Actualités :: Sport : Que devient le champion de Boxe Boum-Boum ?

La vie est faite des hauts et des bas. Actuellement, l’ex champion de boxe Nabaloum Dramane dit Boum-Boum vit dans l’anonymat total. Son moyen de déplacement laisse à désirer. Sa seule richesse, c’est sa famille et la villa qu’on lui avait offert au sommet de sa gloire. Le reste semble se conjuguer au passé. L’ancienne gloire accuse les responsables de la Fédération burkinabé de boxe de l’ignorer royalement.

Le poète Rudyard Kipling disait ceci à son fils John : « Si tu peux rencontrer le triomphe après la défaite et recevoir ces deux menteurs d’un même front… Alors les rois et les Dieux, la chance et la victoire seront à tout jamais tes esclaves soumis. Et ce qui vaut bien mieux que les rois et la gloire, tu seras un homme mon fils. » Cette assertion de l’homme de lettre traduit la vie actuelle de Nabaloum Dramane dit Boum-Boum. Il souhaite que ses admirateurs d’alors l’oublient. Le multiple champion d’Afrique de la boxe catégorie poids plume ne représente plus que l’ombre de lui-même. Le Boum-Boum national est un homme diminué physiquement ; il articule difficilement quand il s’exprime et en a gros sur le cœur contre les animateurs de sa discipline sportive.

Pour lui, après ses adieux à la boxe professionnelle, il a été rangé aux oubliettes. Tous les honneurs après ses combats victorieux ne sont plus que souvenirs. Rarement, les acteurs du noble art se rappellent de lui, sans pour autant venir lui rendre visite. Au contraire, poursuit-il, ils relayent des rumeurs qui le desservent. D’aucuns disent qu’il a vendu la maison que le Président du Faso lui avait offerte après son combat mémorable du 28 janvier 1994 contre le Nigérian Joe Orewa, battu par KO à la 6ème reprise. Nabaloum est toujours dans sa villa avec sa famille : une femme et deux enfants. Comme activité pour assurer le quotidien, il est chauffeur-mécanicien au Ministère des Sports.

C’est à la suite de ses exploits dans la boxe également qu’il a été intégré comme fonctionnaire dans ce département ministériel. Selon le journaliste sportif à la retraite, Abdoul Diallo, spécialiste de la boxe dans le temps à la RTB Télé, c’est un soutien que les autorités ont voulu lui apporter et c’était aussi une manière d’assurer ses arrières. Mais Nabaloum est malgré tout amer quand bien même il est employé par l’Etat. Il ne perçoit que des « broutilles » par mois. Sa fille Farida en classe de 4ème au collège et son garçonnet Mohamed au CMI à l’école primaire lui coûtent chaque début d’année scolaire plus de 100 000fcfa pour leur scolarité. Il a du mal à joindre les deux bouts. De temps en temps, des personnes de bonne volonté lui viennent en aide.

Boniface Kaboré alias « le Python » avoue qu’un jour, il a aperçu Nabaloum à la télévision nationale et il a versé des larmes. « Pour l’avoir connu du temps où il jouissait de la grande renommée, on ne peut qu’être triste de le voir dans un état physique et moral déplorable aujourd’hui », déclare-t-il. Le Python s’insurge contre ceux qui relayent des insanités à son encontre. Il estime néanmoins que l’erreur de son aîné, c’est d’avoir cru que le Burkina est comme la Côte d’Ivoire. Au pays d’Houphouët, les gens vivent, assure-t-il. Au Burkina, l’hostilité de la nature fait que l’on survit. Quand tu acquières de la renommée, ton entourage croit que tu es bourré d’argent, foi du Python.

Pour lui, Nabaloum semble avoir dépensé sans compter au sommet de son art et aujourd’hui, ceux qui ont bénéficié de ses bienfaits sont les mêmes qui le pourfendent. Le secrétaire général (SG) de la Fédération burkinabé de boxe, Abdoulaye Ouédraogo, quant à lui n’est pas du même avis que Nabaloum qui a la certitude qu’on l’a mis de côté. Il dit que l’instance fédérale l’implique à chaque fois qu’il y a un combat de boxe. Mais Nabaloum a souvent manifesté un désintérêt pour ce genre de sollicitude, soutient-il. A la moindre sollicitation, explique le SG, il demande combien on va lui donner. L’ex champion d’Afrique catégorie poids plume et champion international WBC dit qu’on lui avait promis après son retrait de la boxe professionnelle de lui ouvrir une école de boxe. Ce qui pour lui est resté au stade de promesse. Abdoulaye Ouédraogo est d’avis contraire. Il pense qu’on a tenté d’ouvrir une école de boxe à l’Université de Ouagadougou. On avait acquis même du matériel mais rien ne fut fait du côté de Nabaloum, explique-t-il.

