Actualités :: Gratuité des ARV : "L’ONUSIDA désavoue le ministre de la Santé"

Ce militant du Réseau accès aux médicaments essentiels
(RAME) prend à témoin les propos représentant de l’ONUSIDA
au Burkina, pour dire que les ARV peuvent et doivent être gratuits
au Burkina.

En réponse à un écrit publié par le coordonnateur du Réseau
accès aux médicaments essentiels (RAME), sur la prétendue
ambition du gouvernement à rabattre le coût des ARV à 8 000
FCFA par mois et par malade, le ministre de la Santé burkinabè
avait publié un droit de réponse dans la presse nationale. Le
droit de réponse publié par Monsieur le ministre se prêtait à la
polémique sans rassurer sur le leurre dont le premier ministre
est coupable.

Après avoir tenté de justifier le fait que le gouvernement ait
relevé le coût des ARV du Fonds global contre le Sida de 0 franc
à 8 000 francs, comme affirmé par le coordonnateur du RAME, le
ministre de la Santé conclut : "Nous ne pouvons que nourrir
l’ambition de rabattre les coûts de traitement par les ARV
jusqu’au niveau indiqué par le chef du gouvernement". Peut-on
justifié pourquoi l’on fait une chose et conclure que l’on fait le
contraire ?

Le coordonnateur de notre Réseau , en voulant éviter une
polémique stérile qui n’honore aucune des parties, a sollicité
par voie de presse une émission en direct à la télévision
nationale. A notre connaissance, cette émission n’a toujours
pas eu lieu. Mais en attendant, je souhaite apporter ma
contribution au débat en reprenant simplement ici des
arguments avancés par Monsieur le ministre de la santé qui ont
été désavoués par le Docteur Lamine Sakkho, coordonnateur de
l’ONUSIDA pour le Burkina Faso, dans l’interview qu’il a
accordée au magazine "Votre santé" du mois d’août 2004. Je
retiens principalement deux points.

Le taux de prévalence du VIH/SIDA au Burkina Faso

Le ministre de la Santé écrit : "Je note , par ailleurs, que dans
votre (ndlr : le coordonnateur du RAME) lecture du discours de
monsieur le Premier ministre, vous semblez douter des
statistiques relatives au taux de prévalence de 4,2% enregistré
dans notre pays. Je profite alors de l’occasion pour vous
signifier que ce taux, validé par l’OMS et l’ONUSIDA, a été obtenu
par les techniciens sur les mêmes bases de calcul que partout
ailleurs."

Nous savons que les institutions internationales ne font
souvent que publier les chiffres donnés par les autorités
nationales d’un pays. Elles ne peuvent pas réfuter ces
statistiques, même si elles n’y croient guère.
N’a-t-il pas été le cas au Burkina Faso. Que penser quand le
responsable de l’ONUSDIDA déclare : "On ne peut pas dire
immédiatement que le Sida a reculé de manière notable dans le
pays même si on a des tendances de stabilisation ou de
baisse. Malheureusement, cela ne signifie pas que l’épidémie
n’existe pas ou ne continue pas de se propager. Bien au
contraire.

Les nouvelles infections au Burkina Faso sont à la
hausse. On ne peut pas non plus dire que la mortalité due au
Sida a été réduite." ?
Conclusion : le taux élevé de mortalité du Sida justifierait alors
la baisse du taux de séroprévalence au Burkina Faso, puisque
le taux de nouvelles infections est à la hausse. Le cadre
stratégique de lutte contre le Sida, à défaut d’obtenir des
résultats tangibles dans la prévention de la maladie, a au moins
réussi à réduire le taux de prévalence par son immobilisme
dans la prise en charge des malades qui a occasionné de
nombreux morts. Monsieur le ministre, doit-on alors être fier de
ce chiffre ?

La contribution financière des malades

Le ministre de la Santé écrit : "Cette requête (NDLR : la requête
du Burkina au Fonds global) a été acceptée sur la base d’un
dossier soumis au Fonds et qui prévoit la contribution de
chaque malade bénéficiaire. Ce qui permet de constituer un
fonds de pérennisation afin qu’au terme du programme, les
malades puissent continuer à s’offrir les ARV à moindre coût."

A cela, le coordonnateur de l’ONUSIDA Burkina répond : "L’idéal
pour l’ONUSIDA est la gratuité des médicaments... Nous ne
pouvons pas imposer aux Etats des formules..Nous ne pouvons
pas non plus imposer une quelconque vision. Si un Etat déclare
publiquement un accès universel gratuit de toutes les
personnes dans le besoin aux médicaments, nous ne pouvons
que le soutenir. Tout est question d’organisation pour que les
plus défavorisés aient accès aux ARV et bien entendu d’option
politique."

Conclusion : la gratuité des ARV repose tout simplement sur
une volonté politique des autorités nationales. Le Burkina n’a
aucune contrainte de recouvrement des coûts par rapport à la
requête du Fonds global. Le fonds de pérennisation n’est qu’un
prétexte.

La communauté internationale est prête à soutenir le
Burkina s’il "déclare publiquement un accès universel gratuit de
toutes les personnes dans le besoin aux médicaments".
Monsieur le ministre, je peux croire que vous n’aviez pas
compris cela. Le coordonnateur de l’ONUSIDA au Burkina vient
de lever vos inquiétudes : pas de crainte sur la nécessité de
recouvrement des coûts, la communauté internationale vous a
donné gratuitement les ARV de bonne foi ; pas de souci sur la
pérennité des financements, vous avez le soutien de la
communauté internationale (celle-là même qui a toujours
soutenu le Burkina depuis qu’il est Nation, jusqu’à nos jours).

Alors Monsieur le ministre, à quand la gratuité des ARV ?
J’aimerais vous faire remarquer qu’une persistance de votre part
apparaîtrait très suspecte aux yeux de l’opinion nationale et
internationale. On se posera la question à savoir : pourquoi
tiennent-elles (les autorités) à faire payer les pauvres malades ?
Les fonds qui seront récoltés sont-ils réellement destinés à la
pérennisation du programme qui est déjà assurée par la
communauté internationale ? Alors Monsieur le Ministre, 1er
vice-président du Conseil national de lutte contre le Sida , à
quand la gratuité des ARV, maintenant que vos inquiétudes sont
levées ?

Zassi GORO
Militant RAME

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