Actualités :: Gouvernance en Afrique : Quand les forces « invisibles » dictent leur Loi (...)

Dans une réflexion sur la gouvernance en Afrique, le Président du Laboratoire Citoyennetés (ACE-RECIT), Raogo Antoine SAWADOGO revient sur le parcours du contient au cours de ces dix dernières années. Selon lui, les pays africains se sont presque habitués à vivre sous le diktat de forces « invisibles ». Des forces qui déjouent les pronostics, mettent à plat les agendas, redéfinissent les priorités, etc.

Pourtant, ces forces dites invisibles, ou qui se veulent tels, ont chacune un nom. On sait parfois d’où elles viennent. On sait comment elles grandissent et prennent de l’ampleur. On sait comment chacune d’elles se manifeste.

Ces forces invisibles s’appellent « immigration clandestine ». Elles s’appellent aussi « HANI » (Hommes armés non-identifiés). Aujourd’hui, surtout, elles s’appellent Covid-19. Sa particularité est que son apparition n’est pas a priori justifiée par un contexte de sous-développement, d’extrême pauvreté, ni de déficit de démocratie. Les grandes démocraties et les grandes puissances du monde ont du mal à endiguer sa propagation. Avec l’Afrique, le Covid-19 rejoindra les autres maux. Elle fera route avec d’autres forces invisibles et ensemble elles continueront de dicter leur Loi.

Elles ont en commun de :

1. Mettre à nu les carences des modes de gouvernance par nature trop centralisés. Des modes de gouvernance faits d’un mélange de mi-démocratie, mi-dictature, de mi-fermeté, mi-laxisme, et qui n’ont jamais réussi à instaurer un dialogue constructif entre les jeunes en quête de mieux-être et des aînés qui s’accrochent et s’agrippent au pouvoir et à ses avantages. Ainsi, des milliers de jeunes se voient obligés de prendre la route de l’exil incertain, ou à se laisser happer par des nébuleuses.

2. Battre en brèche des politiques publiques conçues pour fonctionner selon un schéma idéal qui, dans tous les cas, n’existe que pour ceux qui ont la capacité de soumettre l’appareil d’Etat à leurs propres desiderata. Le monde idéal que proposent les différentes politiques fonctionnent presque toutes sur la base de promesses qui se recyclent et qui ont du mal à transformer profondément la vie du citoyen.

3. Révéler au grand jour l’incapacité des Etats à fixer les priorités et à les assumer jusqu’au bout. On considère que tout est prioritaire et finalement aucun service n’est performant.

4. De réintroduire une égalité immanente entre les hommes : puissant gouvernant ou citoyen anonyme, riche ou pauvre, etc. tous subissent ou subiront les coups ou contrecoups de ces forces invisibles.

Pour une fois, ce n’est ni le sous-développement, ni l’extrême pauvreté, ni le déficit de démocratie qui sont a priori la source du mal. L’évolution de la pandémie a suivi une trajectoire autre .

Au moins, ces crises, ou si voulez ces forces invisibles, auront un mérite : celui de nous faire prendre conscience que tout n’est pas prioritaire dans un Etat et qu’on ne peut construire durablement qu’en misant sur un dialogue transparent (accès à l’information, et à la bonne information, avec une pensée pour les populations rurales, les analphabètes des TIC et des réseaux sociaux, etc.), une gouvernance inclusive et équitable (accès équitable aux soins) et sur des citoyens responsables. Ce n’est que par là qu’il sera possible d’inverser la situation dans laquelle le Covid-19 nous plonge, et par-delà l’ensemble des autres défis qui menacent la survie de nos Etats.

Raogo Antoine SAWADOGO
Président du Laboratoire Citoyennetés (ACE-RECIT)

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