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Rugby : « La voix du Burkina Faso compte désormais au niveau mondial »

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Publié le mardi 1er décembre 2020 à 23h35min

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Rugby : « La voix du Burkina Faso compte désormais au niveau mondial »

Le Burkina Faso est, depuis le 18 novembre 2020, membre plein de World rugby ou Fédération internationale de rugby. Une affiliation qui donne des avantages mais aussi des obligations au pays. Pour mieux comprendre les implications de cette affiliation, nous avons rencontré Rolande Boro, présidente de la Fédération burkinabè de rugby, membre du bureau exécutif de Rugby Afrique et du Conseil de World rugby.

Lefaso.net : Le Burkina a réussi récemment son affiliation au World rugby, de quoi s’agit-il concrètement ?

Dès notre arrivée à la tête de la fédération, nous avions fait de l’affiliation du Burkina une priorité. Parce que depuis des années, nous pratiquons le rugby au Burkina Faso sans être reconnus par l’instance mondiale de la discipline. Nous étions simplement affiliés à la Confédération africaine de rugby mais pas au World rugby qui est dans notre discipline ce que la FIFA est au football. Ce qui nous privait de la participation aux éliminatoires de la Coupe du monde, du droit de vote, etc.

Comment est-ce que cela s’est passé ?

L’affiliation s’est passée en deux étapes. Le Burkina Faso a d’abord été reconnu comme membre associé en 2018. Après cette étape, il y avait la phase d’observation qui dure deux ans. Durant ce temps, le Burkina a été suivi, contrôlé. Le 18 novembre 2020, nous avons été admis comme membre plein de World rugby.

Qu’est-ce qui a prévalu à ce que l’affiliation de la FBR soit acceptée ?

Pour être affilié à la Fédération internationale de rugby, il faut remplir un certain nombre de critères. Il faut organiser régulièrement le championnat national à sept et à quinze masculin. Ce que nous avons fait.
Il faut aussi promouvoir le rugby féminin puisque le World rugby est très regardant sur cela. Il faut donc avoir une équipe nationale féminine et au moins quatre clubs. Nous en avons huit. Il faut pouvoir organiser un championnat national féminin à sept et avoir une équipe féminine à quinze.

Le pays postulant doit également faire ses preuves dans les compétitions organisées par la Confédération africaine. Depuis 2017, nous détenons le titre de champions du rugby à quinze et à sept. Dans la catégorie des moins de 18 ans, nous avons participé aux Jeux africains de la Jeunesse à Alger. Le Burkina Faso qui était considéré au départ comme un outsider a été dans le carré d’as. Tout cela a pesé en notre faveur et tous les pays ont voté à l’unanimité pour notre affiliation. Le Burkina est le 126e pays affilié au World rugby. L’Afrique compte maintenant 21 pays affiliés.

Quels avantages cela procure au Burkina ?

Les avantages sont de plusieurs ordres. Sur le plan des compétitions, depuis longtemps nous ne participons pas aux éliminatoires de la Coupe du monde ou autres compétitions organisées au plan mondial par le World rugby. L’affiliation nous donne le droit de prendre part à ces compétitions.

Dans les instances de prise de décisions, la voix du Burkina compte désormais. Nous avons maintenant le droit aux votes lors des rencontres.
En plus de cela, certains déplacements de l’équipe nationale sont partiellement pris en charge par le World rugby. Dans le domaine de la formation, étant donné que nous sommes devenus une nation de rugby, World rugby doit aussi nous accompagner dans la formation des techniciens.

L’affiliation est un acquis et vous avez été reconduite, cette année, à la tête de la fédération pour quatre ans, quelles sont vos priorités pour ce mandat ?

Nous sommes satisfaits de cette affiliation même si elle a des implications. Elle est le début d’autres challenges. Il nous faut maintenant une équipe nationale à la hauteur de nos ambitions pour participer aux éliminatoires de la Coupe du monde France 2023.

Dans le cadre de la préparation de ces éliminatoires et de ceux des Jeux olympiques Paris 2024, nous avons obtenu l’accord de l’Ambassade de la France qui va financer le déplacement d’un technicien français pour venir appuyer le stage de l’équipe nationale pendant une semaine à Ouagadougou.

Une autre priorité sera la vulgarisation du rugby sur le territoire national. Nous sommes présents dans les régions du Centre, des Hauts-Bassins, des Cascades et maintenant de la Boucle du Mouhoun mais nous comptons nous implanter dans au moins six régions pour ce mandat. Dans le cadre de la vulgarisation du rugby, nous envisageons de signer un partenariat avec le ministère de l’Education nationale ; la relève est aussi notre priorité. Nous avons remarqué que les enfants qui pratiquent le rugby à bas-âge n’ont pas les mêmes réflexes que ceux qui ont découvert le rugby à l’âge adulte.

Nous voulons former les enfants à la pratique du rugby parce que la discipline a beaucoup de valeurs à donner aux enfants burkinabè. Cela ne sera possible que si la convention est signée. Il est vrai que sur initiative des enseignants, des écoles de rugby ont été créées à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso. Mais notre ambition est de faire en sorte qu’il y ait un cadre formel pour cela.
L’autre priorité du mandat est de pouvoir disposer d’infrastructures adaptées à la pratique du rugby. Le fait d’être maintenant une nation de rugby reconnue par World rugby implique des engagements dont celui d’avoir un espace propre aux rugbymen.

Dans le cadre de la vulgarisation du rugby, des actions avaient été initiées avec certaines écoles en vue de former des enfants. Quel bilan faites-vous de ce projet pilote ?

Le bilan est très satisfaisant dans la mesure où le pari a été tenu. Nous avons pu organiser régulièrement des tournois au profit des enfants. Le projet est déjà bien exécuté dans ces écoles pilotes. Nous sommes dans plus d’une dizaine d’écoles à Ouagadougou et près d’une trentaine à Bobo et avons déjà formé plusieurs centaines d’enfants. Nous essayons d’associer aussi les enfants de la rue à l’apprentissage du rugby. C’est souvent difficile mais nous pensons que personne ne doit être laissée sur le carreau pour ce qui est de la pratique d’un beau sport comme le rugby.

Une femme à la tête de la FBR, comment se fait la collaboration avec les acteurs du rugby qui est réputé être un sport masculin ?

Nous connaissons le monde du rugby, avec sa passion et ses expériences. Un nouveau mandat signifie un nouveau défi. Nous voulons nous surpasser afin de faire mieux que durant le mandat passé. Lorsque tout marche bien, c’est avec l’appui de tous. Nous comptons sur l’appui et l’engagement de tous les acteurs.
Pour finir, je voudrais avoir un mot de gratitude à l’endroit de mes prédécesseurs qui ont engagé la bataille pour l’affiliation. Mes remerciements vont aussi à l’endroit des partenaires, du ministère des Sports et des Loisirs et au CNOSB pour leur appui constant.

Propos recueillis par Jacques Théodore Balima
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