Dans l’actualité de fin d’année, la tension entre les forces de défense et celles de sécurité a ravi la vedette aux autres sujets habituellement présentés comme étant de premier choix.
La presse s’en est largement fait l’écho et le président du Faso l’a évoquée dans son message de présentation de vœux aux corps constitués de l’Etat ainsi que dans son adresse à la Nation à l’occasion du nouvel an. Ce faisant, les Burkinabè ont pu mesurer la gravité de la situation tant et si bien que le contexte festif du moment n’aura pas réussi à mettre un terme aux différents commentaires et analyses y relatifs.
Ainsi, la gravité des événements et l’acuité du sujet nous interpellent tous et nous invitent à davantage de perspicacité intellectuelle dans la recherche de la véritable signification du problème, laquelle seule peut conduire à sa résolution. Dans le couple « défense -sécurité », la fonction défense est assurée par l’armée et la fonction sécurité par la police.
Historiquement, les questions de défense, c’est-à-dire celles liées à la protection d’un territoire donné contre les menaces extérieures, étaient considérées comme prioritaires par rapport aux questions de sécurité qui sont relatives à la préservation de l’ordre public à l’intérieur du même territoire. La hiérarchisation des missions a naturellement conduit à celle des structures correspondantes ainsi qu’à celle des moyens mis à leur disposition.
Dés lors, toute hiérarchisation ultérieure (nouvelle) desdites missions justifiables et justifiées par le contexte (environnement intérieur ou extérieur du territoire) devrait logiquement entraîner une hiérarchisation correspondante des structures et des moyens. Cette appréciation, facilement compréhensible sur le plan logique, n’est pas aisément acceptable au plan stratégique du fait des nécessaires réformes qu’elle induit au niveau des structures, des méthodes d’action, des moyens etc.
Dans le contexte du Burkina Faso, la situation ne semble pas être parvenue à ce stade ; mais l’existence éphémère de la CRS ou de ce qui en tient lieu (1961-1966), (1985-1987) ainsi que les récents événements où les établissements de la police ont été ciblés, autorisent d’approfondir la réflexion sur le passage éventuel du paradigme politique de la « défense » à celui de la « sécurité ».
En guise d’introduction à cette réflexion, les pistes suivantes peuvent être explorées :
la fusion des missions de défense et de sécurité,
le renforcement des capacités opérationnelles de la police,
la création d’une nouvelle gouvernance qui assure la coordination entre les forces de défense et celles de sécurité.
Un large débat républicain apparaît comme un préalable en vue des nécessaires réformes à envisager. En tout état de cause, si on veut parvenir à des changements consensuels, ce débat est inévitable. Evidemment les questions de défense et de sécurité, de par leur essence, ne peuvent pas être abordées dans la transparence totale ; mais leur importance actuelle commande d’associer d’une manière ou d’une autre le peuple à la réflexion.
C’est à ce prix que les forces de défense et de sécurité sauront bénéficier du soutien populaire qui leur est indispensable pour l’accomplissement de leurs missions républicaines.
Mahama SAWADOGO,
Député
Sidwaya
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