Droit au logement et crise foncière : Une coalition dénonce le mutisme coupable des autorités politiques et administratives
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Une fois de plus, la Coalition des associations pour la défense du droit au logement (CADDL) est montée au créneau. A travers une conférence de presse tenue ce 18 juin 2020, elle a, une fois de plus, dénoncé l’accaparement des terres par les sociétés immobilières, avec la complicité de l’autorité. Toute chose qui prive les citoyens « du pays réel » de la chance de disposer d’un logement, quand ils ne sont pas déguerpis de leurs lieux d’habitation.
Depuis 2018, la Coalition des associations pour la défense du droit au logement (CADDL) donne régulièrement de la voix. En effet, le 5 avril 2018, la coalition avait battu le pavé en direction du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme. Elle entendait dénoncer la spéculation foncière et l’attitude des sociétés immobilières, qui s’accaparent de toutes les terres, avec la complicité de l’autorité.
« Nous n’irons pas nous loger au ciel, ni sur des arbres, ni sous terre. Nous avons droit à des logements décents chez nous, nous avons droit à nos parcelles qui ont été volées », avaient scandé les manifestants. Le ministre en charge de l’Habitat avait promis de se pencher sur cette épineuse question. Mais les lignes n’ont véritablement pas bougé.
Si fait que le 16 mai 2019 encore, la coalition était dans les rues, cette fois en direction du Premier ministère. Elle avait à l’occasion, remis une plateforme. Un an et un mois après la transmission de cette plateforme revendicative pour réclamer « l’apurement du lourd contentieux lié au lotissement sauvage de la IV République, mené sous l’égide des maires, notamment à Ouagadougou sous l’égide du maire Simon Compaoré », les choses ne vont pas mieux, ont dit les conférenciers. Ils ont indexé, à l’occasion, la posture de fuite en avant adoptée par le ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, Dieudonné Maurice Bonanet.
« Le pouvoir MPP et alliés a préféré poursuivre dans les manœuvres politiciennes et démagogiques, empilant les commissions ad hoc bidons dont les travaux sont dans l’impasse depuis un an. En lieu et place des audits sérieux réclamés à cor et à cri par les populations qui attendent que les parcelles détournées et volées par les maires, conseillers et autres individus peu scrupuleux soient retirées et remises aux résidents qui y ont légitiment droit, le travail de ces commissions a consisté, pour l’essentiel, à faire le point des réserves foncières dans la ville », a regretté le secrétaire général de la coalition, Pama Nebié.
Les membres de la coalition, qui ont l’impression de prêcher dans le désert, ont ainsi dénoncé le mutisme coupable des autorités politiques et administratives du pays face à la crise foncière et du logement. Pendant ce temps, ils révèlent que les actions de spoliation, d’accaparement des terres et leur déguerpissement continuent.
Pis, Pama Nebié a confié que les membres de la coalition, ainsi que certains habitants des zones loties à problème et ceux des zones non-loties subissent des tracasseries juridico-policières. « Les multiples convocations à la police et à la gendarmerie, ces derniers temps, d’habitants de Yamtenga, Dayongo, Balkui, Zongo, Nagboudin, Nagrin et Yagma », visent, selon les conférenciers, à briser l’élan de lutte.
En tout cas, le secrétaire général et les membres de la coalition sont convaincus que la question du logement à Ouagadougou est devenue une bombe politique et sociale. « La bombe sociale dans le domaine du foncier et du droit au logement, amplifiée par la gestion du pouvoir MPP et alliés, et les autres bombes créées sur les plans de la sécurité, des libertés publiques, de la vie chère, exploseront nécessairement et emporteront exploiteurs et oppresseurs des masses », se convainquent-ils.
Les conférenciers ont invité leurs membres et sympathisants à resserrer les rangs et à renforcer leurs organisations. Par ailleurs, ils devraient également « se tenir prêts pour répondre à des actions de lutte concrètes ».
Tiga Cheick Sawadogo
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