Actualités :: Heurts entre militaires et policiers : Le point de vue du PAREN
Omar Guiguemdé

Le mardi 20 et le mercredi 21 décembre 2006, les paisibles citoyens de la ville de Ouagadougou ont assisté, en grandeur nature, à une situation
de guérilla urbaine entre policiers et militaires.

Les causes primaires font état d’une altercation entre des éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) et un groupe de militaires dont l’un a perdu la vie. Au regard de la langue de bois qui a entouré la résolution de la crise, le PAREN dissèque à travers ce point de vue le mal au nom de son engagement républicain tout en rappelant à la IVe République, son engagement à assurer l’intégrité physique, morale et psychologique du citoyen burkinabè.

Comment en est-t-on arrivé aux heurts entre militaires et policiers ? Des diverses versions à nous parvenues, il ressort que les évènements spectaculaires des 20 et 21 décembre sont le fait d’une bagarre survenue entre policiers et militaires dans la nuit du lundi 19 au mardi 20 décembre 2006. Pendant la querelle, un militaire atteint par une balle de policier perdit la vie.

La suite nous la connaissons avec les expéditions punitives organisées par les militaires, le bilan officiel établi serait de 5 morts et de nombreux dégâts matériels. La version officielle de la situation n’en dit pas plus, sauf qu’elle est avare sur les détails. Quoiqu’il en soit, le PAREN tient à marquer sa profonde désapprobation de tels actes qui mettent à mal la quiétude républicaine. Cette situation, nous l’estimons, est la révélation d’une déliquescence prononcée de l’Etat. Toutes choses par rapport auxquelles nous avons, sans discontinuer, mis les uns et les autres devant leur responsabilité.

Comme on peut le constater, au-delà d’une simple mésentente entre forces de défense et de sécurité, cet événement met à nu une certaine réalité du Burkina Faso démocratique, En effet, après mûre analyse, le peuple a dans sa majorité abouti à la même conclusion. L’ampleur de l’arsenal militaire trahirait-elle les intentions profondes des manifestants ? Par désir d’apaisemen,t sans doute, les tenants du pouvoir ont fait une fois de plus dans la minimisation du problème.

Pourtant, les différentes sorties de nos responsables et la situation d’après-crise laissent planer le doute sur la gravité de la situation En fait, pour Roch Marc Christian Kaboré (deuxième personnalité de l’Etat), les incidents survenus entre policiers et militaires « sont graves et ont constitué une menace pour la pérennité de nos institutions ».

Aussi en appelle-t-il au sens de la responsabilité du gouvernement pour que de tels actes de nature gravissime ne se répètent plus jamais dans notre pays. Quant au ministre des Relations extérieures recevant ses homologues pour préparer les sommets de l’UEMOA et de la CEDEAO, il s’agit là d’une des habituelles « altercations » entre policiers et militaires ayant causé la mort d’un militaire. Les militaires mécontents de la situation, ont décidé de sévir, ce qui a engendré 6 morts selon le ministre dont trois de part et d’autre.

Concernant les premiers responsables des départements impliqués, le silence est total en dehors de deux communiqués laconiques publiés dans la presse pour en appeler au sens de la responsabilité et à l’esprit de confraternité des protagonistes. D’autre part, le gouvernement si prompt à s’expliquer par rapport aux questions d’importance relatives garde toujours le silence.

Le président du Faso lors de sa sortie pendant la traditionnelle présentation des vœux du personnel de la présidence, a stigmatisé le fait d’esprits négatifs qui en voulaient à notre processus démocratique. Comme on peut le constater, la communication des tenants du pouvoir, garants de la continuité de l’Etat, manque de sérénité. Nous restons davantage plongés dans notre doute car les revendications sociales posées par les militaires comme solution de sortie de crise en disent long sur les vrais mobiles de leurs actes.

Aussi, malgré l’apuisement de la situation, toutes les armes qui ont été soutirées des poudrières n’auraient pas été rendues. C’est dire que nous vivons une situation de paix armée qui peut dégénérer à tout moment. Compte tenu de cette ambiance d’insécurité généralisée, le PAREN met le pouvoir devant sa responsabilité qui est de garantir au peuple burkinabè un cadre de vie serein.

Cessons de « jouer » à la démocratie

De prime abord, cette crise révèle au monde, la pseudo-démocratie que connaît notre pays depuis l’entame du processus de 1991 à nos jours. Il est temps de le reconnaître et de travailler à une amélioration de la donne. En réalité. l’armée doit sa qualification de grande muette, au silence qui entoure d’habitude ces manœuvres. C’est l’un de ces principes fondamentaux qui lui confère une certaine efficacité dans l’exercice de ses missions. Quand cette grande muette se met à parler de façon ostentatoire, c’est qu’il y a problème.

