Le député Bénéwendé Stanislas Sankara, à coup de renfort médiatique, a annoncé le 06 juin sa démission de l’Assemblée nationale où il siège depuis 2002. Déclaré candidat à l’élection présidentielle de novembre prochain, Me Sankara à travers cette démission veut se préparer en conséquence. Une démission aux allures de publicité quand on sait que depuis l’Afrique du Sud et par une déclaration, il avait annoncé son retour au barreau.
A l’approche de la présidentielle, tous les moyens sont bons pour les potentiels candidats de se faire voir et de se faire entendre. Une stratégie de communication par la publicité. "Je veux me consacrer à la présidentielle et je crois fermement à l’alternance au soir du 13 novembre 2005". C’est ainsi que le président de l’UNIR/MS a justifié sa démission de l’Assemblée nationale avant d’ajouter qu’il déposerait ses valises au palais de la présidence à l’issue de l’élection. Il a aussi profité de sa rencontre avec les hommes de médias pour annoncer son prochain retour au barreau burkinabè.
Tous les moyens sont bons
Talleyrand disait "N’expliquez jamais les raisons pour lesquelles vous prenez une décision : La décision peut être bonne et les raisons mauvaises". En vérité, la première raison de la démission de Me Sankara, c’est-à-dire la présidentielle, n’est pas la bonne. C’est la seconde qui paraît vraisemblable, c’est à dire sa réintégration au barreau. Mais, à l’approche de la présidentielle et pour joindre l’utile à l’agréable, il a préféré mettre celle-ci au devant des choses pour justifier sa démission. C’est de bonne guerre diront certains car en politique, tout est permis sauf se laisser surprendre.
En démissionnant, et en convoquant la presse à cet effet, Me Sankara est convaincu que cela aura un impact politique au niveau des profanes. Ainsi certains diront : "Un député qui démissionne, laissant tous les avantages liés à la fonction, c’est du jamais vu !". Cela peut avoir quelques effets bénéfiques au niveaux de tous ceux et toutes celles qui auront une telle lecture de cette démission.
En sus de cette donne, sa démission est comme un coup de pied aux autres candidats de "Alternance 2005". C’est incontestablement une longueur d’avance prise sur Me Hermann Yaméogo et Philippe Ouédraogo.
En effet, certains diront : "Me Sankara est plus au sérieux pour la présidentielle. Tu vois, c’est à cause d’elle qu’il a démissionné". Cette démission met dos au mur Me Hermann Yaméogo et Philippe Ouédraogo. Accepteront-ils aussi de démissionner pour la présidentielle ?
Au regard de tout ce qui précède, on peut dire que Me Sankara par cette démission a réussi un vrai coup de publicité qui lui donne une longeur d’avance sur les autres candidats de "Alternance 2005". Cependant, "l’effet pub" est bien éphémère. La réalité politique burkinabè est telle qu’une simple démission de l’Assemblée nationale ne peut fondamentalement la changer. Pour la présidentielle de novembre, tous les candidats peuvent rêver et l’espoir fait vivre, dit-on. Mais comme le disait Robert Mallet : "Ce n’est pas l’impossible qui désespère le plus, mais le possible non atteint".
Idrissa Kaboré
L’Hebdo
