Actualités :: Affrontements entre éleveurs et agriculteurs à Manga-Est : Des morts, des (...)

Dans la province du Zoundwéogo, la tension est vive dans les villages de Manga-est, situés dans la commune rurale de Gogo où, depuis le vendredi 3 août 2007, éleveurs peulhs et cultivateurs mossis s’affrontent. Bilan : des morts, des blessés et d’importants dégâts matériels.

Telle une trainée de poudre, la nouvelle a parcouru toute la province. « Les mossi et les peulhs se battent à Manga-est », avons-nous appris dans la soirée du vendredi 3 août 2007 à Manga, chef-lieu de la province du Zoundwéogo. Située à 25 kilomètres de Manga, Manga-est est une zone agropastorale aménagée par le projet Aménagement de la vallée des Volta (AVV) dans les années 1980 et où cohabitent difficilement éleveurs et agriculteurs venus, pour la plupart, du nord du Burkina.

Selon les informations recueillies sur place, tout serait parti d’une bagarre au village V3, dans un champ, entre Boureima Diandé, éleveur, et Issiaka Congo, agriculteur, qui s’est soldée par la mort de ce dernier, tué à coups de machette. Il n’en fallait pas plus pour que ceux de la communauté de la victime crient à la vengeance.

A notre arrivée dans la localité le samedi 4 août 2007 à 8 h, l’on assistait non à une confrontation mais à une véritable chasse à l’homme. Sur le trajet qui conduit au centre du village V1, une vingtaine d’hommes, pour la plupart des jeunes, armés de gourdins, de haches, de machettes et de lances, se concertent et disparaissent dans la brousse. « Nous allons venger Issiaka. Nous ne voulons plus de Peulhs ici », entend-on. Sur le même trajet, nous rencontrons un convoi de 150 à 200 bœufs. « Nous allons les tuer tous », dit un des deux convoyeurs du troupeau. Au marché de Manga-est, la nouvelle est au cœur de toutes les causeries.

Là, des jeunes nous indiquent un endroit où des animaux ont été abattus dans la nuit. Sur place, nous dénombrons 16 moutons égorgés. A quelques pas de là, se trouve la fourrière du village surveillée par deux agents de la gendarmerie de Manga. Dans cette fourrière, la presque totalité des 71 bœufs ont été tués, égorgés ou hachés. C’est là que nous avons rencontré Alou Bahadio, éleveur peulh et propriétaire de bœufs tués. « Je vis ici à Manga-est depuis 11 ans. J’ai deux femmes et cinq enfants. A l’heure où je vous parle, je ne sais pas s’ils sont en vie. Face à la situation, on m’a conseillé de partir. J’ai dû fuir dans la nuit du vendredi sans ma famille pour me rendre à la gendarmerie de Manga », a dit Alou, entre deux sanglots.

Le commandant de la brigade de gendarmerie de Manga, son adjoint et une dizaine d’agents patrouillent dans la zone. Des dizaines de machettes, haches, gourdins, lances et quelques fusils traditionnels ont été saisis. Le maire et le préfet de Gogo, le secrétaire général de la province du Zoundwéogo étaient sur les lieux. Sur notre chemin, deux jeunes nous indiquent le cadavre d’un Peulh vraisemblablement tué dans la nuit et précisent que deux autres cadavres sont dans un autre endroit. Le bilan est de 7 à 10 tués, indique la population de Manga-est. Egalement, des cases et des motos appartenant à des Peulhs ont été incendiées.

Face à la situation qui ne fait que se dégrader, un renfort de la police de Manga et de la gendarmerie de Pô a été demandé et obtenu. Mais, les agents de sécurité et les forces de l’ordre déployés sur le terrain depuis la veille éprouvent d’énormes difficultés à calmer la tension entre les deux communautés. La méconnaissance de la zone et son inaccessibilité du fait de l’hivernage sont autant d’éléments qui entravent la mission de pacification des agents.

Les dernières nouvelles qui nous parviennent sont des plus alarmantes et font état d’un règlement de compte généralisé dans la zone, avec à la clef des morts et des blessés au niveau des deux communautés. La situation est d’autant plus inquiétante que des rumeurs font état de l’achat d’une importante quantité de cartouches de fusils à Manga et qui sont convoyées dans la zone de combats. Bon nombre de Peulhs en fuite ont trouvé refuge à Niaogo dans la province du Boulgou.

Par Steven BAYALA (collaborateur)

Le Pays

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