Le nouveau DG des Douanes est connu. Il s’agit de Kuilbila Jean Sylvestre Sam. C’est en sa séance du mercredi 11 janvier dernier, que le Conseil des ministres a placé cet inspecteur divisionnaire des Douanes à la tête d’une institution qui fait parler d’elle depuis un certain temps. Kuilbila Jean Sylvestre Sam, ce nom ne susciterait pas tant de curiosité, pas plus que le poste qu’il occupe désormais si son prédécesseur, Ousmane Guiro, n’était pas mis aux arrêts pour cette affaire rocambolesque de cantines d’argent. On peut bien se demander si cette nomination est vraiment un beau cadeau de nouvel an, offert à Kuilbila par ses supérieurs hiérarchiques, tant la tâche qui l’attend est immense.
Au Faso, il n’est un mystère pour personne que le secteur des douanes est le plus corrompu. Dans le classement des institutions les plus mouillées de la République, il occupe, inlassable, la première place. C’est d’ailleurs le lieu où l’on arrive avec pratiquement rien pour se retrouver, en si peu de temps, avec une richesse dont l’immensité en dit long sur la manière dont elle est acquise. La Douane, c’est le secteur pourvoyeur de nouveaux riches. Tout cela est connu depuis belle lurette. Ce ne sont pas seulement les récents événements des cantines d’argent qui révèlent l’état de santé de ce corps que bien des gens adulent. Et l’on a envie de se demander quelles marges de manœuvre aura le tout nouveau DG pour écurer un domaine où la corruption semble légalisée.
L’on peut se permettre de croire qu’au regard du contexte de sa nomination, Kuilbila Jean Sylvestre Sam apparaît, aux yeux de ses supérieurs, l’homme qu’il faut pour nettoyer les écuries d’Augias. Mais du côté de l’opinion publique, il y en a qui préfèrent adopter cette position tranchée qui consiste à rejeter tout en bloc et à ne plus rien attendre de mieux de cette institution. Au nouveau DG de prouver aux premiers qu’ils ne se sont pas trompés de personne et aux seconds que tout n’est pas perdu d’avance. A lui de prouver surtout que l’on n’a pas fui la peste pour le choléra. Toutefois, même si Kuilbila était animé d’une bonne volonté de mettre de l’ordre dans la maison, il ne pourra pas réussir sa mission s’il était appelé à nager dans une mare d’hypocrites. Ce pays qui occupe régulièrement les dernières places dans le classement mondial en termes de développement, a besoin d’hommes intègres et non de rapaces.
Cette institution, sur laquelle repose l’essentiel de l’économie nationale, a forcément besoin d’une réforme profonde. Il faut à présent dépasser le cas Guiro pour réfléchir sur l’opportunité d’une tenue des états généraux des douanes. Dans tous les cas, les Burkinabè attendent, après cette affaire Guiro, une institution douanière forte, débarrassée de ses nombreuses scories qui font actuellement d’elle une véritable caverne d’Ali Baba.
Boulkindi COULDIATI
Le Pays
