Actualités :: A quand l’université Ki-Zerbo ?

André-Eugène Ilboudo, dans sa déclaration, soutient l’idée d’un devancier, Me Appolinaire Kyelem : cette idée consiste à baptiser l’université de Ouagadougou université Ki-Zerbo. Pour l’auteur, plusieurs raisons militent en faveur de ce choix.

Me Appolinaire Kyelem avait, dans un article, demandé que l’université de Ouagadougou soit baptisée Ki-Zerbo. Quelques-uns avaient trouvé l’idée lumineuse, mais le moment prématuré.

Consacrer une institution aussi prestigieuse comme l’université à un opposant, à une personne qui veut être César à la place de César, cela aurait été reconnaître la valeur de son vis-à-vis. Or en politique, il ne faut rien absolument rien, concéder à un opposant.

Lors d’un forum public, qui a eu lieu tout juste après la publication du livre du professeur Ki-Zerbo, "A quand l’Afrique", un député à l’Assemblée nationale avait osé nier, devant témoin, la valeur intrinsèque du professeur Ki-Zerbo. Pour lui, la reconnaissance quasi universelle du mérite de ce vieux n’est qu’une histoire de flagornerie de Blancs.

Il était allé jusqu’à renier la profondeur de sa pensée (il a pourtant reconnu à la suite de la discussion, qu’il n’avait pas encore vu, pas encore vu je dis bien, le livre dont il était question, et j’ai su aussi par la suite que notre honorable n’avait pas le BEPC). Bref, pour lui, l’opposant Ki-Zerbo n’est rien. C’était abrupt comme position, mais c’est comme cela.

Comme je pense que Me Kyelem ne fera pas de "l’acharnement médiatique", je me permets de reprendre sa suggestion pour au moins trois raisons, car aujourd’hui, je crois, sincèrement, que le temps est venu pour que notre université soit baptisée université Ki-Zerbo.

Commençons par la sérieuse objection. Ceux qui peuvent soutenir cette proposition sont des intellectuels. Or l’on sait que le combat entre intellectuels est plus féroce que le combat entre militaires.

Pas de négociation qui tienne ! Pas de concession ! Un de mes professeurs, malheureusement aujourd’hui décédé, soutenait avec foi que "Les intellectuels sont plus méchants que les militaires. Ils détruisent même ta postérité". Hormis cette maladive jalousie du "pourquoi lui et pas moi", tout milite pour la reconnaissance du prof.

"Ki-Zerbo ne gêne plus personne"

La première raison : Ki-Zerbo est le premier agrégé africain d’histoire. L’on peut ne pas aimer les diplômes. L’on peut même trouver à redire sur les intellectuels, soutenir avec raison que les intellectuels africains sont en fait le problème de l’Afrique au lieu d’en être la solution. Néanmoins, le professeur Ki-Zerbo est l’un des tout premiers à avoir réussi à un prestigieux concours, et il est de chez nous.

Proposons donc son exemple aux jeunes. La deuxième raison : c’est un homme qui a été constant dans ses choix. (Si j’avais approuvé la pertinence de ses choix, j’aurais milité dans son parti ; c’est donc dire que je ne juge pas ses choix).

Mais dans un monde où les jeunes sont déboussolés, manquent de repères, la constance du professeur Ki-Zerbo dans ses choix, dans sa démarche intellectuelle, peut être proposée aux jeunes. Comme l’histoire du caméléon de H. A. Bâ, disons aux jeunes : "Dans la vie, ayez un objectif, et même lentement et tout en vous balançant, concentrez-vous sur cet objectif".

La troisième raison : le vieux vient de tirer sa révérence en politique. Il est désormais inoffensif. Il ne gêne personne !

La quatrième raison, subsidiaire, est que bien qu’il ne faille jamais affirmer à un chef qu’il vivra 1000 ans sous peine que ses thuriféraires vous demandent "et à qui appartiendra le reste des ans ?", Ki-Zerbo ne peut plus vivre encore son âge. C’est pour cela qu’il est souhaitable que l’université de Ouagadougou devienne "université Ki-Zerbo de Ouagadougou". De son vivant. Un tel acte ne rabaisserait personne.

Dans la vie d’un peuple, il est toujours bon de reconnaître les mérites des hommes... quand ils sont encore vivants. N’attendons pas sa disparition pour nous quereller sa dépouille comme l’ont fait les Sénégalais à propos de C.A. Diop (tiens ! encore un autre professeur, un autre opposant, un autre de reconnu mondialement).

La distribution des médailles de la République sert-elle à quelque chose ? Chez Ki-Zerbo, cet acte n’aura aucune incidence sur la valeur indiciaire du salaire. Pendant cette semaine du CAMES, ce serait véritablement un hommage rendu à tous nos professeurs que de baptiser du nom du premier secrétaire du CAMES l’université qu’il a aidé à créer. Et Me Kyelem de conclure : "Et ce ne serait que justice !"

André-Eugène Ilboudo

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