explorations plus poussées. A la vue de sa fille sa mère ne pouvait s’empêcher de fondre en larmes. Elle se demandait ce qu’ils n’ont pas fait en tant que parents pour que leur fille devienne la proie d’un malade.

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