Faisons un rapide tour du continent africain et nous verrons que partout où de telles dérives ont été constatées, ce fut un présage à des lendemains troubles. Nous en voulons pour preuve le Congo- Brazzaville, la Centrafrique et la Côte d’Ivoire qui ont connu des conflits dont les signes annonciateurs étaient similaires. En effet, nous sommes dans une sous-région très instable. Le foyer de tension né au Liberia au successivement contaminé la Sierra Leone, la Guinée, et présentement la Côte d’Ivoire.

Une lecture rapide de la situation d’avant-crise de la Côte d’Ivoire nous permet de soutenir que la situation présente est le fait d’un processus évolutif dont le Burkina Faso actuel semble porter des stigmates. Parmi ceux-ci, il faut souligner le développement du grand banditisme et de la corruption. L’exploration de la géopolitique de notre sous région laisse supposer que l’éclosion des foyers de tension opère comme par contagion. On constate partout que les mêmes causes produisent les mêmes effets.

C’est la faillite des modèles de développement suivis par les peuples africains jusqu’aujourd’hui. Ils ont engendré d’un côté, une infime minorité vivant dans l’opulence et qui continue de prospérer sur le dos de la grande majorité qui vit dans une paupérisation en accentuation croissante. Face à une telle donne, l’alternative ne peut qu’être la démocratie véritable, accompagnée par un modèle de développement viable se fondant sur nos valeurs propres comme le soutient le PAREN.

Le cas échéant, le Burkina Faso d’aujourd’hui et plus encore celui de demain, présente le profil d’un Etat en marche résolu vers le chaos. Loin de nous l’idée de jouer les oiseaux de mauvais augure, parce que plus le temps passe, plus nous trouvons confirmés dans notre conviction de la nécessité de changer de cap. Une petite analyse de l’évolution de la méthode de contestation des militaires apporte de l’eau à notre moulin. En rappel, la première contestation publique de l’armée a eu lieu en juillet 1999.

Ce jour-là, il s’agissait pour les anciens combattants du Liberia d’exiger le paiement de leur prime de combat. La manifestation s’est déroulée sans encombre et de manière pacifique. Pas un seul coup de feu n’a été tiré. Nous déplorons avec les événements des 20 et 21 décembre 2006, des échanges de coups de feu entre militaires et paramilitaires et des coups de feu en l’air.

Comme le dit l’adage, jamais un sans deux et nous ajouterons jamais deux sans trois. Si rien n’est fait pour parer à une troisième sortie, il faut craindre pour la suite.
En effet, depuis la mise sur les rails du train de la démocratie burkinabè, le PAREN, à travers son président fondateur n’a cessé d’interpeller les différents acteurs sur leur responsabilité vis-à-vis du peuple burkinabè.

Nous avons en mémoire une de ces boutades devenues célèbre : « Si vous refusez de m’écouter, vous aurez certes un doux sommeil mais un mauvais réveil ». Les mots du président fondateur à l’époque étaient jugés trop durs, mais il avait choisi de dire la vérité quitte à blesser certaines personnes, l’objectif étant de produire un changement qualitatif.

Mais, si la masse prêtait attention à ses paroles peut-être, il n’en était pas de même pour les politiciens. Pour ces derniers, que des paroles d’un intellectuel alarmiste, animé un désir de changer les choses, le professeur Laurent Bado acceptera de s’engager dans l’armée politique sur requête de ses frères, une vocation pour laquelle il n’était pas prédestiné.

C’est ainsi que les ennemis de la démocratie vraie profiteront pour lui asséner des coups de pied de toute part, Sinon, comment comprendre que dans une Assemblée qui se veut démocratique, l’on puisse proposer 9 projets de lois en 18 mois sans même qu’une seule ne soit examinée ? Comment peut-on promouvoir la démocratie en refusant de cultiver ses valeurs ?

De même qu’il est difficile, voire inconcevable de composer une belle mélodie avec un monologue, il en est de même du jugement de la beauté d’un tapis monocolore ? La beauté du monde ne se trouve-t-elle pas dans l’harmonie des différences ?

Pour une démocratie exempte des coups de feu

Encore une fois de plus, de la résolution de la présente crise, dépendra l’avenir de notre processus démocratique. La recherche des solutions à cette crise devra se départir des méthodes arbitraires propres aux systèmes d’exception.

De son côté, le PAREN estime qu’il n’existe pas de voies plus probantes vers une sortie définitive de la spirale de crises en dehors de nos valeurs africaines intrinsèques. Regardons un peu derrière nous et nous verrons que l’Afrique traditionnelle n’a jamais cautionné l’injustice, la corruption et l’exclusion comme système de gestion des hommes.

La solidarité et la promotion des valeurs humaines ont constitué des socles sur lesquels se sont bâties nos sociétés d’antan. Valeurs qui leur ont permis de transcender toutes les intempéries au cours de l’histoire.

Fort d’un programme politique constructif, le PAREN invite le peuple burkinabè à se l’approprier et à œuvrer pour l’avènement d’une République sans coups de feu Si vous refusez de nous écouter, une fois de plus, « nous aurons certes un doux sommeil mais un réveil pénible ».

Le Président,
Omar DJIGUIMDE

Sidwaya

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