Actualités :: ADF/RDA : L’art de la haute voltige

Un parti, chef de file de l’opposition, soutenant un candidat de la majorité, cela peut paraître incongru, voire suicidaire. Pourtant, l’ADF/RDA, au cours de son congrès du week-end dernier, ne s’est pas gênée pour prendre fait et cause pour Blaise Compaoré.

En tout cas, il s’agit d’un ralliement de poids, qui contribuera certainement à améliorer le score du candidat Compaoré, dont la victoire est quasiment assurée, et à affaiblir davantage une opposition déjà sclérosée par une multitude de candidatures. Reste à savoir si l’ADF/RDA a fait une bonne affaire en optant, non seulement de faire le vide autour de la présidentielle, mais surtout de soutenir Blaise Compaoré.

Un parti de l’envergure et de l’expérience de l’ADF/RDA a sans doute plus d’un tour dans son sac. Il a donc mûrement pensé sa décision comme l’a, du reste, indiqué son jeune chef - sur qui veillent tout de même de vieux éléphants tel Gérard Kango Ouédraogo. Ayant déjà exercé, dans une autre vie, le pouvoir (à l’époque de l’ex-Haute Volta), ce parti connaît mieux que quiconque les subtilités de l’art politique.

Mais la jeune génération, qui n’a pas connu les heures épiques des 1re, 2e et 3e République, peut-elle comprendre la position du parti de l’Eléphant ? Le choc peut être grand, chez ceux qui, naïvement, croient qu’une opposition doit s’opposer et que, de surcroît, son chef de file doit donner l’exemple de la combativité.

Cela, en créant autour de lui une force à même de servir de contre-proposition, et capable d’opérer l’alternance. C’est le schéma idéal, et certains attendaient que l’ADF/RDA l’empruntât, pour démentir tous les bruits qui disaient, dès le premier jour, que Blaise Compaoré avait utilisé Gilbert Ouédraogo pour casser Hermann Yaméogo.

A la limite, l’ADF/RDA aurait pu se désister pour cette présidentielle (en raison de diverses contingences) tout en donnant une consigne de vote pour un candidat de l’opposition. Mais tel n’est pas le cas et l’on pourrait (à tort ou à raison) se demander si l’ADF/RDA n’est pas allée trop loin dans le bafouement de l’éthique politique.

Mais y a-t-il encore une conviction idéologique ancrée chez nos partis ? Tous ou presque sont passés par des compromissions, de telle sorte qu’aujourd’hui, l’ADF/RDA, elle non plus, ne s’embarrasse pas de scrupules pour se dépouiller de son manteau de chef de file de l’opposition, afin de soutenir le candidat de la majorité.

Elle attend bien sûr de cette grave décision un retour de l’ascenseur conséquent, en termes de maroquins ministériels sûrement, en vue notamment de se constituer des forces pour les échéances qui arrivent à grands pas, à savoir les communales et les législatives. Autant dire que Me Gilbert Ouédraogo donnera aussi des cauchemars aux pontes du CDP, qui, après le 13 novembre, devront faire un peu de place pour les nouveaux arrivants.

Blaise Compaoré est, en tout cas, le premier gagnant de cette partie de poker. Depuis toujours, il a su fait preuve d’une habileté (ou d’une roublardise, c’est selon) politique qui a ramené vers lui, tel un aimant, même les forces centrifuges.

Le système Compaoré a réussi à éliminer très souvent la barrière entre opposition et majorité. Mais il est vrai que les opposants burkinabè lui ont facilité la tâche et sont donc comptables de cet effritement de la traditionnelle et bénéfique confrontation entre deux pôles politiques : la majorité et l’opposition.

Gilbert Ouédraogo ne compte certainement pas laisser des plumes dans la transaction avec le pouvoir. Mais la grande masse des militants le suivra-t-elle, même si le soutien au président Compaoré a été entériné par un congrès ? Gilbert Ouédraogo a-t-il exorcisé, grâce à ce congrès, les démons de la division ?

Ou alors va-t-on assister à un exode de militants mécontents vers d’autres partis de l’opposition ? Des questions qui trouveront peut-être leurs réponses dans les prochains jours et, surtout, lors des communales, premier vrai test après ce congrès pas comme les autres. On saura alors si la décision de l’ADF/RDA, qui peut être jugée immorale par l’opposition radicale, est véritablement le choix de ses militants, celui de l’avenir.

Le Pays

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