A peine âgé de 15 ans « Assiette » et sa copine étaient des vedettes d’une grande cérémonie d’un ministère à Bobo-Dioulasso. Pour assurer le show les organisateurs ont préféré faire appel au talent de danseuse de Kuitata de ces adolescentes. Moment propice pour ces gamines d’exprimer au mieux ce que la société attendait d’eux en ce moment précis. Ici, tout de suite et maintenant. Puisque serrée comme une libellule dans sa petite culotte elle a maintenu le public en haleine avec son acolyte. A la fin de leur prestation c’était l’extase populaire, analphabètes, personnes instruites et autres organisateurs ont bien apprécié ces pas de danse qui mettent en valeur la mobilité, la manipulation des fesses et par ricochet la compétence sexuelle potentielle des danseuses.
Puisque oui, le « Kuitata » c’est en quelque sorte exécuter des choses qui peuvent s’effectuer sur un lit. Pendant ce temps, les parents, les autorités religieuses, coutumières, militaires et paramilitaires présents ou annoncés avaient peut-être oublié qu’à l’instar des collégiens et lycéennes de la ville ces enfants étaient libres en cette matinée à cause d’une grève. A l’instar de cette cérémonie, nombre d’organisations, de ministères, d’associations entachent l’essence et la portée de leur message par la seule présence de personnes inopportunes.
Notamment des DJ et leur compagnie. Je n’ai rien contre le concept des DJ. Bien au contraire. Mais il faut reconnaitre que la sobriété, le grade et le rang respectifs des organisateurs et des invités devraient imposer un côté moral dans le volet animation des cérémonies. Car, si pour plaire aux grandes personnes, on a besoin de voir des gamines, des adolescentes remuer leurs fesses, c’est qu’on a des ambitions et des désirs plus ou moins collectifs, inavoués ou inconscients. Autrement, le marché artistique burkinabè regorge de bien de compétences pour maintenir un public. Et même chez les DJ on a des tubes et des artistes qui assurent sans attenter à la morale. L’exhibitionniste, l’instrumentalisation de ces gamines auraient été bénéfiques et bienvenus si la manifestation avait pour but de sensibiliser les uns et les autres sur la sexualité.
Sinon qu’attendons-nous de ces filles qui violent « le vide » ? Quel plaisir un ministre, un religieux, un coutumier, un militaire, tire à regarder des scènes qui frisent le ridicule ? L’évènement étant lié à la personne des organisateurs et des invités, il serait donc judicieux pour toute personne morale de s’assurer du caractère responsable et responsabilisant des prestations au cours d’une cérémonie. Car une adolescente applaudie et adulée par des adultes pour la maitrise de son corps n’hésitera pas à l’utiliser pour parvenir à ses fins. Si fait que la morale et le bon sens ne sauront plus au rendez-vous des rapports entre adultes et adolescents.
Des collèges, des lycées et des universités sont déjà gangrenés par les rapports peu catholiques entre éducateurs et éduqués. Si l’autorité, les responsables coutumiers et religieux valident par leur présence des comportements qui nourrissent l’incivisme, c’est qu’on devra s’attendre au pire dans les années à venir. Puisque le Professeur Laurent Bado a eu à le signaler à sa manière, le véritable problème du Burkina c’est l’incivisme. Peut être aussi il faille ajouter que quand c’est plaisant, intéressant, sensuel… les adultes sont partants. Et c’est dommage !
Ousséni BANCE
L’Express du Faso
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