Actualités :: Affaire Guiro : IL DISAIT...

Voici des extraits d’interviews de l’ex DG de la douane réalisées en 2008 et 2010. Il s’exprime en particulier sur la question de la fraude, de la corruption de la douane et de son dossier en justice.

Acte I/ GUIRO avait dit : « Nous sommes dans un monde malade d’argent »

En même temps que le Premier ministre a reconnu les efforts que vous faites dans votre travail, l’on a aussi noté que la fraude prend de l’ampleur au Burkina Faso. Comment expliquez-vous ce phénomène ?

O.G. : Aujourd’hui, nous sommes dans un monde malade d’argent de sorte que d’une manière générale, les gens veulent devenir riches et très vite. Résultat, le seul moyen pour atteindre cet objectif rapidement c’est de passer par la fraude. Cette fraude s’est accentuée parce qu’il y a les nouvelles technologies de l’information qui permettent aux gens de falsifier des documents. Il y a par exemple les photocopies en couleur, les machines à scanner. Il faut y ajouter le caractère international de la fraude. La fraude est aussi préparée en accord avec les fournisseurs. Il y a des documents originaux qui sont en fait de faux documents. Ils sont délivrés par les fournisseurs, la maison mère, mais les références qui y sont portées sont fausses. On a diminué la valeur ou la quantité. Disons que la recrudescence de la fraude repose uniquement sur la soif d’engranger le maximum d’argent, le besoin rapide de devenir riche.

Nonobstant toutes vos actions, le REN-LAC ne cesse de vous mettre au hit-parade de la fraude. Votre réaction ?

O.G. : Je salue les actions du REN-LAC qui appelle tous les citoyens à réfléchir. Le REN-LAC n’insulte pas, ne critique pas. Il ne fait que donner son point de vue... Depuis un certain temps effectivement, la douane est en tête du hit-parade des administrations les plus corrompues mais je pense que des efforts sont faits pour enrayer ce fléau au sein de notre corps. La douane a élaboré un code d’éthique pour demander aux douaniers de travailler avec la réglementation. Si les agents de douane travaillent avec la réglementation, il y aura moins de corruption. Mais le problème de la douane est connu par l’administration qui a reconnu que les douaniers, dans leurs fonctions, sont les plus exposés à la corruption. Nous prenons en compte cela et nous essayons de travailler de façon à limiter les dégâts. De toute façon, il y a des brebis galeuses. Si l’on prend quelqu’un dans la corruption, cette personne sera sanctionnée. Depuis que je suis là, il y a des agents qui ont été sanctionnés. On ne cherche pas à savoir combien l’agent a pris. On le sanctionne pour le principe.

En début d’année 2008, vous avez eu des déboires avec la justice et un mandat de dépôt a été délivré à votre encontre par un juge. Que pouvez-vous nous dire exactement sur cette affaire ?

O.G. : Effectivement, j’ai un dossier en justice depuis le 23 avril 2007 où j’ai déposé une plainte. Le lendemain, je suis parti en mission au Mexique et, à mon retour, j’ai toujours suivi le dossier. Par la suite, j’ai été convoqué le 5 décembre 2007 par un juge auquel je n’avais jamais eu à faire, qui m’a mis sous mandat de dépôt. En son temps, l’affaire a défrayé la chronique, et, je laisse la justice l’élucider en toute quiétude. Car, je peux dire que je suis blanc comme neige dans cette affaire. Je fais confiance à la justice et je suis certain qu’elle parviendra à dénouer cette affaire. Comme je le dis toujours, il faut faire confiance à la justice. Ce n’est pas encore tranché, mais j’espère que le dénouement se fera tôt ou tard.

In Sidwaya du 16 décembre 2008

Acte II/ " Je n’ai pas d’état d’âme face à un fraudeur"

Le principal ennemi de la douane, c’est la fraude. Quelle est son ampleur aujourd’hui ?

Tout ce qui passe en fraude, ce sont des marchandises que nous n’avons pas pu appréhender. Il est donc difficile d’en mesurer précisément l’ampleur et le manque à gagner. Nous ne pouvons donc pas dire combien l’Etat perd exactement dans ce fléau. Par contre, nous pouvons vous donner les résultats de la lutte contre la fraude à travers le contentieux douanier. En effet, les amendes infligées aux opérateurs économiques qui ont tenté de faire de la contrebande, de minorer les valeurs ou les quantités de leurs marchandises lors du dédouanement sont les suivantes : 2,566 milliards de F CFA en 2005 ; 2, 271 milliards en 2006 ; 2,688 milliards en 2007 ; 3.667 milliards en 2008 et 3, 218 milliards de F CFA en 2009. 33% du montant de ces amendes sont reversés au budget de l’Etat.

