Lutte contre l’excision : La participation de la jeunesse au cœur de la 20e journée nationale
LEFASO.NET
Le Burkina Faso a célébré conjointement, en différé, ce mardi 30 juin 2020, la 20e journée nationale de lutte contre la pratique de l’excision et la 17e journée internationale de la tolérance zéro aux mutilations génitales féminines. Placée sous le patronage du chef de l’Etat, représenté par le Premier ministre, Christophe Dabiré, la cérémonie s’est tenue sous le thème « 30 ans de lutte contre la pratique de l’excision au Burkina Faso, quelles perspectives avec la nouvelle génération ».
Le saviez-vous ? En 2020, 4,1 millions de filles dans le monde risquent de subir des mutilations génitales féminines. Aussi les 30 pays où le fléau est le plus répandu, ont une population très jeune, dont au moins 30% sont des jeunes filles de moins de 15 ans. Ces données des Nations unis montrent à souhait l’importance de libérer le pouvoir de la jeunesse afin qu’elle prenne la relève dans la lutte contre les mutilations génitales féminines. S’inscrivant dans cette vision, le Burkina Faso a choisi de célébrer, en différé, la 20e journée la journée nationale de lutte contre la pratique de l’excision sous le thème « 30 ans de lutte contre la pratique de l’excision au Burkina Faso, quelles perspectives avec la nouvelle génération ». Cette journée a été célébrée conjointement avec la 17e journée internationale de la tolérance zéro aux mutilations génitales féminines, instituée pour chaque 6 février.
« La victoire n’est pas encore acquise »
Dans son discours lu par le Premier ministre Christophe Dabiré, le président du Faso, Roch Kaboré, champion de l’Union africaine pour la promotion de l’élimination des MGF en Afrique, a indiqué que les mutilations génitales féminines « sont le reflet d’une inégalité profonde entre les sexes et constituent une forme extrême de discrimination à l’égard des femmes ». Même si le Burkina Faso dispose d’une expérience de trois décennies de lutte, le président du Faso a indiqué que « la victoire n’est pas encore acquise ». Il dit tout de même apprécier le changement de paradigme opéré et qui vise « à transmettre le flambeau de ce combat noble à la nouvelle génération ».
Principaux acquis engrangés en 30 ans de lutte
Mais avant de passer le témoin à la jeune génération, la ministre en charge de la femme a cité quelques acquis engrangés durant ces 30 dernières années. Il s’agit entre autres de la création en 1990 d’un organe multi-acteurs d’orientation et de décision, l’introduction de modules sur les MGF dans les curricula de formation au primaire, au post primaire, au secondaire et dans les établissements de formation professionnelle, la formation de plus de 2 500 agents de santé sur les MGF et en techniques de réparation de complications et séquelles de l’excision dans les 45 provinces, l’adoption de la loi n°025-2018/an du 31 mai 2018 portant code pénal qui renforce la répression de la pratique à travers des dispositions spécifiques et la formation d’acteurs de la chaine judiciaire.
« Il faut intensifier la lutte »
La représentante de la représentante-résidente de l’UNFPA a embouché la même trompette en félicitant les devanciers. Car grâce à leurs efforts, « l’excision n’est plus un tabou. Neuf Burkinabè sur dix pensent que c’est une pratique dégradante qui doit être abandonnée », a-t-elle indiqué. Elle a rappelé que 3 090 villages ont fait des déclarations solennelles d’abandon de l’excision et s’est réjoui de la baisse du taux de prévalence qui est passé de 13,3% à 11,3% pour les filles de 0-14 ans et de 75,8% à 67,6% pour les femmes âgées de 15 à 49 ans en 2015.
Malgré des motifs de satisfaction dans cette lutte, les partenaires techniques et financiers sont unanimes que la lutte doit se poursuivre et s’intensifier au regard de la baisse de l’âge à l’excision, de la clandestinité, la mobilité des exciseuses et exciseurs à l’intérieur ou à l’extérieur du pays.
Le mérite des devanciers salué
Cette journée a été une occasion pour les autorités de reconnaitre et saluer l’engagement des différentes catégories d’acteurs engagés depuis 1990 telles que les associations et ONG, les partenaires techniques et financiers, les autorités coutumières et religieuses et des personnalités telles que le Dr Michel Akotionga, spécialiste de la reconstruction vulvaire et Mariam Lamizana, ancienne ministre de l’action sociale. A en croire Laurence Ilboudo/Marchal, leurs sacrifices ont permis au Burkina de devenir aujourd’hui leader dans la promotion de l’élimination des MGF sur le plan régional.
L’engagement du président du Faso
Le flambeau doit être entretenu et le président du Faso a exhorté les jeunes à plus de mobilisation et d’action. « Avec vous, la victoire est possible », a-t-il lancé avant de prendre l’engagement à plaider auprès de ses pairs pour la mobilisation « conséquente des ressources nécessaires » pour parvenir à l’élimination des MGF à l’horizon 2030.
En rappel, Naaba Kiba, roi du Yatenga et l’Emir du Liptako ont été fait Ambassadeurs pour la promotion de l’abandon des mutilations génitales féminines au Burkina Faso.
HFB
Lefaso.net