Saglba Yaméogo


Nabaloum au sommet de son art

Dramane Nabaloum et Mamadou Paré restent pour le moment les boxeurs les plus connus par le peuple burkinabè. Ils ont travaillé chacun à rehausser le niveau du Noble Art à une certaine époque. Paré est décédé dans le dénuement. Nabaloum tire le diable par la queue. Pourtant, son palmarès est élogieux. D’aucuns croient qu’il est temps que le minimum soit fait pour cet ex champion qui nous a valu beaucoup de lauriers.

Dans les années 1990, la Fédération burkinabé de boxe s’était dotée d’une nouvelle équipe dirigeante avec à sa tête Patrice Tassembédo. Il se bat pour dynamiser la boxe, qui était en pleine hibernation après l’intermède Mamadou Paré qui avait fait parler du Burkina à l’extérieur. La nouvelle équipe fédérale prend langue avec un jeune boxeur du nom de Nabaloum Dramane. Il boxait à la Renaissance club de Ouagadougou avec comme entraîneur Harouna Sondé et avait pour manager le regretté Krikar, un allemand qui était établi au Burkina. Par la suite, il retrouve son ancien entraîneur Jean Pierre Mahé qui l’avait connu gamin dans un club à Abidjan. Un tandem se forme entre Nabaloum et Mahé. Les deux travaillent d’arrache pied et la suite, c’est la consécration.

Boum-Boum dit qu’il a eu pour premier maître un boxeur du nom de Mory Cissé, un sourd muet qui gagnait toujours ses combats avant la fin des rounds. Ce dernier également était un boxeur de Mahé à Abidjan. Nabaloum emboîte le pas du maître Cissé. Rares ont été les combats qu’il n’a pas gagnés avant la limite du temps. Le 28 janvier 1994, Nabaloum a pour challenger en championnat d’Afrique poids plume, Joe Orewa du Nigéria qu’il bat par KO à la 6ème reprise. Il défend son titre le 4 août de la même année dans un combat avec David Amstrong du Togo. Il le bat par KO à la 2ème reprise. Le titre de champion d’Afrique est défendu pour la deuxième fois le 19 février 1995 par Nabaloum avec pour adversaire le nigérian Sunday Okoly qu’il gagne par arrêt de l’arbitre à la 8ème reprise. La Saga Nabaloum continue.

Il s’attaque au championnat international toujours dans la catégorie poids plume. Son premier championnat WBC, il le dispute avec Nelson Medina du Vénézuéla et le bat à la 6ème reprise par jet d’éponge, le 27 avril 1996. Le titre est remis en jeu le 15 février 1997. Nabaloum boxe contre Hvicha Hydrian de la Russie et le vainc aux points. La deuxième défense du titre, c’était le 25 avril 1998 avec Pougadchev Maxim, également de la Russie, qu’il gagne à la 3ème reprise par abandon. Enfin le 22 mai 1999, pour la 3ème défense, il est battu à Budapest en Hongrie par Istan Kovacs aux points. Le journaliste Abdoul Diallo reconnaît en Nabaloum un boxeur qui avait une force de frappe foudroyante. Il croit que ses innombrables stages en Europe ont été aussi pour beaucoup dans sa réussite.

Sans compter que l’ex champion de boxe avait le soutien de la marque de cigarette Mustang. Nabaloum émargeait chaque fin du mois à Mustang et le patron, passionné de boxe, n’hésitait pas à faire des gestes, selon un acteur du milieu. Pour avoir été dans la Renaissance club de Ouaga avec Nabaloum, Boniface Kaboré dit le Python sait mesurer la qualité de l’homme dans la boxe. Pour le Python, pendant les séances d’entraînement, Nabaloum se donnait corps et âme et était techniquement au top. En plus de ces qualités, le Python est admiratif de sa manière de monter sur le ring. Il était gonflé à bloc et bouillonnait quand on entonnait l’hymne national. A propos de l’histoire de la villa que le chef de l’Etat lui a offerte, Abdoul Diallo assure que c’est à la suite d’une interview qu’il avait accordée à Dramane Nabaloum que le Président a consenti à lui offrir une maison.

Parce qu’avant, il vivait dans une cour commune. Compte tenu de certains désagréments, il avait du mal à se reposer après des entraînements très fatigants. Toujours dans le registre des soutiens à Nabaloum, le SG de la Fédération de boxe indique que le ministre des Sports de l’époque, le général Ibrahim Traoré, avait fait commander du matériel de boxe. Il avait souhaité qu’on l’installe dans une des salles du stade du 4 Août mais Mahé a tenu à ce que ce soit dans sa charcuterie. Abdoulaye Ouédraogo avoue n’avoir plus eu de nouvelles de ce matériel. Pour extirper les sportifs des situations fâcheuses, Abdoul Diallo plaide pour que l’Etat crée une assurance pour eux, toutes disciplines confondues.

Car avec une mutuelle ou une assurance, ils peuvent vivre après la retraite dans la décence. Il ne serait pas intéressant qu’on assiste à la longue, à des situations où des anciennes gloires se présenteront comme des cas sociaux. Les anciennes gloires doivent inspirer les jeunes à se lancer dans le sport de haut niveau. Il faux donc éviter que leur sort peu enviable ne dissuade les potentiels adeptes.
Saglba Yaméogo

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