L’ONG « Supprimons la marge (Suplamar) », dirigée par Yenoudié Roxane Rebecca Lankoandé, a offert douze cabines de toilettes au lycée départemental de Thyou, situé dans la province du Boulkiemdé, région du Centre-Ouest. La cérémonie d’inauguration de ces infrastructures a eu lieu ce vendredi 3 mai 2024 à Thyou, en présence des autorités communales, du personnel enseignant et des autorités provinciales en charge de l’éducation.
Au Burkina Faso, dans plusieurs établissements scolaires, le manque de toilettes constitue un véritable problème pour certains élèvent, notamment les jeunes filles. Le manque d’infrastructures adéquates et la mauvaise gestion de l’hygiène, notamment en période menstruelle, peuvent malheureusement entraver le droit à l’éducation chez les filles.
- Vue générale des toilettes.
En effet, selon Suplamar, les jeunes filles ont moins de chance d’aller à l’école lorsque des toilettes propres et sûres ne sont pas disponibles surtout en période menstruelle. Cela crée un fossé entre les garçons et filles en matière d’accès à l’éducation. Pendant leurs menstrues, les filles doivent avoir accès aux protections et disposer d’endroits adéquats afin de se changer et préserver leur intimité.
C’est fort de ce constat, et dans le but de soulager ces jeunes filles, que l’ONG « Supprimons la marge (Suplamar) » a jugé impératif de mettre en œuvre le projet « Regard sur l’intimité », pour aider à la construction de toilettes adéquates et adaptées dans les établissements d’enseignement.
- Remise officielle des clés des toilettes après la coupure du ruban.
Dans ce sens, elle a offert douze cabines de toilettes au lycée départemental de Thyou, situé dans la province du Boulkiemdé, région du Centre-Ouest. Ces toilettes construites sur deux sites, en raison de six cabines par site, ont été réalisées dans le cadre du projet « Regard sur l’intimité ».
Un projet mis en œuvre en partenariat avec l’ambassade de la République fédérale d’Allemagne au Burkina Faso, et en collaboration avec le ministère en charge de l’Éducation nationale. Sur chaque site, une cabine est réservée au personnel féminin du lycée. Le coût de réalisation du projet s’élève à 20 millions FCFA.
- Yenoudié Roxane Rebecca Lankoandé, présidente de Suplamar, est repartie avec des présents offerts par les bénéficiaires.
Ce projet, dont la mise en œuvre a duré moins de cinq mois, va permettre de placer les élèves et le personnel féminin dans des conditions optimales pour exercer leurs droits à l’hygiène, à la santé et à l’éducation. Ces toilettes modernes de douze cabines comprennent une salle d’eau, des lave-mains et des vestiaires. Elles sont adaptées à la gestion de l’hygiène menstruelle des filles.
Les personnes à mobilité réduite sont également prises en compte dans la construction de ces toilettes. Il s’agit de contribuer à impacter de façon positive le rendement scolaire des jeunes filles qui ne manqueront plus les cours du fait du manque d’endroits hygiéniques pour la gestion de leurs menstrues.
Pour Yenoudié Roxane Rebecca Lankoandé, fondatrice et présidente de l’ONG Suplamar, le projet « Regard sur l’intimité » est une suite logique de deux précédentes initiatives à savoir « Changeons les règles à l’école » et « Immersion scolaire dans les droits humains ». Yenoudié Roxane Rebecca Lankoandé a indiqué que le projet actuellement mis en œuvre a été mis sur pied en raison de la forte demande des établissements scolaires.
- Yenoudié Roxane Rebecca Lankoandé, à travers son organisation « Suplamar », veut agir pour l’égalité des droits et des chances.
« Nous sommes approchés très souvent par des élèves ainsi que les administrations pour des problèmes de toilettes. Donc, il y a un manque criard d’infrastructures, surtout pour les filles, pour la gestion de leur hygiène menstruelle ; et cela complique les choses pour elles, parce que beaucoup d’entre elles manquent les cours cinq jours dans le mois parce qu’à l’école, elles ne peuvent pas s’en sortir, il y a un manque d’intimité, de sécurité. Avec ces toilettes, elles pourront désormais se sentir à l’aise et en confiance à l’école, elles pourront se changer, prendre une douche et même rester à midi pour les cours du soir », explique-t-elle.
