Actualités :: Grève d’enseignants à Ouaga : Les élèves manifestent leur solidarité

Les scolaires de la ville Ouagadougou étaient hier lundi 23 mai 2011 dans la rue pour protester contre l’absence de leurs enseignants dans les classes. L’immeuble de l’éducation, qui abrite les ministères en charge des Enseignements, a été mis sens dessous dessus lors de leur passage.

« Nos parents ne payeront pas leur argent gratuitement », scandaient des élèves devant le ministère des Enseignements secondaire et supérieur et celui de l’Education nationale, logés dans le bâtiment dit Immeuble de l’éducation.

Gratuitement pourquoi ? Réponse en chœurs d’un groupe de manifestants : « Nos enseignants sont en grève et il est inadmissible que, par manque de diligence et de satisfaction de leurs revendications par les autorités, notre année scolaire soit blanche ou invalidée ».

Des arguments confirmés avec plus de détails par le Conseiller technique du ministre des Enseignements secondaire et supérieur, Roger Tapsoba : « Les deux syndicats, à savoir le SNESS et le SYNTHER, dans le cadre d’une lutte unitaire, ont déposé une plate-forme minimale conjointe.

Et cette plate-forme qui n’a pas été résolue de manière satisfaisante selon les syndicats, ils ont donc décidé jeudi après-midi (Ndlr : le 19 mai 2011), à l’issue d’une assemblée générale, de suspendre jusqu’à nouvel ordre leurs activités pédagogiques dans les établissements secondaires.

Constatant l’absence de leurs enseignants, les élèves nous ont assiégés vendredi matin pour exiger leur retour dans les classes. Ils nous avaient promis qu’ils reviendraient avec plus de violence si leur problème ne trouvait pas solution d’ici là ».

Leurs menaces ont donc été mises à exécution ce lundi matin, et leur passage au ministère, lui, n’a pas été « gratuit » ; le tribut avec le Conseiller du ministre : « Ils ont tout saccagé : rez-de-chaussée, premier niveau, deuxième niveau. Vitre, matériel informatique, documents, armoires, portes ». Les travailleurs ont dû quitter précipitamment leurs lieux de travail pour éviter la furie des manifestants. Pascaline Pelegsonré n’en revenait pas à son retour. Son bureau, « Accueil et renseignement », au rez-de-chaussée était sens dessous dessus :

« Je suis dépassée, je ne m’attendaisl’être « Quand on est dans l’éducation et qu’on voit des enfants faire ce genre de choses, on ne peut qu’être dans la désolation. Le ministère est devenu comme une poubelle », a lâché le Conseiller d’administration scolaire Pascal Ouoba, devant la scène créée par les élèves. Le matériel de bureau, les disques durs des ordinateurs et les documents servaient de combustible à un feu allumé sur le bitume devant le bâtiment.

Cette grève des enseignants intervient au moment où devraient débuter les épreuves sportives du Brevet d’études du premier cycle (BEPC). Dans une tenue de sport, une élève de la classe de 3e au lycée Amdal de Ouagadougou venait d’arriver devant le ministère. Elle est venue aux nouvelles, semble-t-il :

« Les enseignant nous ont dit que même si nous faisons les épreuves sportives, nous n’allons pas composer dans les épreuves écrites. Ce matin, nous j’ai rejoint mon centre de composition pour le sport, mais il y a une grève et... »

Elle ne terminera pas sa phrase, interrompue par une forte colonne, dans un cri de victoire, qui revenait du bâtiment avec un trophée de guerre atypique : un paquet de préservatifs masculins. Commentaires de celui qui a déniché la chose devant les hommes de médias présents : « Ces gars ne sont même pas sérieux, et dire qu’ils travaillent au ministère de l’éducation ».

a police aurait pu envenimer la situation ans le feu de l’action, il était difficile de savoir qui dirige les opérations. Cependant à leurs tenues, on pouvait noter la présence d’élèves des établissements Marien-N’Gouabi, Bambata, Nelson-Mandela, LTO, lycée Mixte de Gounghin, Bogodogo, Nakebzanga, Galyam, Bangré, Song-Taaba, etc.

C’est d’ailleurs des élèves de cet établissement qui nous remettront une lettre rédigée et approuvée par trois représentants de quelques écoles et adressée à leur ministre (voir encadré). Ils ne le feront pas sans avoir justifier leur mouvement : « On est sorti pour une marche pacifique.

