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" Pauvre panafricanisme, pauvre anti-impérialisme !" Une tribune de Kwesi Debrsèoyir Christophe DABIRE

20 novembre 2023, 23:31, par SOME

Après mon intervention sur le lien entre la forme et le fond de l’écrit de Dabire et les tares de sa démarche, je reviens pour aborder très rapidement mon interprétation de cet écrit.

C’est le 2e écrit de Debrseyir Christophe Dabire et il s’enhardit pour se poser de plus en plus ouvertement non seulement comme un anti-Traore, un anti-transition mais encore comme un anti africaniste ou un anti africain tout court. Une telle prise de position va totalement à l’opposé de la stature qu il ambitionne de prendre. Malheureusement il ne peut y parvenir à ses fins par manque de moyens, tant intellectuels que moraux. Et cela j’ose l’affirmer et l’assumer.

Se prétendre philosophe ou ambitionner de se poser comme tel, et prendre des positions comme la sienne, le disqualifie ipso facto d’une telle ambition. Non mon frère Dabire, tu n’es pas un intellectuel mais un diplômé qui utilise malhonnêtement son savoir intellectuel (et non pas la Connaissance) pour écraser sous sa botte son frère ou soeur peu intellectuellement outillés. Voilà le cancer de ce que l’on désignait au temps de la révolution avec le néologisme la maladie de la « diplomite ». Cette épidémie fait des ravages au sein de nos alphabétisés au Burkina et par delà en Afrique. Voyons comment au Burkina Faso nous adorons arborer les titres ronflants et tonitruants (doctor/docteur, professor/professeur, PhD, seul maître en sa spécialité etc) et les décorations déjà sales avant d’être même accrochées au poitrail.

Si Thomas sankara a été éliminé (et la révolution avec), c’est d’abord l’œuvre de ces soi disants intellectuels petit bourgeois lassés de chanter la révolution sans voir arriver les caisses de champagne qui mouilleraient leurs gosiers secs.
La trahison d’une fraction de « l’élite » a été totale, entraînant et discréditant presque toute l’élite. Aujourd’hui dans cette guerre qu’on impose aux africains, l’impérialisme s’est résolu à recourir à ses vieilles ficelles : la corruption des têtes, tant il est vrai que le poisson commence toujours à pourrir par la tête. Ceci est particulièrement criard dans le système français.
Les deux écrits de Debrseyir Christophe Dabire (https://lefaso.net/spip.php?article123913, https://lefaso.net/spip.php?article125819), et celle (plus étonnante à mon avis) de Didier Ouedraogo (https://lefaso.net/spip.php?article125068) nous disent la profondeur du mal qui nous ronge. Je constate que tous deux sont philosophes de formation et exercent le métier d’enseignant. Certains ajouteront …en France ! Ceci expliquerait cela. Une telle interprétation n’est point à exclure.

Quoi qu’il en soit, leurs écrits les disqualifient du titre de philosophe et d’intellectuel, non parce qu’ils critiquent mais par leurs démarches de critique. Didier ouedraogo a certes tenté la quadrature du cercle pour tenter de garder sa position philosophique aux antipodes de son écrit, à la manière d’un Galilée plutôt que d’un Socrate. Si l’on comprend un Galilée qui a en mémoire le sort d’un Socrate et, plus fraîchement encore, celui d’un Giordano Bruno, on ne comprend pas un Didier ouedraogo aujourd’hui. Certains invoqueront un certain réalisme face au monde. Mais réalisme n’est pas compromission et reniement de son être profond.

Cette guerre est qualifiée d’asymétrique non pas seulement dans la tactique mais aussi et surtout dans les artefacts de guerre. Ce n’est pas si nouveau que ça car Hun Tzeu, 6 siècles avant JC, en faisait déjà le fondement même dans l’art de la guerre. Aujourd’hui il s’est fait tout simplement un déplacement dans l’utilisation de ces artefacts.

Devant l’échec de la guerre avec les armes classiques, l’ennemi s’est vu obligé de recourir à la guerre des intelligences, aidés en cela par le développement du nouvel ordre mondial de l’information, auquel ordre Ahmadou Matar Mbow, alors directeur général de l’UNESCO dans les années 80, avait cherché à positionner équitablement les pays sous développés. Malheureusement ce furent les africains eux mêmes qui le firent échouer. Nul étonnement que, aujourd’hui, on retrouve encore l’élite africaine aux avant-postes pour lutter contre leurs propres peuples, à user de concepts à-priori et de sophistique.

Au Burkina Faso l’impérialisme a d’abord utilisé les politiciens professionnels car il ne prédisait pas longue vie à Traoré et à sa transition. Mais de plus en plus paniqué devant l’enracinement populaire et panafricaine de la transition grâce aux réseaux sociaux et à la maturité de la conscience politique du peuple, l’impérialisme occidental représenté par la France regarda les choses de plus près et changea de tactique. Non plus envoyer seulement des hordes de gueux qu il qualifie de djihadistes (c’est l’air du temps), cette lumpen prolétariat qu il a fabriquée et qui ne vend que son muscle et sa chair à canon, mais maintenant d’autres gueux d’une nouvelle époque : la justice pourrie, les OSC vendues, les syndicalistes collabos, les journalistes hypocrites, les trolls, etc... et ceux que l’on qualifie pompeusement d’« influenceurs ».

Quelle inversion des valeurs !!! Non plus transmettre la Connaissance mais influencer, manipuler, intoxiquer. Cette tactique rappelle celle utilisée pour abattre Thomas sankara : non plus les tracts ronéotypés mais internet et les réseaux sociaux. Non plus construire l’Homme, mais détruire l’Homme. Ironie du sort : utiliser la philosophie pour ce faire. Misère de la philosophie pour instaurer la philosophie de la misère. Où est le philosophe, où est la philosophie ?
SOME

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