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MORALE : Le Burkina malade de son éducation civique

Publié le vendredi 9 janvier 2004 à 06h23min

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Si aujourd’hui la morale agonise, la corruption galope et l’amour
pour la patrie s’effrite, c’est sans doute parce que l’éducation
civique et morale, chère aux anciens, tend à disparaître si ce
n’est déjà fait.

La jeunesse, déboussolée, manque de repères
et de symboles pour fouetter sa fierté nationale.
La montée et la descente du drapeau, le chant de l’hymne
national,tous ces moments importants voire sacrés dans la
formation civique du citoyen ont pratiquement disparu du
paysage scolaire. Combien sont-ils ces élèves qui connaissent
les couleurs nationales ou la devise du pays ? Mais on ne doit
pas trop leur en vouloir .

Les adultes et les institutions chargées
de leur inculquer ces valeurs ne montrent pas toujours le bon
exemple. Comme on le dit trivialement, "le poisson pourrit
toujourspar la tête".
Il est choquant de constater que certains postes de
gendarmerie ou de police n’ont même pas de drapeau. Et là où
les drapeaux existent, ceux-ci sont parfois si mal entretenus
qu’ils n’inspirent aucun respect.

Le même constat est valable
pour certaines mairies ou préfectures. Ces grandes institutions
républicaines sont pourtant censées véhiculer le sentiment de
fierté nationale et d’appartenance à un même pays. Dans ces
conditions, la perte de certaines valeurs sociales comme
l’entraide, la solidarité ou encore le respect des symboles de
l’Etat ne doit pas trop étonner.

De toute évidence, la jeunesse manque de modèles et de
références. Elle évolue dans un environnement fait de
prédateurs où la seule valeur- étalon demeure l’argent. Un
environnement où l’on ne cherche qu’à s’enrichir par tous les
moyens, même les plus illégaux. La notion du bien public
devient alors une abstraction, une vue de l’esprit. Les politiques
ont une grande responsabilité dans l’ambiance généralisée
d’incivisme qui prévaut actuellement.

Ils n’ont pas su ou voulu
créer les conditions d’exercice d’une pleine et entière
citoyenneté. La corruption, la mal-gouvernance, la gabegie, la
cupidité, tous ces vilains défauts, sont l’expression d’un manque
de cultures civique et morale.

La lutte contre la corruption par
exemple, cette pieuvre qui déploie ses tentacules à tous les
étages de la société, ne peut être dissociée de l’éducation
civique. On ne peut donc raisonnablement prétendre à une
société vertueuse, débarrassée des scories de la fainéantise et
des facilités sans socle moral. Il constitue le ciment de toute
nation qui cherche un développement harmonieux et durable.

Un peuple bien éduqué à la citoyenneté ne peut que mieux
apprécier les décisions des politiques en toute indépendance et
conscience. Mais est-ce le souhait des pouvoirs publics ? Rien
n’est moins sûr. Dans tous les cas c’est le pays tout entier qui
ressent les effets pervers de ce manque de volonté.
Dans le noble travail d’éducation (les écoles semblent se
contenter seulement d’enseigner), les associations
confessionnelles essaient,dans les lieux de culte, de rattraper
ce qui peut l’être encore.

Mais il faut bien avouer que leur tâche
n’est pas des plus faciles et le vide à combler reste immense.
Il est donc de la responsabilité de l’Etat de prendre des
dispositions pour la réhabilitation et le respect des symboles de
la République en commençant peut-être par doter certains lieux
publics de drapeau, en exaltant au quotidien les notions
d’Amour, de fraternité et de solidarité tout en veillant à leur
effectivité et en faisant dûment inscrire dans les programmes
scolaires l’éducation civique et morale.

Autrement, on assistera,
impuissant, à la mort clinique de la morale qui aura alors fini
d’agoniser.

"Le Pays"

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