Actualités :: Des travailleurs des mines à leur ministre : "Vos explications ne sont pas (...)

Le ministre des Mines, des Carrières et de l’Energie, Salif L. Kaboré a présenté au cours du point presse du 6 mai dernier, les objectifs de son département. L’intervention du ministre Salif Kaboré n’a pas satisfait le Syndicat des travailleurs de la géologie, des mines et des hydrocarbures (SYNTRAGMIH) qui lui a adressé cette lettre ouverte.

Monsieur le ministre,

Le vendredi 6 mai 2011, lors du point de presse du gouvernement, votre exposé sur la situation actuelle des mines a retenu toute notre attention.

Avant d’aborder l’objet de notre lettre, nous tenons ici à saluer les mesures déjà prises par le Premier ministre et l’ensemble du gouvernement notamment dans l’approche de toutes les couches sociales et pour l’instauration de la communication et du dialogue constructif. Nous souhaitons pleine réussite à votre équipe gouvernementale et nous vous demandons d’être toujours réceptifs aux critiques et analyses, d’où qu’elles viennent.

Monsieur le Ministre, dans vos interventions au point de presse, vous avez amorcé quelques objectifs de votre ministère, à savoir :

* faire du Burkina un pays minier ;

* réviser le code minier pour le rendre plus attractif ;

* sécuriser les investissements miniers en déployant les forces de sécurité dans toutes les sociétés minières, etc.

En outre, vous avez fait une affirmation assez contestable sur l’emploi des ressortissants des villages où sont implantées les sociétés minières. Monsieur le Ministre, par vos actions à la tête de la SONABEL, le monde syndical burkinabè est aujourd’hui unanime à dire que vous êtes dévoué au travail et très ouvert au dialogue. C’est pourquoi, en tant qu’acteurs du secteur minier et aussi en tant que leaders d’opinions, nous nous sommes fait le devoir de réagir aux explications quelque peu superficielles et pas très réalistes que vous avez données sur ces objectifs.

Nous savons, Monsieur le Ministre, que votre prédécesseur a beaucoup travaillé pour que des sociétés minières étrangères investissent dans notre pays et qu’il est impératif pour vous de poursuivre dans cette dynamique. Le président du Faso, en autorisant une telle politique, tient à réaliser l’émergence du Burkina, chose qui ne se limite pas uniquement à un équilibre budgétaire, mais qui doit obligatoirement intégrer le niveau de vie des populations.

Malheureusement, à l’état actuel des choses, les travailleurs des mines et surtout les populations riveraines sont en pleurs. Celles-ci sont démunies de leur principale source de revenus sans aucune forme de dédommagement.

La crise que traversent les sociétés minières est assez illustrative, et doit vous interpeller sur l’impérieuse nécessité de marquer une pause pour voir clair dans les politiques d’exploitation des sociétés que notre pays abrite déjà. Prenons garde de ne pas faire de notre cher Burkina « un pays minier sans retombées significatives ».

Monsieur le Ministre, le déploiement des forces de sécurité dans les localités où sont implantées les mines est un acte salutaire et nous souhaitons que les patrouilles des brigades mobiles soient renforcées pour éviter les cas de braquage tels que celui dont les travailleurs de la mine de Belahourou ont été victimes. Mais nous déplorons le mauvais emploi de nos forces de l’ordre dont un des exemples a été « la présence récente de la gendarmerie nationale sur la mine de TAPARKO ».

Concernant l’emploi des ressortissants des villages où sont implantées les sociétés minières, vous avez affirmé que 20 à 40% des emplois des mines sont occupés par les ressortissants. Nous émettons beaucoup de réserves quant à la véracité de ces chiffres, et le traitement réservé à la majorité de cette catégorie de travailleurs laisse à désirer.

Nous rappelons que lors de votre passage à Taparko dans le cadre de vos tournées dans les différentes sociétés minières, vous n’avez pris contact qu’avec le patronat. Il serait plus indiqué d’écouter les travailleurs et les populations riveraines avant de vous prononcer sur la question, car il est impossible de juger à partir d’un seul son de cloche.

Monsieur le Ministre, nous sommes d’avis avec vous que le code minier burkinabè doit être relu. Il y a belle lurette que les spécialistes et certains hommes politiques s’accordent à dire que l’actuel code est désuet et pas adapté aux réalités du secteur minier. Certes, notre pays veut attirer plus d’investisseurs mais vous ne devez pas faire fi des préoccupations de l’ensemble des acteurs du secteur minier, des syndicats, des hommes politiques et des populations riveraines.

Pour conclure, monsieur le Ministre, nous vous invitons :

* à effectuer des sorties de terrain pour constater par vous-même les conditions de vie des travailleurs et des populations riveraines ;

* à organiser un cadre d’échanges avec tous les acteurs intervenant dans le secteur minier (Patronat, délégués du personnel, syndicats), les autorités locales et les autorités coutumières des localités abritant les mines afin que chaque partie ait droit de parole ;

* à associer tous les acteurs du secteur minier aux travaux d’amendement du nouveau code, s’il y a lieu ;

* à mandater des experts, qui relèveront et corrigeront les insuffisances liées à l’aspect environnemental. Les sociétés minières se doivent par exemple de construire des parcs à résidus miniers pour y déverser certains produits chimiques. Est-ce que tous ces parcs construits respectent les règles de l’art : couverture de géomenbrane entre autres ?

Fait à Taparko, le 16 mai 2011
Le SG de Syntragmih/SOMITA

Honoré Sawadogo

L’Observateur Paalga

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