- Les participants à cette cérémonie d’inauguration.
Cette cérémonie de réception marque également la fin de la phase de Thyou, premier établissement bénéficiaire de ce projet. Mais pour la présidente de Suplamar, pour l’année 2024, il y aura d’autres bénéficiaires dans d’autres établissements scolaires du pays.
Du côté des bénéficiaires c’est la joie, des remerciements et des bénédictions en abondance. Magloire Nonguierma est le proviseur du lycée.
- Magloire Nonguierma, proviseur du lycée départemental de Thyou.
Pour lui, ces toilettes constituent un soulagement pour les élèves filles et permettront d’améliorer leurs performances scolaires. « Cette infrastructure que nous avons réceptionnée ce matin va considérablement améliorer les résultats et surtout permettre aux filles de rester à midi à l’école et de prendre leur bain en période menstruelle. C’est ce qui nous intéresse et nous plaît. Avec cette infrastructure, les résultats des filles vont s’améliorer. C’est une joie immense qui m’anime aujourd’hui. Je dis merci énormément à l’association Suplamar et à sa présidente d’avoir pensé à nous. Nous lui témoignons toute notre reconnaissance et plein succès à l’association », a-t-il confié.
« Au nom des élèves du lycée départemental de Thyou, nous traduisons notre gratitude et nos sincères remerciements à l’organisation Suplamar et à sa présidente pour ce grand joyau. Ces toilettes vont beaucoup nous soulager et nous permettront à nous, les filles, de mieux nous occuper de notre hygiène menstruelle. On était obligées de renter à la maison pour nos besoins, surtout en période menstruelle. C’était vraiment compliqué, mais maintenant c’est un soulagement. Nous nous engageons à mieux prendre soin de ces toilettes tous les jours », a ajouté Dorcas Nabi, porte-parole des élèves bénéficiaires.
- Dorcas Nabi, porte-parole des élèves.
Les autorités administratives ont également salué la construction de ces toilettes modernes au profit des élèves. Tout en félicitant Suplamar et ses partenaires pour les efforts déjà consentis, Zoumana Kassamba, directeur provincial des enseignements post-primaire et secondaire, les a invités à étendre leur zone d’intervention.
« Ces infrastructures viennent renforcer nos besoins en matière de toilettes, notamment la gestion des menstrues des filles dans nos établissements. Elles permettront donc aux élèves filles et au personnel féminin de mieux gérer leurs menstrues. Je voudrais dire déjà merci à Suplamar et ses partenaires pour ce qu’ils ont pu faire. Nous souhaitons que cela ne se limite pas à ça, au lycée département de Thyou ; il y a d’autres établissements scolaires qui n’en ont même pas du tout. Nous prions Dieu que Suplamar et ses partenaires puissent avoir des ressources suffisantes afin d’étendre leur zone d’intervention dans le Boulkiemdé et même dans le pays », a-t-il déclaré.
Issa Boni est le secrétaire général de la mairie de Thyou et représentant le président de la délégation spéciale de la commune à cette cérémonie. Tout comme les autres intervenants, il a salué la mise en œuvre de ce projet qui, selon lui, vient répondre à un besoin crucial qu’est la gestion de l’hygiène menstruelle en milieu scolaire. « La réalisation de ce projet intervient comme une réponse à la précarité menstruelle en milieu scolaire. Permettez-moi d’exprimer ma profonde gratitude à l’organisation Suplamar et ses partenaires pour les efforts continus malgré le contexte difficile, pour permettre la réalisation de cet ouvrage qui va soulager le personnel féminin et les élèves filles du lycée départemental de Thyou », soutient-il.
- Issa Boni (gauche), secrétaire général de la mairie de Thyou, représentant le PDS ; et Zoumana Kassamba (droite), directeur provincial des enseignements post-primaire et secondaire.
Pour rappel, « Supprimons la marge (Suplamar) » est une organisation à but non-lucratif immatriculée depuis 2018. Elle œuvre principalement dans l’éducation de la jeune fille et la réinsertion des personnes marginalisées.
Mamadou ZONGO
Lefaso.net