Mais quand nous sommes arrivés ici, chacun est sorti avec son gros français. La violence n’est pas la solution, mais si on ne casse pas là, on ne va pas nous prendre au sérieux ». Durant leur fronde, les élèves n’ont pas rencontré de la résistance ; ils ont occupé des artères de la ville et surtout l’avenue de l’indépendance et l’immeuble de l’éducation à leur guise et à leurs convenances.

Explications de M. Tapsoba : « On s’est dit que pour ce qui concerne ces manifestants là, l’intervention des forces de l’ordre aurait effectivement pu nous permettre d’éviter le saccage mais cela pouvait déboucher sur des drames que nous cherchons à éviter ».

Dans le lot de vandalisme, un homme, soupçonner d’être une brebis galeuse, a été pris en parti par les travailleurs. Moustache et barbe en place, dentition jaunâtre et surtout l’inscription « plombier » comme métier sur sa carte d’identité burkinabè ont fini par convaincre les plus sceptiques qui, malgré les bouteilles d’alcool et les consommables de bureau retrouvés en la possession du monsieur, doutaient encore de sa culpabilité.

De commun accord, les travailleurs ont décidé de le laisser partir sans le lyncher ou faire intervenir la police comme l’ont suggéré certains, de peur de ne pas envenimer la situation. Lorsque nous quittions les lieux au environ de midi, certains manifestants battaient le rappel des troupes pour le lycée Philippe Zinda Kaboré pour, disaient-ils, « manger du riz ».

Selon Roger Tapsoba, une rencontre était prévue dans la journée entre les autorités et les bureaux nationaux des deux syndicats pour discuter de leur plate forme. Mais quand nous bouclions l’article, nous n’avions pas encore d’information sur l’effectivité et l’issue de cette rencontre. Nos tentatives pour rencontrer les responsables des syndicats sont restées également vaines.

Moumouni Simporé (Stagiaire)


Lettre des élèves au Ministre des Enseignements supérieur et secondaire

Monsieur le Ministre, nous tenons avant tout propos à vous témoigner notre haute gratitude pour vos efforts conjugués dans la résolution des crises que traverse le milieu de l’éducation. Vos nombreux déplacement et dialogue directs avec les enseignants, étudiants et élèves sont salutaires en ce sens qu’ils permettent à tous de proposer des solutions conséquentes pour une sortie de crise. Sur ce, nous vous réitérons nos remerciements tout en espérant que les meilleurs résultats restent à venir. Cependant, nous élèves des établissements publics, vivons toujours des angoisses qui relèvent des grèves répétées de nos enseignants.

Cette situation n’est pas une première, nous avons maintes fois été privés de cours simplement parce que ces derniers estiment qu’ils ne jouissent pas entièrement de leurs droits. Conséquence, ce sont les élèves qui voient leur niveau d’instruction baisser. L’irrégularité des cours ne permet guère, à nous élèves de mieux nous outiller pour répondre valablement aux nombreuses exigences du domaine éducatif. C’est ainsi que nous vous adressons ces mots afin que vous vous penchiez plus rigoureusement sur les difficultés que connaissent les acteurs du milieu. Les enseignants sont d’une importance capitale, il s’évertuent jours et nuits pour assurer un meilleure formation aux élèves que nous sommes.

Etant en permanence en contact avec eux, nous savons mieux que tous à quels points ils souffrent dans l’exercice de leurs fonctions. Alors nous vous invitons à résoudre le plus promptement possible leurs problème. Nous, élèves, avons besoins de nos enseignants qui sont également pour nous des garants d’une génération vertueuse, responsable et crédible. Très respectueusement, monsieur le Ministre, nous vous transmettons ces préoccupations qui animent nos consciences afin que des décisions salvatrices soient prises pour un bien être général. Certes, à l’impossible, nul n’est tenu, mais nous vous savons à la hauteur des qui des maux minent l’enseignement. Aidez les enseignants à nous aider car c’est ensemble que nous sortirons le pays de l’ornière. Avec tout le respect et la considération que nous vous devons, des élèves assoiffés de savoir.

Ont signé au nom de leurs camarades de lycée, Boris Z. Yiougou, Lycée Song-Taaba Alfa Traoré, Lycée technique de Ouagadougou Aanhoma Ganamé, Lycée Marien N’Gouabi

L’Observateur Paalga

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