La fraude a-t-elle changé de nature depuis le temps que vous la combattez ?

Les fraudeurs ont toujours une longueur d’avance sur la douane, mais elle parvient toujours à les rattraper. Aujourd’hui les techniques de fraude sont devenues plus subtiles, plus élaborées et transnationales. Les actes préparatoires à la fraude sont conçus à l’étranger. En effet, à cause de la concurrence sauvage, même certains fournisseurs étrangers sont prêts à délivrer de fausses factures et de faux emballages, faisant ainsi le jeu des importateurs indélicats pour les maintenir parmi leur clientèle….

La fraude persiste, les sanctions sont-elles vraiment dissuasives ?

Bien sûr, elles sont dissuasives. En tout cas, depuis que je suis là, je sais qu’il y a beaucoup de gens qui ont cessé de faire le commerce. Ce n’était pas mon souhait. Mais celui qui fraude souhaite lui-même mettre fin à son commerce un jour, puisqu’on va le prendre.

Personnellement, je pense que ce n’est pas trop demander aux gens de déclarer et d’avoir son petit bénéfice que de vouloir contourner les procédures. Je connais des commerçants qui se sont fait prendre deux ou trois fois. Aujourd’hui, ils sont tombés. A qui la faute ? Les sanctions sont bel et bien dissuasives. Allez dans certains offices de douane, il y a des véhicules qui sont garés depuis des mois. Il s’agit de véhicules saisis avec de la fraude. Les importateurs ont disparu parce qu’ils ne sont pas en mesure de s’acquitter des amendes. Le drame, ce ne sont pas les mêmes que l’on prend. Il y a toujours de nouveaux fraudeurs. Et moi je n’ai pas d’état d’âme face à un fraudeur. Je dis aux gens : allez dans les bureaux de douane, déclarez, payez et continuez tranquillement votre chemin au lieu de chercher des problèmes. Pour l’année en cours, la guerre sera plus rude, plus sévère contre les fraudeurs. C’est pour cela que j’invite nos partenaires privilégiés, notamment les opérateurs économiques, les commissionnaires en douane agréés, à respecter les lois et règlements douaniers. S’il y a des difficultés, nous chercherons ensemble les solutions appropriées et ce, dans l’intérêt de tous. Les formalités douanières ont été simplifiées et allégées, on ne peut donc plus parler de lourdeur. Que ceux qui ont besoin d’informations nous touchent directement et évitent ces intermédiaires qui sont légions dans les offices de Douane…

In Le Pays du 19 février 2010


S’il y avait 300 Guiro

Osons supposer qu’il y ait au moins 300 autres Guiro dans ce pays (300 nous semble une estimation dérisoire mais faisons avec tout de même ; peut-être qu’en épluchant la liste des souscripteurs au récent emprunt d’Etat ayant permis de mobilier 60 Milliards 600 millions de Frs CFA, on découvrira les potentiels Guiro ????.

Et s’il s’avérait que Guiro détient et stocke par devers lui 2 milliards et des objets de valeur (de quoi s’agit-il exactement et combien ça vaut ?) c’est sûrement après avoir saturé l’espace en châteaux privés et autres sociétés prête-noms. Dans tous les cas, il pourrait très bien disposer d’autres milliards ailleurs dans lesquels il puise régulièrement pour soutenir son train de vie, pour poursuivre ses nombreux chantiers de construction et pour gérer ses diverses affaires…..Alors arrondissons modestement les acquis frauduleux de Sieur Guiro à 5 milliards de francs CFA. Supposons aussi que les 300 autres potentiels Guiro aient pu accumuler autant de milliards. Cette simulation nous conduit à un total de 1500 milliards de francs CFA pouvant avoir été accumulé sous différentes formes : liquidités, bâtiments construits, affaires de tous genres……

Un tel montant représente plus du triple des recettes douanières collectées en 2011 et dépasse le Budget National qui en 2012 est de 1207 milliards 650 millions 523 mille FCFA. Est-ce à dire que dans notre pays pauvre où les indicateurs sociaux sont au plus bas, des responsables publics, des opérateurs économiques et nous passons, volent, trichent, s’amusent avec l’argent du contribuable et potentiellement des partenaires techniques et financiers à ce point ? On peut se permettre de le croire au vu du train de vie de certains acteurs principaux de la 4ème République et de celui de leurs enfants et proches.

Par OSA KUURI

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