Actualités :: Révocation du maire de Koudougou : C’est la démocratie qui gagne

La révocation de Marcellin Yaméogo, maire de Koudougou fait des gorges chaudes depuis plus d’une semaine. Le contraire, c’est vrai, n’aurait pas été tout à fait logique, vu que la ville est aux mains de l’opposition. Les commentaires et les avis recueillis depuis ne font pas foi à la décision gouvernementale, préférant y voir une action politicienne.

Comment savoir alors la véracité des faits si la justice ne s’invite pas dans ce dossier, qui n’est après tout que la manifestation la plus achevée de l’Etat de droit. Si le maire est innocent comme lui et ses partisans le disent, le droit se chargera de le dire.

Convenons avec le cas Marcellin Yaméogo que le débat libre existe bel et bien au Burkina Faso. L’accusé est lui-même allé au charbon pour affirmer et réaffirmer son innocence. Tout ça ne serait, selon lui, qu’une tentative désespérée, à quelques mois de la présidentielle, pour abattre son frère Hermann Yaméogo.

Puis, il y a eu tous ces micro-trottoirs faits par les médias pour recueillir le sentiment de l’homme de la rue à Koudougou. Grosso modo, le maire disent-ils a bien travaillé et il n’est pas indiqué de toucher à un de ses cheveux. Si ce n’est qu’il s’agit-là de points de vue de citoyens lambda, on penserait que le bourgmestre incriminé est au-dessus des lois.

Enfin, last but not least, les commentaires vus ici et là dans la presse. Période mal choisie pour espérer la chirurgie, opposant radical dans le viseur et pourquoi pas volonté affichée de reconquête de la mairie de Koudougou.

Malheureusement ou heureusement, nous sommes dans une situation d’Etat fonctionnel. Celui-ci doit-il arrêter sa marche parce qu’une élection importante se profile à l’horizon ? Non, d’autant plus que depuis le début de l’année plusieurs autres ont été révoqués à la suite de contrôles internes diligentés pour mettre un holà au fonctionnement boiteux des collectivités. Marcellin Yaméogo n’est donc ni le premier et certainement pas le dernier. Seule le quitus de bonne gestion que lui donnerait la procédure judiciaire doit être ici l’exception qui confirme la règle.

La meilleure tribune

Si l’institution judiciaire est considérée comme le premier baromètre de l’Etat de droit, il y a cependant lieu de reconnaître que dans de nombreux pays d’Afrique le recours à elle passe difficilement. Et pourtant, on l’a vu à l’occasion d’un procès médiatique comme celui de la tentative de coup d’état, que la justice burkinabè avait en elle les capacités de dire le droit en toute impartialité.

C’est pourquoi, le parti majoritaire, car tout revient à lui, qu’il ait dans cette affaire une arrière-pensée ou non, offre là à Marcellin Yaméogo et à ceux qui le disent blanc comme neige la meilleure tribune qui soit. Pourquoi alors, laisser filer une telle aubaine pour des actions en pure perte censées remettre l’édile de Koudougou dans ses pénates.

L’Etat de droit a aussi pour rôle de demander des comptes. Et comme le lièvre est levé, il serait sage que la procédure suive son cours. Car non seulement, on est présumé innocent jusqu’à preuve du contraire, mais aussi chaque citoyen veut désormais être fixé.

Est-ce une cabale contre un opposant ou assiste-t-on à une volonté réelle d’assainir la gestion des collectivités ?

On peut au final se demander pourquoi le gouvernement prendrait une telle décision si les charges retenues n’étaient pas avérées.

Faudra-t-il alors être masochiste que de s’aventurer à faire un flop.

Avec les échéances à venir en effet, jouer à la diabolisation d’un opposant peut avoir un effet boomerang.

Assumer ses responsabilités

Tout le monde veut et revendique la perfection dans la démocratie. Mais lorsque la machine des institutions, dont certains se plaisent à dénoncer l’inertie veut sévir, alors on assiste à des levées de boucliers.

Qu’on sache, les maires révoqués avant celui de Koudougou, se sont effacés sans ruer dans les brancards.

Autrement considérés, les arguments avancés, du type tel ou tel autre maire doit subir le même sort sont la caractéristique propre aux responsables politiques du continent. Leur marque de fabrique est ce refus exaspérant de faire face à leurs responsabilités, toujours enclins à se cacher derrière leur petit doigt.

Etre aux devants des choses exige d’avoir des qualités que ne possède pas le commun des mortels. On demande beaucoup aux hommes mais certainement pas assez aux politiques. De dire que n’étant pas le seul à franchir la ligne rouge, dispense-t-il pour autant d’en répondre devant qui de droit ?

L’exigence de la bonne gestion administrative s’applique à tous dès lors qu’elle est devenue une volonté portée par les administrés. Répondre donc de ses actes publics en conséquence, devient une chose banale qui ne peut émouvoir aucun politique digne de ce nom.

Marcellin Yaméogo aurait été mieux inspiré de dire haut et fort qu’il était serein d’affronter la justice de son pays, parce qu’il est un justiciable comme tout le monde.

Et comme la main sur le cœur, il dit ne rien avoir à se reprocher, la question ne devrait même pas donner lieu à autant de littérature.

Du reste, il serait scotché ad vitam æternam à la mairie de Koudougou si son honneur était lavé. Mais cet honneur pour un homme public ne saurait se dissocier du don de soi et de la responsabilité qu’il assume s’il est interpellé, la défense de la démocratie et de l’Etat de droit passe par-là.

Souleymane KONE
L’Hebdo

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