Actualités :: Abdoul Karim Sangho : Je suis déçu de l’échiquier politique

Considéré comme le disciple attitré du Pr. Laurent Bado, surtout au plan politique, Abdoul Karim Sangho est l’un de ces leaders d’opinion qui ne font pas la langue de bois sur ses sujets de débat. De nombreuses langues ont fait état d’un effritement de ses relations avec son « maître spirituel », le Pr. Bado et le parti dont il est le géniteur, le PAREN. Entre ses nombreuses activités de consultation, Le Progrès a pu lui arracher quelques propos sur la question et sur d’autres aspects. Lisez plutôt…

Le Progrès (L.P) : Quel commentaire faites-vous des conclusions du CCRP ?

Abdoul karim Sangho (A. K. S) : Je fais partie des acteurs qui ont critiqué le CCRP dans sa formule. Pas dans son principe. Evidemment, parce que le dialogue est indispensable dans un système démocratique. Je ne sais pas si je suis bien placé pour porter un jugement, mais je dois dire qu’à part l’aspect participatif qui, apparemment, donne l’impression d’avoir associé différentes catégories de citoyens, je crois que les conclusions du CCRP sont largement en deçà des travaux qui avaient déjà été faits : le rapport du MAEP (Mécanisme africain d’évaluation par les Pairs, ndlr), celui du Collège des Sages. Je crois qu’il n’était pas peut être utile de débourser autant de moyens pour cela. Evidemment, peut-être que la présence d’autres acteurs aurait donné plus de piquant à l’allure des débats. Mais, sur un point au moins, je me dois de féliciter ceux qui y étaient. C’est au moins qu’ils aient eu le courage de dire que l’article 37 doit rester en l’état. Il faut aussi le dire, on a tous pensé qu’ils allaient aller dire autre chose. Maintenant qu’ils l’ont dit, c’est un point positif. Il faut leur reconnaître ce mérite d’avoir fait preuve de lucidité tout en étant au CCRP de rappeler que l’article 37 fait partie de ce qu’on appelle le patrimoine constitutionnel du Burkina et qu’il faut le garder en l’état.

Une mesure importante sur laquelle on ne s’est pas attardé, c’est la dépolitisation de l’administration publique. Je crois qu’il y a des propositions de prendre des pour interdire la création des cellules. A mon avis, c’est une mesure positive qu’il faut saluer. Je pense aussi à la question de l’amnistie qui est passée rapidement dans les médias est une bonne mesure parce qu’il faut, à mon avis, être conséquent jusqu’au bout : si nous voulons encourager nos chefs d’Etat à quitter le pouvoir, il ne faut pas que la seule perspective qui s’offre à eux quand ils quittent le pouvoir soit de se retrouver en prison ou d’être humiliés. L’idée étant que nous établissions un nouveau contrat social pour l’avenir.

Mais, qu’on s’explique sur ce qui s’est passé. Il ne faut pas avoir honte d’affronter ce qui s’est passé. Si on fait une impasse sur ce qui s’est passé, les nouvelles générations, n’ayant pas conscience de cela, peuvent reproduire les mêmes actes. L’amnistie oui, mais qu’on sache qu’est-ce qui s’est passé et pourquoi ça s’est passé comme cela. Ce sont les quelques décisions que je peux apprécier positivement sinon, pour le reste, on aurait gagné largement mieux en procédant autrement. C’est cela aussi la politique souvent ; elle a ses raisons que nous ignorons.

L.P : Certains partis de l’opposition sont allés aux assises nationales malgré la directive du chef de file invitant les partis à ne pas participer aux travaux….

A.K.S : Il y a deux cas de figure. Vous avez les partis politiques qui sont affiliés au chef de file de l’opposition qui sont partis en dépit de la position de l’institution (l’opposition). Le fait de ne pas y participer n’a pas été de ce fait une position consensuelle, partagée par tout le monde. Vous avez des partis qui n’ont pas fait la déclaration au chef de file de l’opposition, que je ne considère pas comme étant des partis d’opposition, parce que si nous voulons sortir de ce qui s’est passé de par le passé en terme de manipulation des règles juridiques, il faut qu’on commence aussi à respecter les règles juridiques. Nous nous sommes battus pour un statut de l’opposition que je suis le premier à avoir écrit pour critiquer le contenu pour le CGD (Centre pour la gouvernance démocratique), notamment dans certaines de ses dispositions. La loi, comme le disent les juristes, est dure mais c’est la loi : il faut l’appliquer. Aussi longtemps que le statut n’est pas modifié, un parti qui n’a pas fait de déclaration ne peut pas se réclamer de l’opposition. C’est une inconséquence et c’est révélateur souvent de ce que l’on n’a pas la volonté de mettre fin aux anciennes pratiques.

D’après tout, nous sommes en démocratie et il faut pouvoir accepter la liberté des uns et des autres. Chacun a joué son rôle. Ceux qui ne sont pas partis, par leurs critiques, ont dû obliger ceux qui étaient à l’intérieur à faire ce travail dont certains aspects (je le dis honnêtement) peuvent permettre d’avancer quelque peu.

L.P : D’aucuns pensent que vous êtes déçu du paysage politique burkinabè, d’où un certain retrait de la scène depuis un bout de temps. Qu’est-ce qui explique ce silence…

A.K.S : D’abord, il y a les charges de commissaire à la CENI. Ensuite, je fais effectivement depuis un certain temps, beaucoup d’activités de consultation, de conférences, de séminaires, d’ateliers où la société civile m’emploie. Il est difficile dans ce cadre de prendre des positions partisanes. Mais ce n’est pas faux que je suis déçu de l’échiquier politique ; parce que ça ne répond pas à mon idéal de la politique. La politique, c’est pour servir. La politique, c’est pour apporter des réponses aux problèmes des gens. C’est pour cela qu’on va en politique. Mais quand vous avez une faune politique comme celle-là, finalement, à la limite, vous vous dépensez inutilement. Mon combat aujourd’hui, c’est d’appuyer la société civile, les partis politiques qui le souhaitent avec le peu de recherche que je fais pour améliorer l’environnement politique, l’environnement institutionnel. De sorte que dans un ou deux ans, les choses vont, peut-être, s’améliorer et je vais réapparaître.

L.P : Il se susurre aussi que vous avez quitté le navire du PAREN. Qu’en est-il exactement ?

A.K.S : Je reste un militant actif de mon parti qui est le PAREN (Parti pour la renaissance nationale), même si les gens font croire que je ne suis plus militant du PAREN. Au moment où je vous parle (l’entretien a eu lieu le 15 décembre), je n’ai jamais adressé une lettre de démission au parti et je n’ai aucun problème avec le professeur Laurent Kilachu Bado. Rien que ce matin à 7 heures nous nous parlions au téléphone. Je laisse la rumeur se développer. Je suis entré en politique par conviction. Si je veux quitter un parti comme le PAREN, je le quitterai en plein jour. Ce ne sont pas des rumeurs qui vont diffuser cela. Les idées du PAREN sont les idées qui me conviennent et j’y suis, je les défends. Seulement, ma conviction c’est qu’aucun parti politique d’opposition ne peut réussir à lui seul. Donc il est important qu’il y ait des passerelles, qu’on se parle entre nous.

Réalisé par Kader PALENFO

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