Ouagadougou : La gendarmerie démantèle des pirates de réseaux de téléphonie mobile
LEFASO.NET

La Brigade de recherche de la gendarmerie de Ouagadougou a démantelé un groupe de pirates des réseaux de téléphonie mobile Orange Burkina et Telmob. Ces présumés pirates faisaient subir à chacune des compagnies de téléphonie mobile, une perte de 2 milliards 400 millions de F CFA par mois. Le matériel saisi au domicile du cerveau du réseau, composé d’un boîtier « Sim box », 127 cartes SIM, deux machines servant à la captation des réseaux de téléphonie, six modems de connexion, deux lots d’antennes fouets, deux batteries, sept fils de connexion et un onduleur, a été présenté à la presse ce mercredi 26 août 2020 à Ouagadougou, au camp Paspanga de la Gendarmerie.
Suite à des plaintes des directeurs généraux des réseaux de téléphonies mobiles Orange et Telmob contre de présumés fraudeurs sur leurs réseaux, la Brigade de recherche de la gendarmerie de Ouagadougou a ouvert une enquête. Les enquêtes ont conduit les pandores au quartier Dapoya, dans un kiosque Orange Money, là où la plupart des transferts d’unités s’effectuaient. Interpellé et conduit à la brigade, le gérant du kiosque a déclaré ignorer l’identité de son client. Mais il avoue aux gendarmes que son client fait des provisions de 200 000 à 300 000 F CFA par jour dans son kiosque.

Avec cette information, les gendarmes ont pu interpeller le suspect, de nationalité étrangère, lorsqu’il est revenu pour s’approvisionner. Une perquisition à son domicile sis au quartier Hamdalaye a permis de trouver le dispositif de piratage des réseaux.
Ce matériel est composé d’un boîtier « Sim box » de 127 cartes SIM, deux machines servant à la captation des différents réseaux de téléphonie, six modems de connexion, deux lots d’antennes fouets, deux batteries, sept fils de connexion et un onduleur. « Ce qui motive ces pirates est la raison financière. Si par exemple, le réseau Telmob avait 1 000 mille par minute qui allaient écouler sur cette voie légale et faire l’affaire du réseau par le reversement du réseau à l’étranger, la maison n’aurait pas de devise au plan international parce que le trafic a été transporté par une voie illégale. Ce qui contribue à des pertes en chiffres d’affaires. Et d’un point de vue sécuritaire, c’est un appel qu’on ne peut pas retracer », a déclaré la représentante de Telmob, Sabine Raïssa Roamba.

Cet équipement, selon l’auteur des faits, a été obtenu grâce à son patron qui est aussi de nationalité étrangère, résidant hors du Burkina et qui serait venu courant septembre 2019. Avec cet équipement, il arrivait à contourner le trafic international entrant vers les réseaux Orange Burkina et Telmob. Ainsi, via internet, le trafic est capté au Burkina Faso et dirigé vers le boîtier contenant les 127 cartes Sim Orange et Telmob. Et ce boîtier se comporte comme plusieurs téléphones qui émettent des appels nationaux (trafic local). Ainsi, le trafic international capté est rediffusé sous forme de trafic local au niveau des deux réseaux de téléphonie. Et le destinataire de l’appel international reçoit ainsi son appel avec un numéro d’appelant local.

Ce qui veut dire qu’il perd du coup le numéro d’origine de l’appelant étranger. « Cette pratique est très dangereuse. Si par exemple celui qui a appelé de l’extérieur est une personne de mauvaise foi, on va chercher à découvrir la personne mais on ne pourra pas. Car c’est comme si c’est un appel national ; pourtant c’est un appel international », a souligné le commandant de la Brigade de recherche, l’adjudant-chef major Abdoulaye Sawadogo.

Par exemple, un correspondant X résidant en France appelle Y, utilisant le réseau Orange au Burkina Faso. L’appel de X sera capté par le fraudeur à travers son boîtier « Sim box » installé au Burkina, avant d’être renvoyé vers le correspondant burkinabè sous forme d’appel local d’un numéro orange vers le numéro de l’abonné Y. Le correspondant burkinabè voit s’afficher un numéro Orange sur son téléphone alors qu’il s’agit d’un appel international entrant de la France qui devrait avoir un format +33 suivi de neuf autres chiffres. Ce préjudice subi par les réseaux de téléphonies mobiles dû à cette fraude est énorme et est évalué par les responsables de ces structures à entre 70 et 80 millions de F CFA par jour et par réseau de téléphonie ; ce qui représente une perte mensuelle de 2 milliards 400 millions de F CFA par réseau.

Pour mener son activité illégale en toute discrétion, le présumé auteur rechargeait par jour plus de 300 000 F CFA d’unités. Quant aux cartes Sim, elles sont introduites dans les Sim Box munies chacune d’au moins 500 000 F CFA d’unités.
Profitant de cette rencontre avec la presse, la gendarmerie a invité les populations, en particulier les gérants de points de dépôts et de transfert d’argent, à plus de vigilance et à dénoncer tout cas suspect. Et pour le faire, il suffit d’appeler le Centre national de veille au 10 10, la Gendarmerie au 16 et la Police nationale au numéro 17.
Issoufou Ouédraogo
Lefaso.net