Actualités :: Brigade anti-criminelle : Encore des dérives de la police

Les mauvaises pratiques ont la peau dure à la police nationale. Les éléments de la brigade anti-criminelle s’en sont pris à Moumouni Isaac Zongo et Ousseni Compaoré, tous deux employés au maquis Wikileaks. Des tortures en règle qui rappellent le supplice de l’élève Justin Zongo.

Pendant que les gens étaient en fête la nuit du 31 décembre, une bagarre s’est déclenchée au maquis Wikileaks au secteur 18, non loin de la mairie de Boulmiougou. Le motif de cette rixe, deux jeunes qui sont venus boire dans ce troquet ont accusé le parqueur d’avoir été complice du vol de leur moto de marque Crypton. Ousséni Compaoré, le parqueur, raconte qu’aux environs de zéro heure, un jeune homme est venu lui dire de sortir sa moto pour lui. Il s’exécute. C’est alors que son compagnon aussi lui dit qu’il veut partir. Le parqueur exige le ticket, mais l’intéressé n’en a pas. Il commence à essayer d’ouvrir les motos de marque Crypton, mais le parqueur s’oppose.

Il s’en va appeler un autre jeune qui, sans chercher à discuter avec Compaoré, se met à le frapper. Le patron du maquis ayant appris qu’un individu s’en prenait à son employé a cherché à comprendre. Il s’interpose et dit aux deux qui prétendent avoir perdu leur Crypton de revenir le lendemain le voir. Le 4 janvier vers 16 heures 30, pendant que le patron était en déplacement à Kaya, son petit frère assurant la supervision du travail va subir des tortures à la Brigade anti-criminelle située à Gounghin. Selon les dires de Zongo, deux éléments de la police sont arrivés à bord de leur véhicule de patrouille. Ils s’amènent vers lui, le saluent et l’invitent à les suivre. Arrivé à proximité du véhicule, on le somme de monter.

Il avait de l’argent qu’il voulait remettre à son coéquipier mais les policiers opposent un niet catégorique. Il est menotté et amené dans l’enceinte du BAC. Arrivé, il est introduit dans un bureau où il y avait un de leurs supérieurs plus celui qui prétend avoir perdu sa moto. Le chef l’enjoint de s’asseoir à même le sol. Il obtempère. Aussitôt assis, on lui demande où se trouve la moto ? Zongo assure qu’il n’est au courant de rien. Il appelle un élément qui l’amène voir des monticules et des fleurs derrière une maison et lui tient ce langage. " Ce sont des tombes des menteurs comme toi qui sont ici. " Le policier va ensuite ouvrir une maisonnette où il y a des barres de fer et des cordes. Aidé d’autres policiers au nombre de 4 dans un premier temps, il est ligoté et une barre de fer est placée entre ses jambes.

Il est alors suspendu en hauteur puis frappé avec des matraques. Entre temps, son pantalon est déchiré et comme il n’avait pas porté un sous vêtement, son sexe sort du pantalon qu’un policier le roue de coup de matraque. Il s’évanouit. Avant qu’il ne s’évanouisse, deux autres tortionnaires étaient venus s’ajouter. Ils l’ont laissé suspendu à la même position jusqu’à ce que son sang commence à couler. Au bout d’un moment, on le fait descendre de la " potence " à la manière d’une mangue mûre qui tombe de l’arbre. Les policiers le sortent de la maison et vont le jeter dans les fleurs. Le même soir du 4 janvier, le parqueur Ousséni Compaoré est lui aussi cueilli pour être soumis au même supplice que son collègue Moumouni Isaac Zongo du maquis Wikileaks.

Et pendant qu’il était sous la torture, on le pressait de questions : " où est la moto ? " On ne manquera pas de l’amener dans la maisonnette pour le même interrogatoire musclé. Les genoux et les orteils sont les cibles de la police pour obtenir des aveux. Tard dans la nuit, Ousséni est amené au commissariat central, où il est déshabillé et jeté dans une cellule. Le lendemain, les éléments du commissariat central constatent que l’état de santé du parqueur se dégrade. Ses compagnons de cellule plaident sa cause et obtiennent qu’on le sorte du cachot. Moumouni Isaac Zongo a la main gauche enflée. Il dit avoir mal au dos. Il éprouve également des difficultés pour s’asseoir. Quant à Ousseni Compaoré, il saignait du bas ventre.

Pourquoi les forces de sécurité ne tirent pas leçon ?

En 2009 des élèves de l’école nationale de la police s’en prennent aux habitants du secteur 9. Les populations, les tenanciers de bars, et les occupants subissent supplices et humiliations. C’est la consternation et surtout la révolte dans l’agglomération suite à cette expédition punitive. La population qui se prépare à la riposte contraint les autorités à prendre des mesures disciplinaires. Mais ce n’est pas une première fois que des forces de sécurité et de défense sèment la terreur dans les villes et campagnes. Des jeunes sont pris à partie et des filles ont perdu la vie suite à des chagrins d’amour des bidasses. La gendarmerie qu’on disait jadis disciplinée par rapport aux agissements malencontreux est en passe de rejoindre les autres corps dans le mauvais comportement. Si toutes ces réactions sont à mettre au compte des brebis galeuses.

Officiellement certains centres de détentions sont en passe de devenir des lieux par excellence de tortures. Ils sont nombreux qui ne sont pas sortie vivants du commissariat de Wentenga pendant leurs séjours. Le Burkina est une République. Nous vivons dans un environnement démocratique même si l’on constate des dysfonctionnements à des moments. L’heure des Mamadou " Tassouma (les anciens gardes coloniaux) est révolu. Il faut que les différentes écoles qui ont la charge de former des éléments de sécurité ôte de la tête de ces gens les habitudes de garde " forgot ". Des éléments recrutés au sein du peuple pour assurer sa sécurité ne devrait pas constituer une hantise pour lui. Des récents événements relatés dans la presse et qui incrimine les gendarmes de Léo et de Sapouy n’honorent pas les forces de sécurité. Le problème c’est moins le comportement de ces hommes que le silences des autorités. Des sanctions doivent être prises à l’encontre de ceux qui abusent de leur pouvoir d’homme de tenue.

Le citoyen dont le dénier sert à payer ces agents doit user de ses droits. Il doit être soutenu lorsqu’il est victime d’abus de pouvoir. Il doit se plaindre chez qui de droit, s’il sent léser. Nul ne doit se rendre justice fut-il un homme de tenue. Les commissariats et autres gendarmeries ne doivent pas également se transformer en des lieux de torture

Par Merneptah Noufou Zougmoré

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